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Il semble que ceux qui parlent en public doivent répondre de deux choses : d'abord, de leur bon sens et ensuite de celui des auditeurs.
Chrétien Guillaume de Malesherbes
Le peuple supporte aisément son malheur quand le gouvernement a l'art de le lui cacher.
Il faut un goût bien délicat pour être vraiment bienfaisant. Ce goût est peut-être plus rare encore que celui des arts.
Il est bon, plus souvent qu'on ne pense, de savoir ne pas avoir d'esprit.
Il est heureux que l'extravagance soit si générale qu'elle ne fait plus de bruit. Il faut espérer qu'on en viendra à vouloir se singulariser par le simple bon sens.
L'esprit s'aiguise à la ville ; il s'attendrit aux champs.
Les scélérats tombent dans l'athéisme par ce raisonnement de leur conscience : j'existe donc Dieu n'existe pas.
On devrait s'étonner devoir un despote envier aux hommes le peu de liberté que leur laisse l'espoir de ses faveurs.
L'abus d'autorité est le plus grand des délits, puisqu'il intéresse tout un peuple.
On n'ose exercer des droits légitimes contre les puissants pendant qu'on use d'un pouvoir illégitime pour écraser les faibles.
Il semble que l'esprit humain ne peut contenir qu'un certain nombre de vérités, mais qu'il a toujours une place pour l'erreur.
L'homme de bien voit l'envie, s'attend à l'ingratitude, et suit sa conscience et son coeur.
L'Amitié n'a point d'équivalent.
Un gouvernement ne peut jamais être intéressé à persister dans une démarche injuste.
Il est difficile d'introduire le pouvoir arbitraire, mais bien aisé de le perpétuer.
L'avenir est le meilleur des conseillers : les fous le dédaignent.
Quand l'administration est secrète, on peut conclure qu'il se commet des injustices.
J'ai vu un courtisan à la ville, il était beau, noble, aimable : je l'ai revu chez le roi, et ne l'ai pas reconnu, tant il était laid.
Pendant que l'intolérance prive un état de sujets utiles, elle empêche aussi de profiter des occasions favorables pour attirer les étrangers.
Qu'est-ce qu'un traître ? Un homme qui vend, pour un peu d'or, sa propre estime, celle de ses concitoyens, celle de l'homme qui l'emploie.
Les défiances ne font pas moins le malheur du prince que celui du peuple.
Rien n'écarte la confiance du public comme de voir insérer, dans les lois qu'on lui propose, des dispositions captieuses.
La plus vicieuse des constitutions est celle qui produit des abus lors même que l'autorité est remise en des mains pures.
C'est faire une épreuve dangereuse d'un pouvoir nouveau, que de s'en servir pour offenser.
Telle est la nature du pouvoir arbitraire, que la justice et l'humanité elle-même perdent tous leurs droits quand un seul homme est sourd à leur voix,
Que de provinces, que d'empires sacrifiés à l'animosité d'un seul homme contre un seul homme !
L'homme vicieux peut parler de la vertu : il n'appartient qu'à l'homme honnête de la faire sentir.
Malheur au roi qui contraint son peuple à discuter les principes de l'autorité et de l'obéissance !
Sans l'innocence, la santé et l'indépendance, la gaieté ne saurait exister.
En morale, il est plus aisé de donner le mouvement que de le régler.
C'est pour ne pas exclure les vices, qu'on les revêt d'un nom honnête.
L'honneur ne peut jamais être flétri par les violences de la tyrannie.
A quels dieux immole-t-on ce qu'il y a de plus rare et de plus doux sur la terre, l'amitié ? A la vanité, à l'intérêt.
Le despotisme érigé en loi peut offrir des avantages présens, mais il est le présage de malheurs à venir.
Quand on voit des fanatiques, on peut prévoir qu'il y aura des sacrilèges.
Quand les délateurs sont récompensés, on ne manque plus de coupables.
L'intérêt personnel fait déguiser la vérité aux rois : l'esprit de parti fait qu'on se la dissimule à soi-même.
Sans l'espoir de sauver des innocents, qui voudrait se soumettre à la nécessité de punir des coupables ?
Le peuple qu'on accable d'impôts, finit par n'en plus payer.
La campagne est une belle femme sans coquetterie : il faut la bien connaître pour la bien aimer mais quand une fois vous avez senti son charme, elle vous attache pour toujours.
L'éducation, si négligée, mènerait peut-être plus loin que l'instruction : c'est elle du moins qui dirige les passions ; et où ne vont pas les passions !
La vérité est quelquefois complice de la calomnie.
Le courage est une offense, le respect un aveu de servitude aux yeux des grands.
La gaîté est comme une source pure et féconde et ses eaux ne tarissent pas, leur murmure pénètre et flatte l'âme. L'esprit pourrait être comparé à un jet d'eau : d'abord, sa course étonne la vue, mais bientôt sa contrainte et sa maigreur l'attristent.
Bien peu d'hommes, placés entre le déshonneur et une ruine inévitable, sont assez courageux pour faire un bon choix.
A combien d'abus la présence d'un homme vertueux peut mettre obstacle ! Le mal que sa présence empêche est déjà un grand bien.
On m'a parlé d'un septuagénaire qui n'avait pas un seul souvenir satisfaisant. J'ai douté que cela fût ne concevant pas qu'il pût vivre.
Les intérêts bien entendus de la nation et du souverain sont les mêmes.
Une société d'athées peut elle subsister ? Cette question a été souvent agitée, et j'y répondrai par cette autre : une poignée de sable que n'unit aucun ciment, peut-elle être dispersée par un ouragan ?
Souvent on se donne bien de la peine pour n'être en définitif que ridicule.