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C'est pas bien grand un carreau de pois, pourtant c'est haut ; quand on y est on ne voit plus rien.
Charles Ferdinand Ramuz
Vivre, c'est un peu comme quand on danse : on a plaisir à commencer - un piston, une clarinette - on a plaisir à s'arrêter - le trombone est essoufflé - on a regret d'avoir fini, la tête tourne et il fait nuit.
Il ne faut pas vouloir ajouter à ce qu'on a ce qu'on avait.
Nous, dit-il, on va où on veut. On a tout, parce qu'on a rien.
Il ne suffit pas de fuir, il faut fuir dans le bon sens ; ile ne faut pas fuir excentriquement, il faut fuir concentriquement ; fuire le monde, en ce sens-là, c'est le retrouver, et plus grand, plus vrai, plus essentiel.
Il faut choisir ; on n'a pas le droit de tout avoir : c'est défendu.
Je sens que je progresse à ceci que je recommence à ne rien comprendre à rien.
Il faut pour bien écrire que la nécessité intervienne ; le libre choix paralyse.
Allez souvent vous recueillir dans la nature ! Alors vous serez en état de comprendre les oeuvres des hommes.
Etant l'impression passionnée de la vie, les arts ont pour fonction de nous mettre devant la vie dans un état passionné.
Ah ! il s'y reconnaît. La même eau, la même quantité d'eau, sa même couleur, son même bondissement entre les mêmes pierres.
Quand on ne peut pas avoir, on détruit.
Je me disais : La meilleure façon de n'être pas vu, c'est d'avoir l'air de ne rien voir.
A Lavaux les Savoyardes, pour les effeuilles, traversent cette autre plaine du Rhône, cette plaine d'eau qu'est le lac.
A ce moment, elle buta contre quelque chose de mou et vit que c'était ce qu'on appelle chez nous une gonfle, c'est-à-dire un de ces entassements de neige qui se forment, quand le vent souffle, dans les plis du terrain.
Rien ne naît que d'amour, et rien ne se fait que d'amour ; seulement il faut tâcher de connaître les différents étages de l'amour.
Les voyages sont amers et vains. Je fixerai ma vie comme on attache une bête à son pieu. On l'attache et elle broute, jusqu'à ce que quelqu'un vienne et la détache. Elle tourne autour de son pieu et goûte la saveur de l'herbe.
Adieu à tous ceux qui m'ont entouré, que j'ai aimés, que j'ai connus ; que je sois dépouillé d'eux, que je sois nu, que je retombe à la solitude ; qu'il y ait autour de moi cette privation d'amour qui est l'occasion du désir.
Le poète est à la fois le plus solitaire et le moins solitaire des hommes.
L'art n'a pas à considérer les intentions, l'art n'a à considérer que les seules réalisations. L'art n'a à tenir compte que des formes. Il n'y a autrement dit en art que des pensées, des sentiments, des sensations manifestés.
Je commandai trois décis, ce qui me fit trois verres, que je vidai coup sur coup ; puis cognant sur la table, je commandai trois nouveaux décis.
On a dit qu'un paysage était un état d'âme, l'art aussi, l'art surtout, est un état d'âme.
Un bonheur, c'est tout le bonheur. Deux, c'est comme s'il n'existait plus.
II n'y a d'éternellement neuf que l'éternellement vieux. Il n'y a d'inépuisable que les lieux communs. Il n'y a que deux choses qui intéressent : l'amour et la mort. Tout sujet qui sort de l'ordinaire de la vie ne mérite aucune attention.
Ce mois de juin passera sans que j'aie rien fait, mais je vis, et c'est ce que j'appelle à présent travailler.
L'ouvrage n'attend guère dans ces chalets de la montagne où il faut traire les bêtes deux fois par jour.
Il n'est d'éternellement neuf que l'éternellement vieux.
Il ne peut pas continuer à vivre comme ça, ni elle. Ca n'a pas bonne façon.
On ne peut pas être à la fois qui on est et qui on était.
C'est un roulement de tonnerre. Il se prolonge et gronde au-dessus des montagnes, du côté du nord ; ensuite elle l'entend qui vient, avec des cahots, comme un char lourdement chargé de billes de sapin qui s'entrechoquent.
Je ne crois pas à la science. Je ne crois plus qu'à la croyance. Et je ne suis pas croyant.
Ce qu'il y a de beau dans la vie, et dans toute espèce de vie, c'est sa continuité.
On ne peut pas aimer la quantité, on n'aime que la qualité.
Les femmes, c'est le quotidien mis au premier plan : d'où la peur qu'il faut avoir des femmes.
Ils votèrent d'abord pour savoir si on allait voter, en levant la main ; puis ils votèrent par oui et non. - Ceux qui votent oui lèvent la main, dit le Président. Il y eut 58 mains qui se levèrent, et 33 seulement qui ne se sont pas levées.
Il faut bien voir enfin qu'on n'aime que dans l'éternité, c'est pourquoi il faut prendre soin de se conduire en toute chose comme si ce qu'on fait devait être éternel.
Le style, c'est la part de l'homme dans l'interprétation des choses.
Le pain qui est pour le corps - Le vin qui est pour l'esprit.
Il n'y a d'inépuisable que les lieux communs. Il n'y a que deux choses qui intéressent : l'amour et la mort.
Etre isolé du reste des hommes, c'est se sentir inutile. Se sentir inutile est pire encore que de se sentir coupable.
C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau.
Ils se sont baissés de nouveau, ayant rempli leurs seilles ; ils les portent à la brante où on foule avec le fouloir, et la brante s'en va à sont tour à la cuve, et la cuve au pressoir.
La seule vraie tristesse est dans l'absence de désir.
Paris a été monté sur tréteaux. Paris a été surélevé de manière à être vu, non seulement de toute la France, mais du monde entier
C'est le domestique qui va porter le lait à la fromagerie. Dans la boille, qui est une hotte de fer, arrondie selon la forme du dos, avec deux courroies aux épaules, quarante, soixante litres font un poids...
Il suffit souvent au Français de s'être épris d'une chimère pour qu'il prétende en faire une réalité.
La nature est de droite L'homme est de gauche.
Il s'agirait de voir jusqu'à quel point vont aller nos pouvoirs, à nous les hommes, car ils augmentent sans cesse, tandis que ceux de la nature diminuent d'autant.
Il y avait que le ciel allait de son côté, - nous, on est trop petits pour qu'il puisse s'occuper de nous, pour qu'il puisse seulement se douter qu'on est là, quand il regarde du haut de ses montagnes.
Il faut que l'idée naisse de la vision comme l'étincelle du caillou.