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L'homme de droite n'est pas moins révolté que l'homme de gauche face à l'injustice et à la cruauté. Il convertira éventuellement sa révolte en action, mais sans l'enrégimenter dans un projet révolutionnaire. Il peut haïr la société ; il peut cultiver le pessimisme le plus noir ; il aime la vie au naturel, et le bonheur auquel il aspire, c'est hic et nunc […]
Denis Tillinac
À l'angélisme de la gauche, la droite oppose une lucidité pessimiste. L'homme doit être protégé contre lui-même et la seule loi échouera à brider ses instincts de mort, si manque le socle d'une morale transcendante. La nôtre repose sur le prédicat judéo-chrétien d'une faute initiale avec la perspective d'une rédemption, au prix d'un combat contre le satanisme sous-jacent à notre volonté de vivre.
Dans l'imaginaire des Français, la Provence est l'allégorie d'un Paradis à la fois luxuriant et un peu enfantin.
Le mot bonheur est un générique, on peut y mettre pêle-mêle les menus plaisirs, les joies grand-angle ou simplement la paix des cœurs et les conforts qui l'enjolivent.
Le contentement de soi est la pire des infirmités.
Les mots sont plus souvent des fardeaux que des messagers.
La pire des avarices : celle des sentiments.
Presque tous ceux que j'admire sont morts, J'ai dû venir au monde trop tard.
Minuit vient de sonner. Musique triste de la pluie sur les carreaux. Le temps coule avec lenteur, grain après grain dans son sablier géant.
Pour préserver la cohésion et maintenir l'harmonie, il a fait souvent semblant de ne pas voir, de ne pas savoir, de ne pas entendre.
Nationalisme, maladie sénile du patriotisme. Cosmopolitisme, maladie infantile de l'universalisme.
C'est en vue d'être cotée sur le "marché du désir" qu'une femme se pare.
Nos pauvres gouvernants misent à côté de la plaque en nous serinant qu'il faut penser à l'avenir plutôt qu'au passé. L'avenir, on s'en fout. D'ailleurs l'avenir ça n'existe pas. Tandis que, pour un Français, le passé sera toujours le temple d'un culte, public ou privé, et une maison de famille où les portraits d'ancêtres sortent de leur cadre et vaquent comme s'ils avaient toujours vingt ans.
C'est toujours sur les lieux de leur enfance pauvre ou boiteuse que les riches veulent étaler leur réussite.
L'extrémisme politique, quel qu'il soit, est une pathologie de l'esprit de révolte.
Une vérité avalisée par mille personnes est déjà un lieu commun ; par dix mille, c'est presque immanquablement une sottise.
Tout écrivain est porté à cultiver ses nostalgies, la recherche du temps perdu étant son obsession, presque sa raison d'être.
Une vieille, c'est laid, ma petite Hélène. On n'y peut rien. Tu es belle comme un abricot, un jour tu seras laide comme un pruneau.
Aucun droit n'est acquis pour toujours.
Le divorce est une foutaise d'adultes, ils confondent tout, les pauvres, l'amour et la conjugalité, l'amour et la sexualité. Comme tu me l'as si bien expliqué, le charme cesserait si Yseut devenait madame Tristan. Nous continuerons de nous aimer entre les mailles de leurs filets. Clandestinement. Je l'aime, notre clandestinité.
Amant, c'est un statut à l'aune d'autrui. J'avais peur que la délicatesse parfumée du mot ne se dilue dans la mélasse du vocabulaire convenu, liaison, maîtresse. Adulte et adultère, ça rime. Je n'avais jamais été un adulte, je l'étais moins que jamais : pas question de devenir adultérin en me donnant corps et âme à la seule aventure qui vaille.
Le contraire de la légèreté, c'est la lourdeur, pas la gravité.
Le temps, ennemi implacable. La jalousie, mauvaise compagne. Toujours l'amour, mais avec des orages. Mon cœur battait des chamades de plus en plus saccadées entre ses "je t'aime" hâtifs, ses "je dois raccrocher" fébriles, ses "je te rappelle" excédés.
"J'adore !", "Je déteste !" : langage du barbare, dont les adulations se claquent au superlatif. hyper, géant, super, génial, top ! Civilise-toi en usant du comparatif.
Sois simple comme bonjour. Ce qui te personnalise ne doit apparaître qu'à ton insu.
L'histoire de France est une page blanche en forme d'hexagone sur laquelle chacun de nous dessine les figures d'une fantasmagorie : la sienne.
L'avantage d'être un peu poète, c'est de s'approprier les lieux sans devoir passer chez le notaire.
Les têtes pensantes de l'islamisme radical misent leur rêve dément d'un califat universel sur le dépérissement de nos fondements moraux. Ils misent sur une confusion funeste : la défense de notre liberté et ses scories "libertaires" entretenues dans un climat de dérision permanent par le système consumériste. Ils misent sur le toboggan nihiliste où nous sommes lâchés.
Préfère le sourire de l'humour au fiel de l'"engagisme", les idées qui émeuvent à celles qui mobilisent, les affinités électives aux fraternités partisanes.
La foi chrétienne n'est pas nécessaire pour enluminer le patriotisme de l'émotion sacrée qui nous saisit devant la tombe de Péguy dans les blés et les coquelicots de la Brie ; il suffit de sentir charnellement que la France fut une chrétienté d'antique ruralité avant d'être un État, une nation, une monarchie, une république. De sentir cela et d'en tirer fierté et réconfort.
Avant de prendre la parole, apprends à maîtriser ta langue, à ordonner ta pensée et à hiérarchiser tes coups de coeur.
Les enfants jouent à la course au trésor, les adultes à la course aux honneurs et ça n'aura jamais de cesse.
A l'heure des bilans tu regretteras moins tes égarements que tes renoncements dictés par la prudence ou par la peur.
J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au cœur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur.
Toute cause semble attrayante à un cœur juvénile, aucune n'est claire si l'on prend le moindre recul.
Être de droite, c'est prendre en compte le passé simple, composé, décomposé, recomposé d'un sol fertilisé par les paysans, christianisé par des saints et longtemps, très longtemps, assemblé et gouverné par des rois. Et c'est aimer ce passé comme un enfant aime sa mère, même si elle l'a taloché plus souvent qu'à son tour.
Nos élus ne cessent de pondre des lois burlesques et une pléthore de fonctionnaires sont commis à la mise en application de règlements abscons, incohérents, souvent courtelinesques.
Répudie les "ismes" racoleurs, ils décervellent leurs dupes avant de les embastiller.
L'amour pour de vrai n'a ni pitié ni tolérance, il veut régner ou mourir.
Passé la soixantaine, les élans romantiques ne sont plus de saison. Le moteur a des ratés, la carrosserie des éraflures. On compte ses abattis et ses points de retraite. On commence à pressentir que l'escale ici-bas connaîtra une fin sous une dalle ou dans une urne, au choix.