Images
Ce qui est difficile, c'est de trouver le courage qu'on a en soi. Je crois que tout le monde peut être vaillant, il suffit de trouver son courage.
Camilla Grebe
Une enquête pour homicide, c'est exactement comme la vie : il y a un début, un milieu et une fin. Et, comme la vie, on ne sait jamais où on en est avant qu'elle soit achevée. Parfois, elle se termine presque avant d'avoir commencé et parfois, on a l'impression qu'elle continue pour toujours, jusqu'à ce qu'elle périclite ou qu'elle soit classée sans suite.
Le dépressif est incapable de prendre du recul par rapport à sa vie qu'il considère comme misérable. Je lui réponds généralement que la dépression est sans doute l'invention la plus lucrative de l'industrie pharmaceutique et que je n'ai ni le temps ni les moyens de contribuer à l'enrichissement d'entreprises déjà pleines aux as.
Être aimée. Être désirée. Comme les pâtisseries aux framboises dans la vitrine de la boulangerie.
N'est ce pas le propre des idées noires ? Elles ne se voient pas de l'extérieur, elles n'existent qu'en nous, dans ce cagibi obscur, fermé par une lourde porte, qui peut contenir à la fois des pulsions suicidaires et le mal qui me ronge. Ce doit être là que mon père a rangé le souvenir de ma mère.
Différent ne veut pas dire moins bien. Différent peut vouloir dire meilleur.
L'amour, me dis-je, ce n'est pas seulement aimer une personne, mais aussi se voir à travers les yeux de l'être aimé. Voir la beauté là où l'on ne remarquait que des défauts.
Lorsqu'on est l'objet d'une enquête policière, plus rien ne reste caché. Que vous soyez coupable ou victime, on va remuer votre linge sale et exposer aux quatre vents vos secrets les plus honteux.
Des générations d'Inuits y ont vécu sans laisser de traces, à la différence de nous, les hommes modernes, qui ne laissons dans notre sillage que dévastation.
La mort était synonyme de mystère qu'il fallait résoudre, démêler comme une pelote de laine enchevêtrée. Car on pouvait toujours élucider l'affaire, la clarifier. Il suffisait d'avoir de l'énergie, de la persévérance et de savoir tirer sur les bons fils au bon moment. La réalité n'était rien d'autre qu'un tissu complexe de ces fils. En résumé : on pouvait la maîtriser, l'ordonner.
Mon père dit que tout fout le camp quand on vieillit - l'ouïe, la vue, la mémoire -, mais en slow motion. Si lentement qu'on s'en rend à peine compte, comme si on diffusait un film d'époque, image par image.
Les gens font des choix mystérieux et c'est impossible de pleinement comprendre une autre personne. Parfois, il faut se contenter de l'accepter.
Le lieu est remarquablement anonyme, presque asexué. Ou peut-être très masculin, c'est quasiment la même chose, non ?
La vie est une histoire de perte, disait souvent ma mère en fumant sous la bouche d'aération. La perte de cette innocence infantile avec laquelle nous naissons tous, la perte des gens que nous aimons, de notre santé, de nos capacités physiques, et enfin - évidemment - la perte de notre propre vie. Comme d'habitude, ma mère avait raison.
Il ne fait aucun doute que l'homme est l'animal le plus dangereux de la planète. Nous chassons et tuons continuellement, non seulement les individus des autres espèces, mais aussi de la nôtre.
Le sentiment de manque est une excellente mesure de la valeur des choses perdues ; c'est une monnaie aussi fiable qu'une autre.
L'espoir est une bouée de sauvetage jouissant d'une réputation surfaite à laquelle les malades sont censés s'agripper avec un sourire vaillant et reconnaissant aux lèvres. Visiblement, lâcher n'est pas seulement téméraire, mais également déloyal.
Pourquoi sommes-nous incapables de nous aimer, tout simplement, sans avoir à nous posséder les uns les autres ?
Si tu fuis, assure-toi que tu n'essaies pas d'échapper à toi même.
Les adultes croient toujours que les enfants n'entendent pas ou, s'ils entendent, ils pensent qu'ils ne comprennent pas. Tout cela est évidemment faux.
Quand on a été dépossédé de tout le reste, la connaissance est la seule chose qui nous aide à aller de l'avant.
L'amour et la beauté sont passagers. Parfois, on y voit poindre de petits instants de bonheur lumineux - et la meilleure chose à faire lorsqu'on tombe sur l'un d'eux, c'est justement de ne rien faire.
C'est l'une des leçons de la vie, j'imagine – on ne se rend compte de la valeur de ce qu'on possède qu'une fois qu'on l'a perdu. C'est un cliché, je sais – mais c'est la vérité.
Je réfléchis à tout cela et à la fugacité frustrante de la vie. Une crotte de mouche au milieu de l'éternité, avant que l'obscurité ne nous engloutisse.
On ne peut pas faire confiance aux femmes. Non pas parce qu'elles seraient moins intelligentes que nous, mais plutôt parce que nous, les hommes, n'avons ni le courage ni l'énergie de démêler ce qu'elles ont derrière la tête. Nous nous retrouvons par conséquent dans une position constante d'infériorité vis-à-vis d'elles - dont nous avons l'entière responsabilité.
Tout cet amour inconditionnel que vous prodiguent les chiens. Qu'est-ce que j'ai fait, au juste, pour le mériter ? Et pourquoi l'amour humain s'accompagne-t-il immanquablement d'exigences de sujétion et de compromis ? Pourquoi sommes-nous incapables de nous aimer, tout simplement, sans avoir à nous posséder les uns les autres ?
Il n'y a rien de plus solitaire que d'être sous les feux de la rampe, passer à la télé, être mentionné dans les journaux. Être tout en haut de la hiérarchie. Tout le monde sait qui tu es, mais tu ne connais personne. Tout le monde veut être ton ami, mais tu ne peux faire confiance à personne.
Notre société nous fait croire qu'être parent, c'est être parfait, alors que ce qui importe, c'est d'être présent.
La vie est étrange. Et elle n'en devient pas moins étrange à mesure qu'on prend de l'âge. On s'habitue aux bizarreries, on apprend à les accepter. L'astuce étant d'admettre une bonne fois pour toutes que la vie ne tourne jamais vraiment comme on avait pensé.