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L'éditeur, ce n'est pas celui qui dompte la bête, c'est celui qui la socialise.
Christine Angot
L'objet est inessentiel, ce qui compte c'est la demande d'amour.
Il m'est apparu que, même quand on ressent la solitude, c'est souvent faux. Quelqu'un qu'on aime et qui vous aime, qui est là par sa présence ou sa parole, ça représente la vie.
Si la masse était émotive, il n'y aurait plus de guerres, plus de boucheries. Les moments émus de la masse tournent vite à l'hystérie, à la sauvagerie, au pillage, au sacrifice.
Le rêve des filles de l'époque était d'épouser quelqu'un qui leur permettait de rester chez elles. De ne pas être obligées de travailler.
Calomnier c'est le contraire de diffamer, c'est mentir.
Ca peut rendre agressif d'être complètement privé de vie, d'avoir l'écriture qui gangrène tout le reste, en dehors des moments de joie ça peut rendre triste.
Il y a trois formes de rencontres amoureuses, les rencontres de raison, avec des femmes avec qui ont fait sa vie. Les rencontres de circonstances avec celles avec qui on partage des moments inattendus, merveilleux et les rencontres exceptionnelles avec des femmes qu'on ne peut comparer à personne.
Le timbre de sa voix n'était pas le même qu'avant. Les mots avaient l'air de sortir d'une boîte ancienne, d'y avoir été conservés plusieurs années, d'en sortir un par un, détachés les uns des autres, sans fluidité, comme de vieux papiers qui s'effritaient entre ses doigts à la lumière.
Il n'aime pas la musique. Il trouve que ça gêne. Que c'est une servitude. Parce que quand on en écoute, on est obligé d'entendre le morceau sans l'interrompre alors que quand on lit un livre, on peut le lire dans le désordre, sauter des pages, que la liberté est totale. Il aime cette liberté et ne supporte pas d'en être privé.
La passion amoureuse, elle, est liée au surgissement. Elle brouille l'ordre, elle surprend.
Il n'y a rien de pire que l'indifférence comme disent toujours les attachées de presse.
Il n'y a ni morale ni responsabilité en littérature.
Je m'appelle Angot depuis mes quatorze ans, où il m'a reconnue, loi sur la filiation de 72, avant je m'appelais Christine Schwartz, mais ça vous le savez, je l'ai écrit dans presque tous mes livres ; ou alors c'est que vous n'avez pas fait attention.
Le lecteur n'a aucun droit, il n'a rien à attendre de l'écrivain.
Je me suis remise à l'appeler maman au cours de cette semaine-là. Et même, à utiliser le mot sans nécessité. Pour l'avoir dans la bouche. Et le faire résonner à son oreille comme une petite clochette enfin réparée.
Rassembler les familles c'est un crime.
Je l'aimais. Est-ce que l'on sait pourquoi on aime ? Je peux pas te dire pourquoi. C'était comme ça. A partir du moment où il était entré dans ma vie... je le voyais pas en sortir. Il avait changé ma vie. Je pouvais plus la voir sans lui.
Dès qu'il y a une femme qui parle c'est contagieux, toutes elles parlent pareil.
Au théâtre ou dans la littérature, plus les gens attendent des choses, plus il faut leur donner le contraire.
Quand on regarde un spectacle, on ne pense pas à ce qu'on voit. Mais derrière à d'autres images. Dans sa tête à soi. Enfin moi.
Les gens veulent l'amour conjugal parce qu'il leur apporte un bien être, une certaine paix. C'est un amour prévisible puisqu'ils l'attendent, qu'ils l'attendent pour des raisons précises. Un peu ennuyeux, comme tout ce qui est prévisible. La passion amoureuse, elle, est liée au surgissement. Elle brouille l'ordre, elle surprend.
Vois-tu, on ne meurt jamais entièrement, parce qu'on transmet aux autres, aux survivants, surtout à ceux qui vous aiment et vous connaissent bien, un peu de son être. Quand on le comprend, la mort de ceux qu'on aime est beaucoup moins triste. Il dépend de nous de les faire vivre au-delà de leur disparition physique en pratiquant et en transmettant leurs qualités.
