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Quand la violence est dirigée vers un ennemi extérieur, la soumission au chef la rend plus efficace.
Boris Cyrulnik
Retrouver les indices de son passé, c'est recoller les morceaux du moi brisé.
Quand le réel nous désespère, la rêverie constitue un facteur de protection.
Les idées qui triomphent dans une culture ne sont pas forcément les meilleures, ce sont celles qui on été les mieux défendues par un appareil didactique.
Si nous devions traiter toutes les informations, rien de prendrait forme, nous serions confus. Pour avoir des idées claires, nous devons oublier.
Il n'est pas nécessaire de comprendre pour être opérationnel : je suis vivant, je le sais. Je suis parfaitement incapable de dire comment je fais pour vivre, et pourtant je ne cesse de vivre. Et l'on peut devenir profond en restant superficiel.
Maintenant que le génome est à peu près décrypté, on découvre avec étonnement que les hommes ont pratiquement le même génome que les vers de terre ; les vers de terre sont vexés !
La pensée paresseuse, c'est la récitation. Si vous voulez être bien, si vous voulez dormir, si vous voulez être tranquille... récitez. Si vous voulez penser, là, vous aurez des insomnies. La pensée paresseuse, c'est la certitude.
Peut-être avons nous perdu dans nos relations avec les enfants quelque chose de fondamental, sans savoir quoi au juste.
Le plus sûr moyen de calmer l'angoisse induite par une sensation de manque consiste à remplir le vide avec des représentations ayant pour but de transposer cette souffrance.
La rage de comprendre se transforme en plaisir d'explorer, la nécessité de fouiller l'enfer pour y trouver un coin de paradis se mue en aptitude à rencontrer des insuffleurs d'âmes.
Seuls les mythes composent des récits déterministes. Dans le réel chaque rencontre est une bifurcation possible.
Nous passons notre vie à nous tricoter.
On n'éprouve la honte que si l'on souhaite préserver son amour-propre sous le regard de ceux auxquels on donne le pouvoir de nous rabaisser.
Le pouvoir de la vie est si puissant que, tel un énorme torrent, il repart sous d'autres formes après un fracas.
Le passé devient cohérent grâce à nos oublis et à nos remaniements affectifs.
Empêcher le récit d'un âgé, c'est interdire la seule action qui lui reste, c'est l'empêcher de prendre sa place, c'est l'exclure, l'isoler affectivement et socialement, le rendre confus, désorienté dans un monde dépourvu de sens et de sensorialité.
Le miracle, quand on le taquine, il répond, il existe.
Qu'elle soit collective ou individuelle, la mémoire est intentionnelle : elle va chercher dans le passé les faits qui donnent forme à ce qu'on éprouve au présent.
Quelle que soit sa culture, un enfant a besoin d'une nourriture affective pour exprimer son patrimoine génétique.
Eduquer, c'est conduire hors de soi.
La mémoire de soi est fortement liée aux cadres sociaux. Les histoires qu'on raconte dépendent de notre position sociale et des récits de la culture qui nous entoure.
Il faut comprendre que le pessimisme ou l'optimisme n'ont rien à voir avec la réalité. Ils sont fonction de la représentation que l'on se fait du réel.
Les rapports hommes-animaux domestiques dans la société contemporaine portent les germes d'une double dérive : de surprotection et de survalorisation, touchant à la zoolâtrie, des animaux de compagnie.
La fonction sociale des vieux, c'est peut-être de fabriquer du récit.
Les terroristes impliqués dans les attentats de New York avaient été des enfants bien élevés, bien développés, diplômés, mais n'avaient pas appris qu'il existe d'autres manières d'être humain que la leur.
Le trauma fracasse, c'est sa définition. Et la résilience qui permet de se remettre à vivre associe la souffrance avec le plaisir de triompher. Curieux couple !
L'Amour est une surprise qui nous arrache à l'insipide, l'attachement est un lien qui se tisse au quotidien.
Si la souffrance contraint à la créativité, cela ne signifie pas qu'il faille être contraint à la souffrance pour devenir créatif.
On ne sait voir que ce que l'on a appris à voir.
Se développer en étant prisonnier du désir de ses parents, c'est une autre forme de carence affective.
Un savoir non partagé humilie ceux qui n'y ont pas accès.
Grâce à la technologie des armes et des transports, le XXème siècle a découvert une barbarie que ni l'Antiquité ni le Moyen Âge n'avait connue, la guerre contre les enfants.
Tout enfant, qu'elle que soit son milieu, apprend sa langue maternelle en dix mois : trois mille mots, plus les règles de grammaire, plus l'accent. Essayer de renouveler ça, sans école ni livres, en dix mois ! C'est d'une intensité inimaginable.
Tout créateur sort de la norme. Toute innovation est anormale.
La nourriture est beaucoup plus chargée en symboles qu'en glucides, lipides et protides. On mange plus de symboles que de chimie.
Les mères trop dévouées le sont presque toujours à cause de leur propre histoire : "je veux être une mère parfaite, tant j'ai peur de répéter ma mère qui m'a tant fait souffrir".
L'expérience vécue, la connaissance intellectuelle, marquent leur empreinte sur notre appareil à percevoir le monde, au point d'en bouleverser le monde perçu. Notre représentation intellectuelle du monde peut nous gouverner jusqu'à nous rendre aveugles à tout ce qui n'est pas compris dans cette représentation.
La poésie est désuète pour ceux qui sont gavés, mais quand le réel est insupportable, elle prend la valeur d'une arme de survie.
Une institution est structurée comme une personnalité, avec des murs et des règlements qui matérialisent la pensée de ceux qui ont le pouvoir.
Tout innovateur est un transgresseur puisqu'il met dans la culture une pensée qui n'y était pas avant lui. Il est donc admiré par ceux qui aiment les idées nouvelles, et détesté par ceux qui se plaisent à réciter les idées admises.
La tradition et les valeurs transmises par la culture composent un étayage narratif, une représentation cohérente de soi parmi les siens, précieux facteur de résilience.
Il est très étonnant de constater à quel point les enseignants sous-estiment l'effet de leur personne et surestiment la transmission de leurs connaissances.
Les animaux nous apprennent que le monde humain, sans cesse inventé, restera sans cesse à inventer. C'est dans ce travail de création que réside notre transcendance et notre aptitude à la folie. Car la folie, c'est peut-être le prix de notre liberté.
L'écriture, que ce soit l'écriture réelle ou l'écriture psychologique, c'est une manière, c'est un moyen, une arme pour reprendre en main son destin.
Les grandes souffrances qui peuvent délabrer à jamais une vie affective ne se rencontrent que chez ceux qui connaissent la passion.
Le je n'existe qu'auprès d'un autre.
Contrairement aux États-Unis, où le terme "résilience" est d'usage courant, tel un marqueur d'optimisme, en Europe il est plus difficile de l'imposer, comme si nous avions un penchant pour le misérabilisme.
Aucune histoire n'est innocente. Raconter, c'est se mettre en danger. Se taire, c'est s'isoler.
Quand les parents provoquaient la rencontre de leurs enfants, ils renforçaient le groupe. Quand l'amour préside au choix du partenaire, il facilite la névrose.