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Ce n'est pas si simple. Les Français d'un côté, les Algériens de l'autre, les bourreaux et les victimes, chacun des camps oublie qu'il appartient à une humanité commune.
Colombe Schneck
Sans passé, les racines arrachées puis détruites, la seule voie possible est de s'inventer. Il n'y a ni lignée, ni héritage, ni meubles, ni immeubles, ni paysages à transmettre, il reste les bagages de l'exilé.
Ma mère est féministe, comme la sienne avant elle. Elles se sont battues pour faire des études, pour travailler. Pour moi, féministe, cela ne veut rien dire. Je n'ai pas besoin de l'être. Tous ces slogans des années 70 me paraissent datés. Acquis. Le combat de ma mère me paraît achevé.
L'amour est une vérité nue.
Peu de gens veulent de manière délibérée le mal, ont conscience de détruire. Ils détruisent en pensant faire le bien, c'est d'ailleurs la manière la plus puissante de faire le mal, vouloir faire le bien. Je ne fais que citer Vassili Grossman : Là où se lève l'aube du Bien, les enfants et les vieillards périssent, le sang coule.
Je garde la peur, à la fin de chaque mois, de ne pas avoir mes règles. Je la garderai pendant des années, pendant dix ans, jusqu'au moment où, enfin, arrivera un sentiment nouveau. Je ne veux plus de sang, je suis prête à avoir un enfant.
On fait des listes, c'est si facile de déshumaniser une personne. Un dentiste syrien devient un migrant, un adolescent tzigane, un petit voleur.
Est-ce que l'amour heureux est sans talent ? Ce que faut-il de malheur pour la moindre chanson, ce que faut-il de regrets pour payer un frisson, ce que faut-il de sanglots pour un air de guitare. Il n'y a pas d'amour heureux.
Je n'ai plus peur que l'amour de l'autre ne se dérobe, puisqu'il se dérobe toujours.
Je crois exister quand je reçois une lettre, un bouquet de fleurs. L'amour, c'est une histoire à deux.
Ma mère prend soin d'enfants handicapés. Elle nous apprend à ne pas faire de différence entre eux, les enfants dont elle s'occupe, et nous, ses enfants. Elle a raison d'être aussi absente. Ils ont davantage besoin d'elle que nous.
Lire des livres écrits par des proches exige une certaine compréhension, les écrire un certain égoïsme.
Les parents doivent tout à leurs enfants, leurs enfants ne leur doivent rien. La peur des parents est un fardeau inutile pour les enfants.
La seule vérité est celle de nos corps l'un contre l'autre, nous embrassant et nous serrant, dans un murmure de paroles sans sens. L'amour est une vérité nue.
Le monde imaginaire est le seul moyen de remplir les vides laissés par les absents.
La richesse n'est pas l'accumulation de biens, mais de liens à l'autre.
L'avortement n'est jamais banal et confortable. Ça vous hante toute votre vie. C'est quelque chose de douloureux.
J'ai aussi eu envie d'écrire Dix-sept ans après avoir lu une interview qu'Annie Ernaux avait donnée à L'Humanité l'an dernier, sur l'avortement clandestin qu'elle avait subi en 1964. Elle dit que si les femmes ne disent pas qu'elles ont avorté, elles prennent le risque que ce droit disparaisse. Les propos de la romancière m'ont marquée.
L'amour, c'est une histoire à deux.
En 1991, je n'avais aucun doute que, comme jeune femme, j'étais l'égale des jeunes hommes, que j'aurais les mêmes chances qu'eux dans ma vie professionnelle, les mêmes droits. Bref que tout était enfin merveilleux, que notre âge était celui du triomphe de la Démocratie, de la Culture, que le féminisme était devenu inutile... Cette illusion va vite s'effondrer
On lui a transmis les valeurs de la culture inca, la richesse n'est pas l'accumulation de biens, mais de liens à l'autre. Le riche est celui qui connaît le plus de monde.
Elle me dit, être juif, c'est avoir peur.
J'ai essayé de me souvenir de la dernière fois qu'un homme m'avait fait un compliment auquel j'avais cru. Je n'ai pas pu. Trop lointain ou peu crédible. Il y avait bien quelqu'un. Peut-être qu'il ne mentait pas.
En 1971, l'avortement, cela voulait dire la prison pour les pauvres, l'Angleterre pour les riches.
Qui est-on, quand on apprend dès l'enfance que rien ne reste ? Qu'il faut toujours être prêt à tout perdre, même sa langue maternelle ? Rien, même les murs d'une maison, une liste de camarades de classe, des habitudes, des goûts, rien ne tient.
Je me contentais de chercher son nom dans l'annuaire. Je pouvais le contempler sur une liste, cela suffisait à un bonheur fragile.
L'amour n'est pas un lingot d'or, il naît, vit, mue ou meurt. Mais, contrairement à nous, il peut se réincarner.
Un amour n'en chasse pas un autre. Il s'agit du même respect, celui pour la vie et les vivants.
Tu m'as appris à aimer, tu as été mon professeur d'amour.
Dans toute vie, on ne peut pas séparer l'amour, la crainte, l'apprentissage, la violence, la tendresse, l'espérance, le roman doit pouvoir intégrer des lignes aussi contradictoires.
La vie n'est pas une histoire, elle n'a pas de sens, elle n'est qu'une succession de hasards, de malchances, et de chances.
On peut perdre ce qui est familier, ce qui vous appartient peut en un instant ne plus vous appartenir, toute chose est remplaçable sans regret, ce ne sont que des choses.
J'aurai bientôt l'âge de mon père, je le regarde avec amour et tendresse, nous sommes presque égaux aujourd'hui. Je pourrai lui dire, Je t'aime et je ne suis pas toujours d'accord avec toi.
De toutes mes forces, petite fille, je tenais à démontrer à mes parents que j'étais heureuse, que je n'avais aucun chagrin et qu'ils avaient donc réussi. J'étais la grande gagnante officielle du concours de la petite fille la plus heureuse du monde.
Je t'aime et si tu ne m'aimes pas, je t'aime assez pour deux.