Images
Souvenez-vous que l'entreprise n'est pas le lieu de l'épanouissement, cela se saurait.
Corinne Maier
On travaille pour faire bouillir la marmite ! Si les gens aimaient vraiment cela, ils travailleraient gratuitement.
Si vous n'avez rien à gagner en travaillant, vous n'avez pas grand-chose à perdre en ne fichant rien. Choisissez les postes les plus inutiles : conseil, expertise, recherche, études. Et ne sortez jamais dans le couloir sans un dossier sous le bras.
La stratégie, c'est simple, puisqu'il n'y a que deux choix possibles ; du reste Fidel Castro, lider maximo des cubains, s'époumonait dans l'un de ses discours-fleuves des belles années (qui ne datent pas d'hier) : Il n'y a pas de troisième voie.
Ceux qui se comportent ainsi sont considérés par leurs collègues comme des cactus de bureau car la convivialité est exigée, sous forme de pots, de blaques convenues, de tutoiements et de bises hyprocrites (toutes choses à simuler sous peine d'exclusion).
La définition de la stratégie d'entreprise est la suivante : on prend toutes les idées qu'on a déjà (c'est-à-dire n'importe quoi), on incorpore toutes les bonnes idées de la concurrence, et on touille.
Des études prouvent que la vie familiale est un handicap pour la réussite professionnelle des femmes, tandis qu'elle constitue un atout pour les hommes : allez comprendre !
Selon un récent sondage IFOP, 17% des cadres français sont activement désengagés de leur travail, ce qui signifie qu'ils y ont adopté une attitude si peu constructive qu'elle s'apparente à du sabotage...
La culture d'entreprise n'est en fait rien d'autre que la cristallisation de la bêtise d'un groupe de gens à un moment donné.
Il est vrai que bouger est l'impératif catégorique d'un capitalisme dont la finalité est de rendre l'inutile à la fois indispensable et frelaté, et ce le plus vite possible.
La philosophe Hannah Arendt le disait déjà : le capitalisme engendre du superflu, et c'est d'abord nous qui sommes superflus !
Prendre des notes en réunion n'est jamais inutile pour l'amateur de formules creuses et pipeautées.
La France a l'art de se vendre comme le pays du bonheur, du sexe, de la fête, de la liberté de pensée et de la création. Mais rien n'est plus faux ; débarrassons-nous de ces idées reçues dignes d'un dépliant touristique.
A sa manière, on peut croire que l'entreprise pratique ce que l'anthropologue Marcel Mauss appelait le potlatch, qui consiste, dans des peuplades primitives, à amasser des surplus et des richesses très grandes afin de les dépenser en pure perte.
Non seulement vivre en France n'est pas une partie de plaisir, mais en plus on vous fait la morale tout le temps. Le paternalisme règne, et la contestation est mal vue. Bref c'est un pays répressif.
Dieu sait pourquoi l'opinion et les médias s'intéressent toujours en priorité à ceux qui crachent dans la soupe. Fort de cette logique, Bonjour paresse, qui crache dans la soupe de l'entreprise.
Pierre de Coubertin disait que l'important c'était de participer, mais l'important aujourd'hui c'est de participer le moins possible.
La preuve que vos diplômes ne valent plus grand-chose ? Quel que soit le papier qui vous sert de cache-misère, l'entreprise ne fait que tolérer votre présence.
Si quelqu'un vous assure qu'il ne veut que votre bonheur, méfiez-vous, car cette personne va forcément se sentir en droit de vous sermonner, vous donner des conseils, et tenter de vous faire faire ce que vous ne souhaitez pas.
Le but est de faire savoir que vous savez faire savoir, et il sera toujours temps de voir si vous savez faire !
Ne crois pas trop à ce que tu fais, ce serait inutile, voire antiproductif. Les individus qui prennent au sérieux les tâches qui leur sont confiées sont des empêcheurs de tourner en rond, voire des fanatiques, qui mettent en danger le système.
Pourquoi tant de colifichets et de mots d'ordre ? parce que l'entreprise, à l'instar de notre société tout entière, est menacée par des ferments de décomposition.