Images
Je ne crois pas aux rêves, ni au destin. Le destin, c'est le rocher qui vous tombe dessus tandis que vous rêvez. Ce qui me ravit aujourd'hui, c'est le bonheur d'avoir traversé toutes les souffrances pour mieux vivre ce que je vis maintenant. Chez nous, on dit qu'il vaut mieux boire le fiel d'abord et le miel ensuite. Maintenant, je bois du miel.
Cesária Évora
Trop de jeunes chanteurs se coupent de leurs racines. Ma fierté est d'avoir porté notre voix créole dans le monde ; d'avoir exporté les mornas, ce blues cap-verdien, et d'avoir fait danser sur les coladeras de mon "Petit Pays".
Je connais beaucoup d'artistes capverdiens d'un certain âge, mais les plus jeunes, je les connais moins. Mais je les apprécie et je pense qu'ils continuent une voie que j'ai ouverte. Ils ne seront pas Césaria Evora, mais ils sont devant une porte ouverte.
Je voudrais aller jusqu'au bout de mes forces, si Dieu me le permet. Pourtant, je ne suis pas raisonnable. J'ai arrêté de boire mais, malgré l'avis du médecin, je continue à manger des batatinhas et à fumer. Je ne peux pas faire autrement, c'est ma vie.
Ma fierté est d'avoir porté notre voix créole dans le monde ; d'avoir exporté les mornas, ce blues cap-verdien, et d'avoir fait danser sur les coladeras de mon "Petit Pays". Le gouvernement m'a d'ailleurs présenté comme "la meilleure ambassadrice du Cap-Vert".
Ma carrière n'a démarré qu'à 50 ans. C'est en France que j'ai d'abord connu le succès. Mon meilleur souvenir, ce sont mes trois Olympia ; la salle bondée et enthousiaste, en juin 1993. Et puis la Légion d'honneur remise par le président Chirac. Cette double reconnaissance du public et des autorités françaises, c'était comme une consécration.
L'espoir est la dernière chose qui meurt.
Il y a très longtemps à Angoulême, un journaliste m'a demandée si je chantais du blues. Non, de la morna, mais c'est la même souffrance que nous chantons, le racisme… C'est un peu ça.
J'ai fréquenté les "bas-fonds", chanté dans les bars de l'île et de l'archipel. J'ai eu tant de "maris" que je ne peux en dire le nombre. Mais je me rendais compte que ma voix retenait l'attention, qu'elle faisait vibrer et apportait des parcelles de bonheur.
Chez nous, on dit qu'il vaut mieux boire le fiel d'abord et le miel ensuite. Maintenant, je bois du miel.
Les gens me donnent des surnoms aussi : La diva aux pieds nus, du nom de mon premier disque, le vieux porto… Comme un rhum vieux ! Ma voix qui vieillit devient meilleure et les gens aiment ça.
Je me rendais compte que ma voix retenait l'attention, qu'elle faisait vibrer et apportait des parcelles de bonheur.
Ce qui me ravit aujourd'hui, c'est le bonheur d'avoir traversé toutes les souffrances pour mieux vivre ce que je vis maintenant.