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C'est quand on est enfin arrivé au dégoût d'écrire, à la honte d'ajouter ne serait-ce qu'un mot à l'écoeurante quantité de ce qui a déjà été publié qu'on a une petite chance de comprendre ce que c'est qu'être un écrivain.
Dominique Noguez
Si l'habit ne fait pas le moine, le moine, pour autant, se promène rarement nu.
A se mordre les doigts on se retrouve vite manchot.
Dans le meilleur des cas, un écrivain est un petit monstre que la nature ou les tortures subies dans son enfance ont doté de deux anomalies (outre, évidemment, une émotivité de midinette) : une hypertrophie de l'imagination et une hypertrophie du bagou.
Les disparitions sont plus affreuses d'être sans traces.
L'humour, c'est se lancer dans le vide mais avec un élastique.
La vie : comme ces voyages dans des villes à peine entrevues, où nous espérons revenir et où nous ne reviendrons jamais.
L'amour partagé est très souvent une avarice à deux.
L'amour dans toute sa plénitude, je ne l'aurai connu que par les livres.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que l'écrivain doit vivre dans une tour d'ivoire. La vie littéraire se fait aussi dans les cocktails.
L'un des grands bienfaits de l'amour partagé, c'est cet ensoleillement de tout l'être qui rend comme invisible et comme invulnérable. On ne voit plus les autres (sinon pour leur donner par réverbération de la tendresse et de la compassion).
Si la mort était une solution, on ne le saurait même pas.
J'ai toujours dit qu'il fallait changer de vie tous les dix ans.
Si le chrétien a bien tendu la joue gauche, il lui reste à re-tendre la joue droite.
Si l'on organisait des parties de colin-maillard dans les camps naturistes, qui n'aimerait porter le bandeau ?
Une langue est faite pour transmettre le meilleur d'hier à ceux qui viendront demain.
Humour, c'est amour ; ironie, c'est mépris.
Rater le trou dans la couche d'ozone : Trop tard.
L'âge où l'on ne sait pas quoi dire. Puis celui où l'on se répète.
Soyez un écrivain mineur, cela vous rajeunira.
Ces gens qui fêtent leur anniversaire ! Comme si leur vieillissement d'un an était un événement ! Autant fêter la première fuite de gaz d'un appartement, ou sa trente-sixième lézarde.
On naît dans les pleurs ; on devrait crever dans un fou rire.
La mort est un western muet dans les plaines du Nouveau Mexique.
Il n'est si belle veste qui se retourne.
Le mal est double : il y a celui qui ne dépend pas de nous et celui qui en dépend.
L'humour est une machine à changer le malheur en plaisir, mais le malheur se venge.
La modestie est l'élégance de l'orgueil.
Le premier homme qui se coupa les cheveux prenait des risques : rien ne l'assurait qu'ils repousseraient.
Nos vies sont faites d'événements majeurs qui n'ont pas eu lieu, elles sont l'écume de ces espoirs sans suite.
L'oisiveté est la mère de tous les vices ; l'égocentrisme en est le père.
Les manchots étaient à deux doigts d'en venir aux mains.
L'amour c'est quand on attend des heures un coup de téléphone qui ne vient pas.
Quand on veut trouver du sens, on en trouve. C'est même le commencement de la paranoïa.
Difficulté de publier des aphorismes, les critiques pensent qu'ils pourraient en faire autant.
Jeter le bébé et garder l'eau du bain.