Images
Un homme qui n'est choisi que pour remplacer un mort n'est-il pas voué à la mort par l'exigence du rôle même ?
Claire Martin
La mort naturelle est une amie, au fond, pourvu qu'elle ne soit pas trop pressée.
Il y a des mots si opulents qu'ils vous délivrent par leur seul pouvoir.
L'égoïsme est frère de l'avarice. Et l'avarice avait engendré cette insociabilité sans exemple qui lui fit, surtout après la mort de maman, fermer sa porte à quiconque.
Il n'y a jamais de vrais remords derrière l'amour.
Les maris font des confidences, quand ils sont jeunes, qu'ils doivent bien regretter l'âge et la dignité venus.
Les apparences extérieures n'ont jamais trompé personne.
La patience est la seule chose dont on ait besoin en vieillissant et cela me manque comme le reste.
La mémoire, comme le coeur, se laisse abuser, et souvent pas celui-ci comme de juste.
Il y a des moments où ça doit être merveilleux d'être domestique et de pouvoir claquer les portes.
L'on ne ressent guère les peines dont on aperçoit la fin.
Que peut-il nous arriver de pire que d'être ce que nous sommes.
A dix-sept ans, on est plus sensible à l'insulte qu'à l'hommage. Et j'avais honte parce qu'une femme jeune, qu'un homme mûr poursuit, pense toujours qu'il la croit vénale.
Au plus menteur des enfants, le mensonge des adultes ... semble scandaleux.
Les hommes et les femmes sont si étrangers, si dissemblables que, s'ils n'empruntent largement les uns chez les autres, l'amour n'est plus possible.
Votre tendresse, mon amour, comme cela est bien plus démodé que la neurasthénie. Un amant vraiment tendre, mais on peut vivre et mourir sans en rencontrer un seul. Il y a bien quelques individus de l'espèce qui présentent des vestiges.
Il faut avoir une bonne conscience pour se bien fâcher. Je voyais, autour de moi, tous ces visages honnêtement rougis par l'emportement et je sentais, au froid de mes joues, que j'étais verte.
... il y a de ces actes, insignifiants en apparence, qui sont tellement chargés d'horribles possibilités, que les commettre, même s'il n'y a pas de suites, prendre seulement le risque de les commettre, est déjà criminel.
Les hommes ont inventé l'honneur de mourir parce que cela permet d'assassiner en paix...
Le racisme est bien l'infirmité la plus répugnante parmi les diverses laideurs de l'humanité.
Une certaine qualité d'amour, une certaine... quantité aussi, ne laisse guère de place à l'infidélité.
Il est plus facile de subir que de fuir.
Les larmes sont un beau spectacle. Il ne faut le jouer que pour les vivants.
Les défauts ont des sexes. Et ça nous est plus difficile de les supporter quand la nature ne les a pas distribués au gré de notre conformisme.
Les souvenirs, c'est comme le cinéma : lorsque les acteurs sont jeunes, c'est parfois que le film est ancien.
Il est toujours difficile d'avouer son amour à une femme dont on ignore les sentiments.
Ne pas connaître le bonheur ou bien savoir qu'il existe et ne pouvoir le saisir ? : le souvenir du bonheur est suffisant pour combler toute la vie.
L'humilliation de la peur, c'est ce qu'il y a de plus difficile à pardonner.
Les femmes jalouses sont les plus trompées.
L'amitié est bien plus exigeante que l'amour et l'idée que nos amis se font de nous, nous prive de combien de faiblesses délicieuses.
Les malheurs passés ne servent vraiment à rien qu'à faire des livres.
Nous obéissons à quelque chose d'obscurément sacré : la volonté de vivre, qui n'a rien à voir avec la volonté de faire le bien.
On comprend assez tôt que la vie est une horrible chose dont on se serait bien passé.
Celui qu'on méprise et celui qu'on envie n'ont droit qu'à des nuances différentes du même sentiment.
Refuser d'aimer, c'est déjà aimer dans une certaine mesure.
Les femmes s'accommodent assez bien d'une part de mépris dans leur amour.
Ceux qui repoussent la pitié sont souvent les plus pitoyables.
La cruauté, c'est comme une maladie, ça s'attrape.
Ce qui entraîne l'injustice, c'est le caprice.
Les parents ont une si pauvre psychologie de l'amour qu'on aurait le droit de croire qu'ils ont tous fait des mariages de raison.
Je n'avais d'autre raison de lui en vouloir que d'avoir cessé de l'aimer. C'est une chose que l'on pardonne difficilement malgré les "nous resterons toujours copains". Au reste, un homme qu'on a aimé d'amour mérite rarement d'être aimé d'amitié.
C'est toujours la même chose : nos amours sont sublimes ; celles des autres sont d'ignobles coucheries.
Rien ne rend plus rusé, plus hypocrite que l'amour. Ce sentiment, qui est censé être le plus grand de tous, nous fait faire, sans honte, les choses les plus petites et les plus mesquines.
Notre coeur n'est pas brave. Un très long et très grand bonheur l'accable bien plus que le malheur.
Il ne faut pas trop taxer la patience des femmes sous prétexte qu'elles en ont beaucoup. Quand elles l'ont épuisée, les choses n'en vont que plus mal.
On croit que tout est dit, que tout est ensablé, que pas même un mirage n'apportera de verdure sur son désert. Un point d'eau qui sourd péniblement des profondeurs, suscite une brindille. Les oasis ne naissent pas autrement.
Il y a les femmes à qui on peut dire la vérité et il y a les autres. Cela ne change rien à l'amour qu'on leur porte. Cela ne change que les conversations.
Mourir est une chose qui ne se fait que pour soi.
Dix ans d'amour, cela n'est plus très exaltant. On ne se promène plus souvent sur les sommets. Il nous arrive à tous d'avoir envie de souffrir, une fois encore, le délire du commencement d'un amour.
Un amour qui n'a pas été réalisé ou, même, qui n'avait pas atteint la satiété, c'est toujours un volcan qui ne dort pas son dernier sommeil. Que les circonstances s'y prêtent, il flambe de nouveau.