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Au moment de briser la vie de quelqu'un, c'est difficile de savoir de quelle manière on lui fera le moins de mal.
Didier van Cauwelaert
Je pense que tout vient de là : vous faites pleuvoir parce que vous avez peur du soleil.
On ne se méfie jamais assez des contre-emplois qu'on croit jouer : ils deviennent un jour notre seconde nature, et la première n'existe plus.
Depuis des mois, je retarde le moment de fixer par écrit notre dernière nuit. De retourner dans la réalité physique de ce moment de grâce - je pèse mes mots - dont je ne conserve que l'élan, la densité, le mystère.
C'est une enfant seule, comme moi, qui a dû grandir avec un rêve qu'elle n'a pas réalisé mais qui est resté intact, et qui empêche sa vie de déteindre sur elle.
On n'attend plus rien de la vie, et soudain tout recommence. Le temps s'arrête, le coeur s'emballe, la passion refait surface et l'urgence efface tout le reste.
Sur la vitre qui protège le guichet, un joli dessin montre une gentille dame qui dit Bonjour ! dans une bulle en souriant. Ce qui permet à l'employée, vingt centimètres plus bas, de continuer à faire la gueule en gagnant du temps sur les civilités.
Il y a une certaine incompatibilité, voire un choix nécessaire, entre comprendre et se faire plaisir.
Pourquoi ne fait-on l'effort de comprendre les autres que lorsqu'ils ne nous gênent plus ? Elle avait tout pour me fournir l'amour qui remplit une vie et nourrit une oeuvre. Mais j'ai cherché ailleurs pour me croire libre.
Au fil des heures passées avec Yun, Marc devenait de moins en moins mort.
Je vais au collège, comme un ado normal ; j'ai des parents à problèmes, des kilos en trop et je suis nul en tout. Au moins, on ne se méfie pas de moi. Et ça tombe bien.
Mais le bonheur est la seule certitude, dans la vie. Si vous passez à côté en connaissance de cause, il se vexe et il ne revient pas. C'est ça la certitude.
Toujours cette peur de blesser ceux qu'on aime en ouvrant notre coeur. Ce qu'ils déduisent de nos silences leur fait tellement plus mal.
Ah oui, au fait, nous avons cloné le Christ.
Quand les pisciniers se mettent à connaître l'Evangile mieux que les évêques, l'Eglise a du souci à se faire.
C'est ma femme qui a tout monté. Je ne trouve pas d'autre explication. Elle a su mon accident, elle a cru que j'étais mort et elle a fait passer son amant pour moi.
L'être humain est sur terre pour garder son cap, rayonner, transformer. Malheureusement, c'est souvent le contraire qui se produit. La vie nous détourne, la société nous éteint, le temps nous fait changer.
Il faut souffrir ponctuellement de la présence des autres, pour apprécier ensuite la solitude en connaissance de cause : les vrais solitaires ne sont pas des ermites, mais des mondains intermittents.
Elle répondit qu'elle n'avait pas le droit de sortir une pièce à conviction. - Quelle conviction ? T'en as une ?
Je tourne en rond, je revis nos souvenirs en boucle, dans l'illusion que le bonheur passé finira par déteindre sur le présent pour nous redonner un avenir.
C'est drôle comme on réagit bizarrement, quand on commence à tenir à quelqu'un.
Ils ont peur l'un de l'autre parce qu'il se rendent heureux.
C'est si facile de se croire libre quand on est qu'inutile.
L'être humain n'est pas brevetable, mais son procédé de fabrication, si.
Maman avait toujours raté sa vocation d'arriviste ; ça la rendait humaine malgré son physique de jeu vidéo.
Le souvenir se remet à vivre quand on lui rend sa liberté.
Et le problème, avec les rêves, c'est que parfois ils se réalisent.
C'est assez doux, vous le verrez un jour, d'être l'ombre de soi-même. De se dire que les autres n'ont pas réussi à vous modifier.
Une star existe par l'image que s'en fait le public, et l'amour qu'on vous porte nourrit sans fin les sentiments qu'on vous prête.
C'est bon d'avoir eu un copain. C'est moins douloureux qu'une femme, quand ça vous quitte. On a toujours l'espoir qu'on restera copains, et que les moments passés ensemble ne seront pas effacés par de nouveaux souvenirs avec un autre.
Chaque 1er août, j'attelle la caravane à la voiture, et on va la promener. Il ne faut pas trop se plaindre. Un chien, par exemple, ça se sort tous les jours.
Qui peut dire si l'on ne maintient pas en vie la conscience de ceux qu'on a aimés en reproduisant leurs gestes, en reprenant leur tics, en vaporisant leur odeur ?
L'éducation, en fait, c'est toujours de la rééducation.
On ne sait jamais quel malheur nous attend, alors un bonheur est toujours bon à prendre.
Une réforme qu'on promet depuis vingt ans, ce n'est plus une réforme, c'est un refrain.
Quand on refuse de se mentir, on se condamne fatalement à la déception.
Un jour, à force de caresser les mots, ils m'entraîneraient avec eux sous la surface, et il n'y aurait plus personne au-dessus du livre ouvert.