Images
La séparation des amants résulte ainsi de leur passion même, et de l'amour qu'ils portent à leur passion plutôt qu'à son contentement, plutôt qu'à son vivant objet.
Denis de Rougemont
Hier nous pouvions encore partir du passé pour juger le présent et même l'avenir... Aujourd'hui, nous devons partir de l'avenir.
L'amour passion fut réellement au douzième siècle, date de son apparition, une religion dans toute la force de ce terme, et spécialement une hérésie chrétienne.
Toute oeuvre humaine, tout acte humain, et même parfois les plus élémentaires, exigent et supposent un avenir.
La moitié du malheur humain se résume dans le mot d'adultère. Malgré toutes nos littératures - ou peut-être à cause d'elles justement - il peut sembler parfois qu'on n'ait encore rien dit sur la réalité de ce malheur.
Etre amoureux n'est pas nécessairement aimer. Etre amoureux est un état ; aimer, un acte. On subit un état, mais on décide un acte.
La décadence d'une société commence quand l'homme se demande : "Que va-t-il arriver ?" au lieu de se demander : "Que puis-je faire ?".
L'amour est le comble de l'esprit.
Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n'est pas le plaisir des sens, ni la paix féconde du couple. C'est moins l'amour comblé que la passion d'amour. Et passion signifie souffrance.
Si un homme pouvait penser complètement la mort, il mourrait à cet instant-là.
Cette chose est absurde et magnifique, entre haut mal et bien suprême, qu'on nomme si légèrement l'amour.
La vraie condition de l'homme, c'est de penser avec ses mains.
J'oublie le nom, tant mieux pour lui, du grand savant qui avait trouvé pourquoi la radio n'avait aucun avenir : c'est que n'importe qui pourrait capter ses messages !
La guerre n'exprime plus l'instinct sexuel normal, ni même la passion qui l'utilise et le transcende, mais seulement cette perversion de la passion qu'est le complexe de castration.
C'est la douleur seule qui rend consciente la passion, et c'est pourquoi l'on aime souffrir, et faire souffrir.
L'extrême de la luxure touche parfois l'extrême de la chasteté exaltée.
C'est moins l'amour comblé que la passion d'amour. Et passion signifie souffrance. Voilà le fait fondamental.
Toute politique est autorisation de l'avenir.
La passion est cette forme de l'amour qui refuse l'immédiat, fuit le prochain, veut la distance et l'invente au besoin, pour mieux se ressentir et s'exalter.
L'amour heureux n'a pas d'histoire. Il n'est de roman que de l'amour mortel, c'est-à-dire de l'amour menacé et condamné par la vie même.
Le plus bas nous paraît le plus vrai.
L'amour du mariage est la fin de l'angoisse, l'acceptation de l'être limité, aimé parce qu'il m'appelle à le créer, et qu'il se tourne avec moi vers le jour afin d'attester notre alliance.
L'invention technique procède de l'homme seul et non de ses besoins vitaux, mais de ses rêves, c'est-à-dire de ses vrais désirs.
La passion interdite, l'amour inavouable, se créent un système de symboles, un langage hiéroglyphique, dont la conscience n'a pas la clé.
Le caractère le plus profond du mythe, c'est le pouvoir qu'il prend sur nous, généralement à notre insu.
Ce qui nous trompe, quant à la nature même de l'avenir... c'est tout simplement l'ignorance où vivent la plupart d'entre nous quant à leurs véritables désirs, rêves ou besoins.
La loi du monde est que l'homme lutte contre le monde, en assumant le risque de sa propre perte.
Nous avons besoin d'un mythe pour exprimer le fait obscur et inavouable que la passion est liée à la mort.
La liberté est pouvoir sur soi-même, et les richesses ne sont que pouvoir sur les autres.
Le marxisme : une réduction de l'Apocalypse aux dimensions de l'Europe du XIXe s., industrielle, embourgeoisée, rationaliste, matérialiste, naïve et dure.