Images
On se réjouit du malheur de ceux qui ont été heureux.
David Foenkinos
En partant ce vendredi soir, il était bien content de pouvoir se réfugier dans le week-end. Il utiliserait le samedi et le dimanche comme deux grosses couvertures.
A cause de la moquette, on n'entendait pas le bruit de ses talons aiguilles. La moquette, c'est le meurtre de la sensualité. Mais qui avait bien pu inventer la moquette ?
Il a alors laissé un blanc dans la conversation. Et je n'avais aucune idée de la manière de mettre un peu de couleur dans son blanc.
Le soulagement est la version douce de la lâcheté.
Ils se regardaient en coin, et c'est toujours le meilleur angle pour la tendresse.
La vie pouvait avancer, la vie pouvait saccager, mais ici rien ne bougeait : la sphère de l'immuable.
Le bonheur nous rend tolérants ou plutôt insensibles aux intolérances des autres.
J'aimais cette liberté qui pouvait conduire au désastre comme à la lumière.
Je devais vivre mon bonheur avec un compte à rebours du malheur dans le coeur.
Les disputes avaient le don de souligner le sentiment d'être vivant. On meurt sûrement plus vite dans l'harmonie conjugale.
C'était donc ça le bonheur, un état de complète satisfaction. Un état rond, sans la moindre faille. Avait-on le droit d'être heureux sans être dans la satisfaction complète ?
Je n'ai certainement pas fait assez de sport dans ma jeunesse pour supporter ainsi les mouvements irréguliers de mon coeur. Cela fatigue tellement, ce mouvement perpétuel du bonheur au malheur.
Cela rejoint la définition de Kandinsky. Créer une oeuvre, c'est créer un monde.
On ne sait jamais que manger ; faire un choix, c'est anéantir tous les autres. La carte du restaurant est la métaphore absolue de toutes nos frustrations.
La vie, c'est surtout des moments brouillons, des ratures, des blancs.
Les souvenirs sont une espèce de point d'arrivée ; et peut-être sont-ils aussi la seule chose qui nous appartient vraiment.
Il faut se motiver pour s'armer contre la terreur du défaitisme, contre l'hégémonie des cyniques. C'est un combat à mener.
Elle pense qu'il va dire : je t'aime. Mais non. Il murmure une phrase importante. Une phrase à laquelle elle pensera sans cesse. Qui sera l'essence de son obsession. Puisses-tu ne jamais oublier que je crois en toi.
Seules les bougies connaissent le secret des agonies.
On cherche toujours des raisons au manque d'amour qui nous ronge. Parfois, il n'y a simplement rien à dire.
De nos jours, pour vendre un produit, il faut en offrir deux. Nous étions passés d'une société de consommation à une société de double consommation.
C'est l'inconvénient du rez-de-chaussée : on ne peut pas cacher son inactivité.
Le quotidien est une redoutable machine à ne plus observer l'autre.
Je suis à toi, je fais tout ce que tu veux, je suis ton corps qui te reçoit et je suis ta bouche qui te boit.
Elle avait la beauté des femmes russes, avec ce regard à la densité d'un roman tragique de huit cents pages.
Il y a parfois bien plus d'émotion à retrouver un amour qu'à le découvrir simplement.
La vie peut être belle quand on sait l'inconvénient d'être né.
La vie des autres, c'est peut-être le meilleur refuge quand le nôtre nous désespère.
On cherche toujours des raisons à l'étroitesse affective de nos parents. On cherche toujours des raisons au manque d'amour qui nous ronge. Parfois, il n'y a simplement rien à dire.
Le collectionneur est un malade qui cherche en permanence sa guérison.
Les enfants sont nos romans, mais nous ne les écrivons plus.
Il y a quelque chose de si étonnant chez le chat. Il a atteint cette aisance suprême du bonheur à ne rien faire. Les hommes n'y arrivent pas. Au bout d'un moment, ils sont obligés de gesticuler, de parler, d'organiser quelque chose.
Perfusés que nous sommes en permanence aux informations, aux témoins, aux commentaires, le monde n'a jamais autant été éclairé par la lucidité. Ainsi, croire en l'avenir devient un véritable choix.
Le silence demeure le meilleur antidote aux désaccords.
Souvent, les paroles ne suivent pas les décisions. Il faut du temps pour mettre en pratique les évidences.
Tout le monde se permet de commenter ce qu'ils pensent de ce que je pense, tout le monde a son avis sur la façon dont je pisse, si bien que même maintenant, quand je vous parle, je ne pas sûr d'être moi.
On confère toujours d'étranges qualités aux silencieux, aux discrets. On peut même les juger insaisissables.
On eut dit une vieille pièce anglaise. Il y avait une horloge assez imposante qui marquait chaque seconde avec la certitude arrogante de travailler pour une entreprise éternelle : le Temps.
Chaque jour près d'elle avait été la conquête immense mais sournoise d'un véritable empire du coeur.
Personne ne connaît jamais le chemin qu'il doit emprunter pour aller où il veut.
Pour définir l'ampleur d'un ragot, il suffit de calculer la recette des machines à café.
Pourquoi toujours choisir ? La vie est une succession de limitations.
J'aurais été capable de me mentir, car on se ment toujours quand on veut coûte que coûte l'amour d'un parent.
Avec Alice, j'alternais sans cesse entre les mouvements d'euphorie où je voulais l'emmener en weekend sur la Lune, et les moments de violences intersidérales où je l'aurais enfouie au coeur de la Terre.
Je suis si célèbre que ma vie appartient à tous. Tout le monde a un avis sur ce que j'ai vécu. Si bien qu'il m'arrive de ne plus être sûr de quoi que ce soit.
Les femmes ne tournent jamais la tête sans une idée derrière.
Le sentiment amoureux est le plus culpabilisant. On peut penser alors que toutes les plaies de l'autre viennent de soi.
Comment croire ceux qui disent écrire pour eux. Les mots ont toujours une destination, aspirent à un autre regard. Ecrire pour soi serait comme faire sa valise pour ne pas partir.
La vie était couleur pastel, celle des bonbons de l'enfance.