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On peut se demander par quel mystère les enfants de parents immatures deviennent si souvent des adultes prématurés.
Boris Cyrulnik
On méprise tellement la nature qu'on est en train de la détruire, et si on détruit la nature, on partira avec elle.
Vivre dans le monde de la peur contraint à agir, alors que vivre dans le monde de l'angoisse contraint à comprendre et à parler.
Nous devrions réfléchir un peu plus à la manière dont nous avons peur aussi de nos enfants tout en vivant dans une culture qui prétend toujours les protéger.
L'invention picturale ou la fantasmagorie littéraire permettent de supporter le réel désolé en apportant des compensations magiques.
J'ai vu des livres où l'on disait aux petits garçons que s'ils mouraient pour la religion, ils iraient à la droite d'Allah. Ces écoles, qui n'enseignent qu'une seule vérité, sont des écoles de haine.
Dans notre culture, on encourage l'enfant blessé à faire une carrière de victime.
Le simple fait de s'attacher à quelqu'un nous engage dans un travail de décentrement de soi.
Si nous disions constamment ce qui nous passe par la tête, aucun couple, aucun groupe ne pourrait continuer à vivre ensemble. La brutalité serait quotidienne.
Tes yeux sont trop près de ton nez pour le voir.
Pour s'en sortir, il faut disposer très tôt de ressources en soi et pouvoir bénéficier des mains tendues ou tuteurs de résilience.
La résilience, c'est l'art de naviguer dans les torrents.
L'obéissance, nécessaire et sécurisante pour tout être humain, peut, selon le contexte, évoluer vers des formes morbides de prises de pouvoir ou d'érotisation de la servitude.
Si on veut être efficace, il vaut mieux avoir un ordinateur, si on veut être authentique, il vaut mieux écrire et penser avec la main.
Il faut distinguer le réel, et la représentation du réel qui se traduit par des récits de tristesse et d'abattements.
Il n'y a pas de honte quand il n'y a pas de regard de l'autre.
Dans la plupart des cultures, on est coupable d'être une victime.
Il n'y a pas si longtemps, quand un enfant gémissait, c'est à lui qu'on reprochait de ne pas être un homme, et c'est lui qui avait honte. Hier la douleur prouvait la faiblesse du blessé, aujourd'hui, elle révèle l'incompétence du technicien.
L'homme est deux fois ensorcelé : par l'évolution qui façonne son monde et suscite la pensée qui façonne son monde.
La violence animale naît de l'altération des lois de la nature, alors que la violence humaine naît de leur transgression dans la parole et la civilité.
Mais quand le sacré pointe, la violence n'est jamais loin.
La proximité affective donne aux mots la charge d'un pistolet, d'un revolver.
Dans toute oeuvre d'imagination, il y a un récit de soi. Dans toute autobiographie, il y a un remaniement imaginaire.
Ceux qui disent "c'est évident, il n'y a qu'à voir" vivent dans un monde impressionniste. Ils croient observer le monde, alors qu'ils n'observent que l'impression que le monde leur fait.
Un enfant sans attachement n'a aucune chance de se développer, il flotte, il erre, il n'a pas de valeurs dans sa vie, ça ou autre chose, debout ou assis, mort ou vivant, ça n'a pas d'importance.
L'écriture est une relation intime. Même quand on a des milliers de lecteurs, il s'agit en fait de milliers de relations intimes, puisque, dans la lecture, on reste seul à seul.
Une vraie rencontre provoque une influence réciproque. Deux mondes intimes interagissent et chacun modifie l'autre.
Satisfaire désespère, quand on se précipite.
Tout rêve d'avenir métamorphose la manière dont on éprouve le présent.
Le malheur de la guerre m'a appris l'art du silence. Depuis que ma culture m'a rendu la parole, je comprends le sens du chemin parcouru.
Le regard de l'autre n'est pas neutre. C'est une perception qui provoque une alerte émotive, une sensation d'invitation ou d'intrusion.
On ne négocie pas avec le désir d'une mère.
La vie est un champ de bataille où naissent les héros qui meurent pour que l'on vive.
Il faut avoir une part de délire, c'est la poésie, c'est l'incertitude, c'est l'hésitation, c'est le trouble, et c'est la source de la créativité.
On peut très bien ne pas vivre sans être mort.
Les malades commençaient à être malheureux lorsqu'on leur annonçait qu'ils allaient pouvoir sortir. La lourdeur d'une institution très hiérarchisée favorisait à tous les niveaux une sorte de délicieuse démission.
Les êtres humains sont passionnants parce que leur existence est folle.
Les molécules sont d'une plasticité étonnante chez l'homme, alors que pour changer une loi, un regard social, il faut des livres et des livres, des conflits et des siècles.