Changer de ville c'est un crime, du moins ça n'empêche pas le crime.
L'écrivain aime la vérité qui fait mal, comme les cons la vérité flatteuse.
Ça c'est l'amour d'une mère et son enfant. Il ne meurt jamais. Il ne se finit jamais. C'est un amour éternel.
Ecrire n'est pas choisir son récit. Mais plutôt le prendre, dans ses bras, et le mettre tranquillement sur la page, le plus tranquillement possible, le plus tel que possible.
Comme c'est triste de renoncer en un jour à être aimé. Comme c'est triste d'être écrivain, comme c'est triste d'écrire des livres, comme c'est triste de croire qu'on va être compris. Comme c'est triste d'être aimé des faibles.
La liberté ne se définit pas, elle se vit.
J'avais cessé de l'appeler maman. Ça s'était fait comme ça, tout seul, sans intention, sans décision. Peu à peu. Ça n'avait pas été prémédité. Au début, la fréquence du mot avait baissé. Comme s'il n'était plus nécessaire. Ensuite, il avait pris une tonalité gênante. Il était devenu bizarre, décalé. Puis il avait disparu. Totalement. Il m'était devenu impossible de le prononcer.
Le risque de l'amour pour un être humain, je ne l'avais jamais pris, comme ça je n'étais jamais emportée par la vague.
Anonyme veut dire collectif. Un mot qu'on ne signe pas, ça veut dire qu'il représente la collectivité, quand on ne s'individualise pas.
Ecrire ce n'est pas une seule chose. Ecrire c'est tout. Dans la limite. Toujours. De la vie, de soi, du stylo, de la taille et du poids.
Paris c'est Babylone la ville de toutes les tentations.
L'écriture est une sorte de rempart contre la folie, j'ai déjà bien de la chance d'être écrivain, d'avoir au moins cette possibilité.
Pour humilier quelqu'un le mieux c'est de lui faire honte.
Est-ce que l'amour existe ?
La parole est un acte pour les écrivains. C'est un acte dont on parle. Et donc ça fait des choses, ça produit des effets, ça agit. Ce n'est pas un jeu, un ensemble de règles de toutes sortes.
La littérature n'a rien à voir avec les souffrances des écrivains ou l'idée qu'ils se font de la littérature.
Les gens qui vous aident, on les méprise, les gens qui ne vous aident pas, on les méprise.
Il est là mon plus beau collier. C'est les deux bras de ma petite fille.
Les héros doivent toujours quitter la ville. Parce que nul n'est prophète en son pays, parce qu'il faut toujours sortir pour prêcher, et donc prêcher toujours ailleurs, et donc toujours quitter. Pour se refaire une virginité.
Il y a des écrivains qui ne sont pas des écrivains comme les autres.
La vie des écrivains, c'est plus important que les livres. On entend le mensonge et on entend la vérité, on entend le dedans et on entend le dehors, on est en soi et on est hors de soi.
J'arrive pas à te dire les choses exactement comme je voudrais. C'est difficile quelquefois d'exprimer certains sentiments. J'aimerais tellement pouvoir exprimer ce que je ressens. Mais les choses intimes sont les plus difficiles à exprimer.
Sa chambre et la mienne étaient séparées par une cloison, à laquelle la tête de nos deux lits était collée. Le soir, avant d'éteindre la lumière, je tapais trois petits coups dans le mur, elle répondait par trois coups identiques.
Tu te souviens du poème de Victor Hugo ? "Oh l'amour d'une mère, amour que nul n'oublie… Chacun en a sa part et tous l'ont tout entier… ?" Bon. Ça, c'est l'amour entre une mère et son enfant. Il ne meurt jamais. Il ne finit jamais. C'est un amour éternel. L'amour entre un homme et une femme c'est autre chose. Il peut ne pas être éternel. Mais il est très fort aussi.
La rencontre inévitable est imprévisible, incongrue, elle ne s'intègre pas à une vie raisonnable. Mais, elle est d'une nature tellement autre, qu'elle ne perturbe pas l'ordre social puisqu'elle y échappe.
Il faut savoir annuler les projets même les plus intéressants, pour capter, tout de suite, vite, sur le vif, le mensonge, en train de se faire, en flagrant délit.