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L'amour est contemplatif. Il met du vague au coeur ; il écoute, bien qu'il ne les suive guère, les conseils de la raison, mais il déplore de ne les pouvoir suivre : la passion d'un geste les écarte, d'un souffle les dissipe.
Charles Dollfus
La discrétion est la pudeur de l'âme.
Etre du côté des honneurs, ce n'est pas toujours être du côté de l'honneur. L'honneur est plus rare au singulier qu'au pluriel.
L'homme n'échappe à la vanité qu'en tombant dans l'orgueil ou dans l'humilité. Ni humble, ni orgueilleux, ni modeste, ni vain : chose difficile.
L'aumône peut être détestable, l'intention excellente, et c'est alors l'intention qui vaut.
Mieux vaut calomnier les hommes que les exploiter.
L'homme éloquent est celui qui persuade. Cependant, on persuade par l'exemple plus que par la parole, et bien agir est plus éloquent que bien parler.
La force des choses est la discipline de l'esprit et l'école de la volonté.
La sagesse consiste à n'aller jamais jusqu'au bout de rien.
La bêtise est souvent susceptible, l'esprit rarement.
Marcher est plus difficile que sauter.
Il en est des livres comme des nez : la plupart sont ou trop longs ou trop courts.
On peut aimer encore la blessure qu'une femme vous a faite, quelque souffrance qu'elle vous cause ; un homme jamais ne chérit celle qu'il doit à un homme.
L'ennui et l'impatience nous font sentir chaque minute, en y mettant leur poids.
La politesse est un mensonge convenu, qui n'en est plus un, parce qu'il ne trompe personne. Et cependant, qui voudrait s'en passer ? il trompe donc encore.
Le plus grand effort que l'homme puisse faire, c'est de garder le silence lorsque son coeur est plein.
L'amour est la véritable communauté. Aimer, c'est s'enrichir. Qu'il est pauvre celui que personne n'aime ; qu'il est pauvre aussi celui qui n'aime que lui !
L'art de se modérer est celui du riche, l'art de se résigner celui du pauvre. La médiocrité seule peut vivre sans art, et presque sans vertu.
La nature tend à l'équilibre : elle fait sortir l'endurcissement de la misère, la satiété de la richesse. Lequel est le plus à plaindre, du misérable endurci dans sa misère ou du riche qui ne sent plus sa richesse ?
La femme est une inspiratrice - ou la ruine de toute inspiration dans l'homme.
Ne nous inquiétons pas de l'opinion ; faisons de notre mieux, et si l'opinion ne nous rend pas justice, tant pis pour l'opinion.
En somme, il n'y a peut-être pas de bons mariages, il n'y en a que de moins mauvais : la médiocrité est la règle en tout.
L'homme fier ne ment pas de peur de se manquer à lui-même ; l'homme sincère de peur de manquer à la vérité.
Un homme fier et digne est au-dessus des faveurs et des revers de la fortune : qui se laisse enivrer par les unes, abattre par les autres, manque de fierté.
A force d'être victime, on devient bourreau.
Qui rencontre un aveugle comprend le bienfait de la vue. Les muets parlent éloquemment en faveur de la parole.
L'honneur et la virginité ne se perdent qu'une fois : la naïveté aussi.
C'est un raffinement et un redoublement de vanité que de paraître modeste alors que tout le monde vous loue.
Il semble que les prétentions augmentent dans le monde à mesure que les hommes diminuent.
Aimer, c'est s'accroître de l'être auquel on se livre, c'est sentir, jouir, souffrir, vivre deux fois en un mot ; rassembler en soi deux êtres ; vivre deux en un seul.
Qui n'aime pas la supériorité la déteste. L'indifférence à son égard n'est pas possible dès qu'on l'a reconnue.
Les hommes font leur chemin entre l'enthousiasme et le dénigrement, les idées et les choses entre les optimistes et les pessimistes.
Nous jugeons avec nos instincts et suivant nos goûts avant de juger par réflexion ; la plupart en restent même là.
Les personnes les plus spirituelles sont celles qui donnent de l'esprit aux autres, les personnes les moins spirituelles celles qui enlèvent leur esprit à ceux qui en possèdent.
Le désir de volupté nous rend très timides ou très osés.
Nombre de personnes croient qu'elles agissent alors qu'elles ne font que s'agiter.
Demander conseil au prochain, c'est lui demander d'être de votre avis.
Les deux puissances qui gouvernent le monde, la fortune et l'amour, sont aveugles.
Un amoureux et un criminel finissent toujours par se trahir, ne fût ce que par le soin qu'ils mettent à se dissimuler.
La bêtise vient de l'esprit, la sottise du caractère ; l'une se traduit en paroles, l'autre en actes.
Rien n'offense les esprits délicats et les coeurs profonds comme l'indiscrétion et le bavardage.
Croire des bêtises par procuration d'autrui ou les croire de son chef, ce n'est pas même chose. Qui est bête par procuration l'est deux fois.
L'habileté sans honnêteté finit toujours par se retourner contre qui l'emploie. Qui n'est qu'habile ne l'est pas assez.
Le coeur des femmes toujours s'élance, delà le grand nombre de points d'exclamation dans leurs lettres.
La révolte contre ce qui ne peut être changé est une faiblesse, la révolte contre ce qui peut être changé est un devoir.
Le bouleau est féminin, le chêne est viril. Il y a quelqu'un de plus intrigant que l'intrigant ; c'est l'intrigante.
Qui aime ne demande plus si la vie a un but.
Chacun a son point vulnérable, chacun porte en soi son séducteur. Sachez le découvrir, si vous voulez gagner un homme. Ils s'achètent tous, mais pas au même prix ni poulies mêmes objets.
Rien de difficile comme la pratique de ce précepte : usons, n'abusons pas.
L'homme d'expérience est celui qui a pris la mesure des choses, l'homme sans expérience celui qui les mesure sur ses illusions.
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