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Le vin changeait la taupe en aigle.
Charles Baudelaire
Si je commence par l'amour, c'est que l'amour est pour tous, - ils ont beau le nier, - la grande chose de la vie !
Les charmes de l'horreur n'enivrent que les forts.
La femme ne sait pas séparer l'âme du corps. Elle est simpliste, comme les animaux. Un satirique dirait que c'est parce qu'elle n'a que le corps.
De la féminéité de l'Eglise, comme raison de son omnipuissance.
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon, - Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
Il me semble, bercé par ce choc monotone, - Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part...
Rien n'égale la joie de l'homme qui boit, si ce n'est la joie du vin d'être bu.
L'inspiration vient toujours, quand l'homme le veut, mais elle ne s'en va pas toujours quand il le veut.
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores, - Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur - Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.
L'enfant est turbulent, égoïste, sans douceur et sans patience ; et il ne peut même pas, comme le pur animal, comme le chien et le chat, servir de confident aux douleurs solitaires.
En toi, je tomberai, végétale ambroisie, - Grain précieux jeté par l'Eternel Semeur, - Pour que de notre amour naisse la poésie - Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur !
Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !
Qu'est ce que l'art ? Prostitution.
Le poète sait descendre dans la vie ; mais croyez que s'il y consent, ce n'est pas sans but, et qu'il saura tirer profit de son voyage. De la laideur et de la sottise il fera naître un nouveau genre d'enchantements.
O toison, moutonnant jusque sur l'encolure ! - O boucles ! O parfum chargé de nonchaloir ! - Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure - Des souvenirs dormant dans cette chevelure, - Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !
Beaucoup d'amis, beaucoup de gants, - de peur de la gale.
Seule l'histoire n'a pas de fin.
Il n'y a de grand parmi les hommes que le poète, le prêtre et le soldat, l'homme qui chante, l'homme qui bénit, l'homme qui sacrifie et se sacrifie. Le reste est fait pour le fouet.
Côte à côte nageant, nous fuirons sans repos ni trêves vers le paradis de mes rêves !
Dieu serait injuste si nous n'étions pas coupables.
L'aurore grelottante en robe rose et verte - S'avançait lentement sur la Seine déserte, - Et le sombre Paris, en se frottant les yeux, - Empoignait ses outils, vieillard laborieux.
Partout l'homme subit la terreur du mystère, - Et ne regarde en haut qu'avec un oeil tremblant.
De sa fourrure blonde et brune Sort un parfum si doux, qu'un soir J'en fus embaumé, pour l'avoir Caressée une fois, rien qu'une.
Toute révolution a pour corollaire le massacre des innocents.
L'enfant pauvre montrait à l'enfant riche son propre joujou, que celui-ci examinait avidement comme un objet rare et inconnu.
Harpagon, qui veillait son père agonisant, - Se dit, rêveur, devant ces lèvres déjà blanches : - Nous avons au grenier un nombre suffisant, - Ce me semble, de vieilles planches ?
Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée.
Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique.
Je pense à la négresse, amaigrie et phtisique, - Piétinant dans la boue, et cherchant, l'oeil hagard, - Les cocotiers absents de la superbe Afrique, - Derrière la muraille immense du brouillard.
La femme est le contraire du Dandy. Donc elle doit faire horreur. La femme a faim, et elle veut manger ; soif, et elle veut boire. Elle est en rut, et elle veut être f... Le beau mérite ! La femme est naturelle, c'est-à-dire abominable.
Beauté forte à genoux devant la beauté frêle !
Le fou prend le sage en pitié, et dès lors l'idée de sa supériorité commence à poindre à l'horizon de son intellect.
Elle était donc couchée et se laissait aimer Et du haut du divan elle souriait d'aise.
La vraie musique suggère des idées analogues dans des cerveaux différents.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets ; Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ; O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
L'amour peut dériver d'un sentiment généreux : le goût de la prostitution ; mais il est bientôt corrompu par le goût de la propriété.
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
C'est par le malentendu universel que tout le monde s'accorde.
La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût ; L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide, Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout.
Sa robe exagérée, en sa royale ampleur, S'écroule abondamment sur un pied sec que pince Un soulier pomponné, joli comme une fleur.
La jeune fille, ce qu'elle est en réalité. Une petite sotte et une petite salope ; la plus grande imbécillité unie à la plus grande dépravation.
Ce qu'il y a d'enivrant dans le mauvais goût, c'est le plaisir aristocratique de déplaire.
Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.
Quiconque écrit des maximes aime charger son caractère ; - les jeunes se griment, - les vieux s'adonisent.
(Goya) Nul n'a osé plus que lui dans le sens de l'absurde possible.
Rêver magnifiquement n'est pas un don accordé à tous les hommes, et, même chez ceux qui le possèdent, il risque fort d'être de plus en plus diminué par la dissipation moderne toujours croissante et par la turbulence du progrès matériel.
De même que pour les théologiens la liberté consiste à fuir les occasions de tentations plutôt qu'à y résister, de même, en amour, la liberté consiste à éviter les catégories de femmes dangereuses, c'est-à-dire dangereuses pour vous.
L'ouverture, dis-je, résume donc la pensée du drame par deux chants, le chant religieux et le chant voluptueux, qui, pour me servir de l'expression de Liszt, "sont ici posés comme deux termes, et qui, dans le finale, trouvent leur équation".