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Le mythe du papatron pilier sécuritaire se consume à même la souche, en sachant le roi nu, personne ne se veut plus prince. Un sceptre, une dynastie. Faillite pour héritage et anosognosie, des châteaux en hospice avec vue sur le bilan carbone, la corruption transmise de gourdin en gourdin. Les trésors de papy, la jeunesse le remercie, mais elle n'a pas de placards dans sa colocation.
Chloé Delaume
A se regarder jouir de son impunité, le mâle alpha n'a pas vu surgir l'obsolescence de ses propres attributs et fonctions symboliques.
La sororité est une attitude. Ne jamais nuire volontairement à une femme. Ne jamais critiquer publiquement une femme, ne jamais provoquer le mépris envers une femme.
Vigueur, combativité, courage, maîtrise : les canons occidentaux antiques sont en cours de fossilisation. Le mâle alpha s'éteint, ses pouvoirs s'amenuisent. L'époque est historique et les faits indéniables.
Le couillidé ne contrôle plus rien mais à part la taille de sa barbe. Les jeunes filles codent et les enfants rient de la fable du chevalier. Évolution des moeurs et des pratiques de vie. Sur les écrans, trop de héros ; dans la réalité, protéger est un verbe qui ne se conjugue plus qu'à l'échec antérieur.
Le patriarcat bande mou. Quelque chose est pourri au royaume de la flaque, les indices et symptômes croissent et se multiplient. A se regarder jouir de son impunité, le mâle alpha n'a pas vu surgir l'obsolescence de ses propres attributs et fonctions symboliques.
La sororisation, c'est l'action de sororiser, sororiser c'est rendre soeurs. C'est créer, par la qualité des liens, une relation qui amène à l'état de communauté féministe. Une communauté soudée, animée par la même volonté de déjouer les stratégies paternalistes et la violence sexiste ordinaire, terreau fertile aux viols et aux uxoricides.
C'est quoi ces morceaux croustillants ? De l'herpès sûrement.
J'écris de chez les féministes hétéros qui se maquillent. Je serais volontiers restée chez les lesbiennes, mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut. J'ai été homosexuelle pendant dix-huit mois, un peu avant l'Apocalypse de 2012. J'écrivais alors de chez les High-Fem. C'est comme ça qu'on appelle les lesbiennes qui se maquillent et portent des escarpins.
Internet a libéré la femme là où Moulinex a échoué.
Les formes et stratégies d'oppressions séculaires s'avèrent déjà inefficaces. Intimider un algorithme ne relève pas plus de l'envisageable que de culpabiliser une base de données. Les logiciels sont insensibles au chantage affectif, l'intelligence artificielle hermétique aux effets de la testostérone.
L'époque est historique et ma jouissance totale. La révolution numérique a apporté aux femmes des outils et réflexes qui les rendent solidaires, conscientes qu'elles forment un nous.
La sororité est incluante, sans hiérarchie ni droit d'aînesse. Cercle protecteur, horizontal
Le terme sororité implique l'horizontal, ce n'est pas un décalque du patriarcat. L'état de soeur neutralise l'idée de domination, de hiérarchie, de pyramide. La qualité de sœur, expériences, âges multiples, le cercle est de paroles qui s'écoutent en égales. Différentes mais égales.
Je me suis toujours sentie féministe, avant même de connaître le mot. La volonté d'amélioration et l'extension du rôle et des droits des femmes dans la société, je ne pouvais pas y échapper. Condamnée dès l'enfance, en observant ma mère appliquer son fond de teint pour camoufler ses bleus.
Le langage a toujours été une chasse gardée. Qui possède le langage possédera le pouvoir.
Au contact de la quatrième révolution industrielle, la phallocratie devient soluble : tous égaux devant le chômage et les applications de rencontre. Des corps usés, nervures dissoutes, de la viande au rabais qui à force de râteaux s'est tellement attendrie, c'est dur de distinguer l'identité sexuelle de la chair à pâtée, quel que soit le marché sur lequel elle évolue.
J'avais trop peu d'amis pour me crever chez eux. Et je suis bien élevée. On ne meurt pas chez les gens ce n'est pas très poli.
C'est l'histoire d'une espèce qui se regarde dans le miroir sans admettre que son visage est celui de Donald Trump. Ni que le monothéisme lui fait une vilaine peau. C'est l'histoire de la chute du vieux papatronat à l'heure où la puissance ne sait plus dans quel corps elle devrait s'incarner. C'est l'histoire du pouvoir qui, soudain, change de camp.
Les critères et fictions virilistes se périment à mesure que la technologie se substitue à l'humain. Force et puissance physiques : les muscles de ces messieurs, l'automation s'en branle, drones et exosquelettes partout se greffent et se déploient.