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Certains sentiments sont des souterrains, et on ne peut rien prononcer dans cette pénombre de coeur. L'absence de quelque chose, ça ne veut pas dire que ça n'existe pas.
David Foenkinos
Je ne comprendrai jamais comment deux êtres humains dans un lit, avec des fleurs au-dessus de leurs têtes, peuvent susciter autant d'agressivité.
Faire croire que l'on est heureux est quasiment plus difficile que de l'être réellement.
Les gens qu'on admire n'ont pas le droit de nous proposer leur faiblesse.
J'étais heureux, et j'oubliais que le bonheur est toujours au rivage de la douleur.
J'ai pensé que le bonheur se trouvait peut-être là, au tout début de l'éveil, quand on ouvre les yeux sur notre vie, quasiment surpris d'être nous.
L'amour, un hors-piste du naturel.
Certains moments ne peuvent avoir pour bande-son que le silence.
Les soirées peuvent être extraordinaires, les nuits inoubliables, et pourtant elles aboutissent toujours à des matins comme les autres.
Les lieux sont la mémoire, et bien plus : les lieux survivent à la mémoire.
Bien sûr que j'y avais cru. Ne devait-on pas croire nos amis ? C'était peut- être même la seule croyance valable. Alors, non, je ne m'étais pas posé de question.
J'aime tellement cette capacité des enfants à se protéger du malheur par le fantasme.
Peut-être que la caractéristique majeure du bonheur est d'accélérer le temps ?
Vie ? ou Théâtre ? est une conversation entre les sensations. La peinture, les mots et la musique aussi. Une union des arts nécessaire à la cicatrisation d'une vie abîmée. C'est le choix qui s'impose pour la recomposition du passé.
Il existe un point précis dans la trajectoire d'un artiste. Le moment où sa propre voix commence à se faire entendre. La densité se propage en elle, comme du sang dans de l'eau.
L'éducation, dans la plupart des cas, c'est juste un entraînement quotidien pour nous pousser à ne pas ressembler à nos parents.
Je ne disais rien non plus de mon bonheur. Enfin, c'est sûrement un mot excessif. Je ne devrais pas dire bonheur, mais il manque un terme qui évoque le simple fait d'être bien. On pourrait dire bienheur.
Elle dit : J'ai besoin de réfléchir. Et tout le monde sait à quel point ce besoin de réflexion est mauvais signe. Quand une femme dit vouloir réfléchir, c'est tout réfléchi.
Son passé continuait ainsi par le jeu. J'aime tellement cette capacité des enfants à se protéger du malheur par le fantasme. Après, on ne sait plus très bien comment se protéger, on prend l'eau de toutes parts.
Je ne laissais rien derrière moi, j'avais marché sur ma vie avec des patins, sans laisser de traces.
Il y a parfois des phrases qu'on adore, qu'on trouve sublimes, alors que celui qui les a prononcées ne s'est rendu compte de rien.
On a toujours cinq minutes de retard sur nos conversations amoureuses.
Il voulait se mettre sur son 31. Ce nombre même était trop petit pour elle. Il aurait voulu se mettre au moins que son 47, ou sur son 112, ou alors son 387.
Les morts sont des condamnés à perpétuité certes, mais on les imagine mal tentés de s'évader.
Cette question de la grande vieillesse. Que veulent les vieux ? Ils s'isolent lentement, sur ce chemin qui les conduit à la blancheur. Tout ce qui fait la matière des conversations disparaît. Et on est là, comme des veilleurs de chagrin.
Ils se mirent à rire de cette idiotie, et se serrèrent dans les bras, la meilleure manière au monde de créer le silence.
On peut aimer vivre des histoires bancales, simplement pour être consolé de la solitude.
Ne pas croire en quelque chose, c'est retomber en enfance.
Celui qui contemple la beauté, est predestiné à la mort.
Le silence pansait l'évidence de leur amour.
Rien ne vaut le silence comme argument.
Il y a des gens qui pourraient parler des heures pour ne rien dire, ce sont ceux qui dissertent sur la météo, et qui seraient capables de faire une thèse sur un nuage, tout ça pour ne pas avoir à rentrer chez eux.
Albert se positionne au milieu de la lignée d'hommes dignes. Oui, ils sont dignes. On sent la volonté de ne pas offrir en plus du reste de sa douleur. C'est la seule chose que l'on peut conserver. Quand on n'a plus rien. L'envie de se tenir droit.
On peut finalement se demander si le hasard existe vraiment ? Peut être que toutes les personnes que l'on croise marchent dans notre périmètre avec l'espoir incessant de nous rencontrer ? En y repensant, c'est vrai qu'elles paraissent souvent essoufflées.
On peut aimer un endroit tout entier grâce à un seul détail.
Il n'aurait pas voulu que l'ivresse saccage le plaisir de la voir apparaître. Elle avançait vers lui... elle était si belle... de cette beauté à mettre des points de suspension partout.
On pouvait admettre que le coeur, quand il vivait, quand il se manifestait, écrasait de son hégémonie sensible toutes les péripéties du reste du corps.
Comment vit-on en sachant que l'avenir est peau de chagrin ?
Nous sommes issus d'une science-fiction, celle de l'amour de nos parents, leur jeunesse et leur insouciance.
Une révélation est la compréhension de ce que l'on sait déjà. C'est le chemin qu'emprunte chaque artiste. Ce tunnel imprécis d'heures ou d'années. Qui mène au moment où l'on peut enfin dire : c'est maintenant.
Chacun peut adorer la lecture, à condition d'avoir en main le bon roman, celui qui vous plaira, qui vous parlera, et dont on ne pourra pas se défaire.
Au cours d'une histoire sentimentale, l'alcool accompagne deux moments opposés : quand on découvre l'autre et qu'il faut se raconter, et quand on n'a rien plus rien à se dire.
Deux personnes placées au même endroit verront deux choses diamétralement opposées. Il n'y a pas de vérité unique.
Il était marié. Il nageait dans ce qu'il appelait la vie conjucalme.
L'avenir de l'homme est de devenir une femme.
Il voulait être près des siens. Illusoire rempart à la fragilité des autres.
Je te le dis clairement : l'amour, c'est juste une façon de mesurer l'usure.
L'être humain est doté de cette capacité unique de hocher la tête et de donner l'illusion d'écouter pleinement ce qui se dit, tout en pensant à autre chose. C'est pourquoi il ne faut jamais espérer lire la vérité dans le regard de quiconque.
Il y a tant d'élégance aux premiers fragments de la séduction. Et parfois, je voudrais tant retrouver ce temps unique où nous nous sommes découverts.
Les mots n'ont pas toujours besoin d'une destination. On les laisse s'arrêter aux frontières des sensations. Errant sans tête dans l'espace du trouble. Et c'est bien le privilège des artistes : vivre dans la confusion.