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La Débauche et la Mort sont deux aimables filles, Prodigues de baisers et riches de santé, Dont le flanc toujours vierge et drapé de guenilles Sous l'éternel labeur n'a jamais enfanté.
Charles Baudelaire
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure, - A cette horrible infection, - Etoile de mes yeux, soleil de ma nature, - Vous, mon ange et ma passion !
Celui-ci était une espèce d'entrepreneur de sépultures, un marbrier fabricant de tombeaux.
Le bercement des nourrices, les câlineries maternelles, les chatteries des soeurs, transforment pour ainsi dire, en la pétrissant, la pâte masculine.
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, O frères implacables !
Tes nobles jambes, sous les volants qu'elles chassent, - Tourmentent les désirs obscurs et les agacent, - Comme deux sorcières qui font - Tourner un philtre noir dans un vase profond.
La dualité, qui est la contradiction de l'unité, en est aussi la conséquence.
Les pauvresses, traînant leurs seins maigres et froids, - Soufflaient sur leurs tisons et soufflaient sur leurs doigts.
Un bon tableau ... doit être produit comme un monde.
Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants, De purs miroirs qui font toutes choses plus belles : Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !
Et les agonisants dans le fond des hospices - Poussaient leur dernier râle en hoquets inégaux.
Le style et le sentiment dans la couleur viennent du choix, et le choix vient du tempérament. Il y a des tons gais et folâtres, folâtres et tristes, riches et gais, riches et tristes, de communs et d'originaux.
(L'artiste moderne) tire l'éternel du transitoire.
C'est le propre des oeuvres vraiment artistiques, d'être une source inépuisable de suggestions.
O douleur ! O douleur ! Le Temps mange la vie, Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes.
On sait que les grands génies ne se trompent jamais à demi, et qu'ils ont le privilège de l'énormité dans tous les sens.
Enfin, j'aimais ma mère pour son élégance. J'étais donc un dandy précoce.
Sous le fardeau de ta paresse Ta tête d'enfant Se balance avec la mollesse D'un jeune éléphant, Et ton corps se penche et s'allonge Comme un fin vaisseau Qui roule bord sur bord et plonge Ses vergues dans l'eau.
Il est une chose mille fois plus dangereuse que le bourgeois, c'est l'artiste bourgeois.
La Civilisation s'est peut-être réfugiée chez quelque petite tribu non encore découverte.
Le vin sait revêtir le plus sordide bouge D'un luxe miraculeux (...).
En matière d'art, j'avoue que je ne hais pas l'outrance ; la modération ne m'a jamais semblé le signe d'une nature artistique vigoureuse.
Allume ta prunelle à la flamme des lustres ; - Allume le défi dans le regard des rustres.
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide - Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi, - Le jour décroît ; la nuit augmente ; souviens-toi ! - La gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
La gloire est le résultat de l'adaptation d'un esprit avec la sottise nationale.
La bêtise est souvent l'ornement de la beauté ; c'est elle qui donne aux yeux cette limpidité morne des étangs noirâtres, et ce calme huileux des mers tropicales.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, - Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, - La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Cette peinture jette sa pensée à distance.
Souvent pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux de mer...
Un bon portrait m'apparaît toujours comme une biographie dramatisée.
La Révolution a été faite par des voluptueux.
Il y a dans l'acte de l'amour une grande ressemblance avec la torture ou avec une opération chirurgicale.
Quant à elle, elle engraisse tous les jours ; elle est devenue une beauté grasse, propre, lustrée et rusée...
Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut à sa guise être lui-même et autrui.
La poésie n'a pas d'autre but qu'elle-même.
De féroces oiseaux perchés sur leur pâture Détruisaient avec rage un pendu déjà mûr, Chacun plantant, comme un outil, son bec impur Dans tous les coins saignants de cette pourriture.
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde - Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?
Un homme qui ne boit que de l'eau a un secret à cacher à ses semblables.
Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile ! Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons, Passer sur nos esprits, tendus comme une toile, Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons.
Un de ces concerts, riches de cuivre, - Dont les soldats parfois inondent nos jardins, - Et qui, dans ces soirs d'or où l'on se sent revivre, - Versent quelque héroïsme au coeur des citadins.
Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?
L'orgie n'est plus la soeur de l'inspiration : nous avons cassé cette parenté adultère. L'énervation rapide et la faiblesse de quelques belles natures témoignent assez contre cet odieux préjugé.
Prends-moi avec toi, et de nos deux misères nous ferons peut-être une espèce de bonheur !
Je sucerai, pour noyer ma rancoeur, Le népenthès et la bonne ciguë Aux bouts charmants de cette gorge aiguë Qui n'a jamais emprisonné de coeur.
L'assombrissement du jour et le pointillement des étoiles ou des lanternes éclairent mon esprit.
Le dessin est une lutte entre la nature et l'artiste. Il ne s'agit pas pour lui de copier, mais d'interpréter.
Malheureux peut-être l'homme, mais heureux l'artiste que le désir déchire !
Mais toutes les divinités mythologiques me regardaient avec un charmant sourire, comme pour m'encourager à supporter patiemment le sortilège.