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Mais la vie n'est pas une matière ni un matériau. La vie, si vous voulez le savoir, n'a pas besoin de nous pour se renouveler et se refaçonner sans cesse, pour se refaire et se transformer éternellement. Elle est à cent lieues au-dessus de toutes les théories obtuses que vous et moi pouvons faire à son sujet.
Boris Pasternak
Célébrité n'est pas belle, et ce n'est pas ce qui nous grandit.
Et qu'est-ce que l'histoire ? C'est la mise en chantier de travaux destinés à élucider progressivement le mystère de la mort et à la vaincre un jour.
Mais qu'est-ce que la conscience ? Vouloir consciemment s'endormir, c'est l'insomnie à coup sûr, s'efforcer de prendre conscience du travail de sa propre digestion, c'est courir à un dérèglement nerveux. La conscience est un poison, un instrument d'auto-intoxication pour le sujet qui se l'applique à lui-même.
L'homme est né pour vivre et non pour se préparer à vivre. Et la vie elle-même, le phénomène de la vie, le don de la vie, quoi de plus précieux, de plus enivrant !
La conscience est un poison, un instrument d'auto-intoxication pour le sujet qui se l'applique a lui-même. La conscience est une lumière dirigée vers le dehors, la conscience éclaire la route au-devant de nous, pour nous éviter de broncher. La conscience, c'est un phare allumé a l'avant d'une locomotive. Dirigez-le vers l'intérieure, et ce sera la catastrophe.
Plus clairement que jamais, il voyait maintenant que l'art, toujours et sans trêve, a deux préoccupations. Il médite inlassablement sur la mort et par là, inlassablement, il crée la vie.
L'histoire était un deuxième univers, que l'homme, à l'aide des phénomènes du temps et de la mémoire, avait édifié en réponse au phénomène de la mort.
Je n'aime pas les ouvrages consacrés uniquement à la philosophie. A mon avis, la philosophie ne doit être qu'un assaisonnement de l'art et de la vie. Ne s'adonner qu'à la philosophie est tout aussi étrange que de ne manger que du raifort.
Adieu, mon grand, mon amour, adieu ma fierté, adieu ma rivière rapide et profonde. Comme j'aimais embrasser tes flots, comme j'aimais me jeter dans la fraîcheur de tes vagues !
De plus, souvenez-vous : jamais, en aucune circonstance, il ne faut désespérer. Espérer et agir, voila notre devoir dans le malheur. Un désespoir inactif, c'est le refus et l'oublie du devoir.
Chez nos écrivains j'aime aujourd'hui par-dessus tout la simplicité, si russe, de Pouchkine et de Tchékov, leur éloignement pudique des grands mots, des buts derniers de l'humanité et de leur destin particulier. Non qu'ils ne se posent le problème, mais sans présumer de se consacrer à des thèmes si élevés.
Oh, comme parfois on aimerait laisser le faux sublime, les ténèbres épaisses du bavardage humain, pour se réfugier dans l'apparent silence de la nature, dans le bagne muet d'un long travail obstiné, dans l'ineffable du sommeil profond, de la vraie musique et du calme langage des coeurs, qui fait taire l'âme comblée.
Les œuvres parlent de bien des façons : par les thèmes, les situations, les sujets, les héros. Mais elles parlent surtout par ce qu'elles recèlent d'art. L'art des pages de Crime et Châtiment bouleverse plus que le crime de Raskolnikov.
Dans le vent qui cherche avec la branche Si le temps est venu pour l'oiseau de chanter, Tu es humide comme un moineau, Branche de lilas !
La femme est seule à mettre au monde son enfant, elle est seule à se retrancher avec lui au second plan de l'existence, où règne une paix plus profonde et où l'on peut sans crainte poser un berceau. Et seule, dans une acceptation silencieuse, elle le nourrit et l'élève.
Notre système nerveux n'est pas un vain mot ni une invention. C'est un corps physique composé de fibres. Notre âme est située dans l'espace et se place en nous comme les dents dans la bouche. On ne peut sans cesse la violenter impunément.
L'esprit grégaire est toujours le refuge de l'absence de dons.
Personne ne fait l'histoire, on ne la voit pas, pas plus qu'on ne voit l'herbe pousser.
Je n'aime pas les gens parfaits, ceux qui ne sont jamais tombés, qui n'ont jamais trébuché. Leur vertu est une vertu éteinte, de peu de valeur. La beauté de la vie ne s'est pas dévoilée à eux.
Il faut être d'une irrémédiable nullité pour ne jouer qu'un seul rôle dans la vie, pour n'occuper qu'une seule et même place dans la société, pour signifier toujours la même chose
Il aimait sa femme jusqu'à l'adoration. Il n'avait rien de plus cher que le calme de Tonia, sa sérénité. Il était prêt à défendre son honneur de toutes ses forces, mieux que son père ou qu'elle même. Si quelqu'un l'eût blessé dans sa fierté. Il aurait déchiré l'offenseur de ses propres mains. Or l'offenseur, c'était lui.
Peut-être faut-il que parmi tous les personnages qui figurent dans une vie, il se trouve une force inconnue, un être presque symbolique qui vient à votre secours sans qu'on l'appelle.
Et le peuple est un enfant, il faut le connaître, il faut connaître sa psychologie, il faut savoir le prendre. Il faut savoir toucher ses cordes les plus sensibles et le faire vibrer.