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Il n'y a rien de mal à aimer la Beauté. Mais la Beauté - à moins d'être alliée à quelque chose de plus profond - est toujours superficielle.
Donna Tartt
Il y a chez Proust, un passage célèbre où Odette ouvre la porte avec un rhume, elle boude, ses cheveux sont défaits, pas peignés, sa peau est tachetée et Swann, qui ne sait jamais soucié d'elle jusque-là, en tombe amoureux parce qu'elle ressemble alors à un Botticelli, une fille sur une fresque légèrement endommagée.
Plus terrible encore, lorsque nous grandissons, d'apprendre qu'aucune personne, si aimée qu'elle soit, ne peut jamais nous comprendre vraiment.
Il me semblait que ma vie entière se composait de ces fractions temporelles disjointes à traîner dans un endroit public après l'autre, comme si j'attendais des trains qui n'arriveraient jamais.
On aime à croire que cette vieille platitude, amor vincit omnia, a quelque chose de vrai. Mais si j'ai appris une chose pendant ma triste existence, c'est que cette platitude est un mensonge. L'amour ne vainc pas tout. Qui croit cela est un imbécile.
Je crois qu'une diversité de professeurs est nuisible et ne peut que troubler un jeune esprit, tout comme je crois qu'il vaut mieux connaître un livre à fond qu'une centaine de façon superficielle. Je sais que le monde moderne a tendance à me donner tort, mais après tout Platon n'a eu qu'un seul professeur, de même qu'Alexandre.
C'est une gloire et un privilège d'aimer ce que la mort n'atteint pas.
L'inquiétude ! Quelle perte de temps. Tous les livres sacrés avaient raison. De toute évidence "l'inquiétude" était la marque d'une personne primitive et non évoluée spirituellement.
Ne pas écrire me fait souffrir...
Qui a dit que la coïncidence était juste la façon qu'a Dieu de rester anonyme ?
Le temps est quelque chose qui défie indifféremment printemps et hiver, naissance et déclin, le bien et le mal : Quelque chose d'inchangé, de joyeux, d'absolument indestructible.
Et j'ajoute mon propre amour à l'histoire des amoureux des belles choses, eux qui les ont cherchées, les ont arrachées au feu, les ont pistées lorsqu'elles étaient perdues, ont oeuvré pour les préserver et les sauvegarder tout en les faisant passer de main en main, littéralement, leurs chants éclatants s'élevant du naufrage du temps vers la prochaine génération d'amoureux, et la prochaine encore.
Je pense que l'existence est une catastrophe en soi, vu que ça finit mal pour nous tous. Telle est, hélas, notre condition humaine. Même si l'on se protège ou qu'on semble heureux, le drame peut frapper à n'importe quel moment. Nul n'y échappe ; c'est précisément cela qui m'intéresse dans le prix que doit payer l'être humain.
Il avait ce air indéfinissable des gens qui ont reçu des privilèges et les ont perdus.
Quand tu te sens nostalgique, lève les yeux. Parce que la lune est la même où que tu ailles.
En partant de chez moi j'ai pu me fabriquer une nouvelle histoire, beaucoup plus satisfaisante, remplie d'influences évidentes et simplistes liées à l'environnement ; un passé coloré, facilement accessible aux autres.
J'ai tendance à approfondir un sujet au lieu de le traiter de façon superficielle, parce que mon écriture doit apporter quelque chose à la matière que j'explore. Écrire, c'est aussi plonger en soi, mais, étant de nature introspective, ça ne me demande pas trop d'effort.
Il y avait un martèlement affreux et irrégulier dans ma poitrine, comme si un oiseau énorme était pris au piège dans ma cage thoracique et se cognait jusqu'à en mourir.
Mais cela a-t-il du sens de savoir que l'histoire se termine mal pour tout le monde, même les plus heureux d'entre nous, et qu'au bout du compte nous perdons tout ce qui nous tient à coeur…
Profonde douleur, que je commence tout juste à comprendre : nous ne choisissons pas notre coeur. Nous ne pouvons pas nous forcer à vouloir ce qui est bon pour nous ou ce qui est bon pour les autres. Nous ne choisissons pas qui nous sommes.
Trop se soucier des objets peut vous tuer. Si ce n'est que, si vous vous souciez suffisamment d'une chose, elle prend vie, non ? Et n'est-ce pas leur but, quand elles sont belles, de vous relier à une beauté supérieure ?
La raison pour laquelle un succès précoce peut désorienter un écrivain, c'est que ce succès peut le pousser à surproduire.
Le temps, et les projections répétées ont empreint le souvenir d'une menace que ne possédait pas l'original. J'ai vu des choses se passer très calmement - sans peur, sans pitié, sans rien sauf une sorte de curiosité médusée - de sorte que l'impression de cet événement est gravée de façon indélébile sur mon nerf optique, mais curieusement absente de mon coeur.
La beauté est rarement douce ou consolatrice. Plutôt le contraire. La véritable beauté est toujours très inquiétante.
Il ne convient pas de s'effrayer de ce dont on ne sait rien. Vous êtes comme des enfants qui ont peur du noir.
Enfant, j'observais et j'écoutais déjà tout. Chacun incarne un mystère, même les êtres qui nous sont le plus chers. On ne connaît jamais personne, tant le visage qu'on présente au monde diffère de celui qu'on est à l'intérieur.
Difficile de philosopher dans un roman sans paraître ennuyeux, alors mieux vaut distiller les grandes idées avec subtilité. Les livres ont le pouvoir de nous modifier de l'intérieur, c'est pourquoi ils représentent un danger. Certains sont brûlés parce qu'ils peuvent changer nos idées et influencer les êtres humains que nous sommes.
La mort est au cœur de la vie, si on l'oublie, elle se rappelle violemment à nous.
Nous n'aimons pas le reconnaître, mais l'idée de perdre contrôle est quelque chose qui fascine plus que tout, ou presque, les gens aussi contrôlés que nous le sommes.
Première question : est-ce que Dieu a le sens de l'humour ? Seconde question : est-ce que Dieu a un sens de l'humour cruel ? Tu vois : est-ce que Dieu joue avec nous et nous torture pour son propre amusement... ?
Tout ce que j'aime ou dont je me soucie n'est qu'illusion, et cependant, à mes yeux en tout cas, tout ce qui vaut la peine d'être vécu se résume à ce charme-là.
Nous allons tous mourir, mais cette sombre pensée ne doit pas nous empêcher d'exister dans la joie. Les tableaux et les livres vivent grâce à la vie que nous leur insufflons.
Tous les peuples vraiment civilisés –les anciens non moins que nous –se sont civilisés par la répression volontaire du soi archaïque, animal. Sommes-nous, aujourd'hui même, réellement très différents des Grecs ou des Romains ? Obsédés par le devoir, la piété, la loyauté, le sacrifice ? Toutes ces choses tellement glaçantes pour la sensibilité moderne ?
Ce qui m'intéresse dans mon travail romanesque, c'est ce paradoxe entre une personne qui peut sembler attirante, alors qu'elle est plus sombre qu'on imagine. L'inverse est tout aussi vrai, puisqu'un être étrange peut cacher des trésors. Pas étonnant que le "trompe-l'oeil" ne s'applique pas aux autres sens !
Je n'ai jamais rien eu de commun avec aucun d'entre eux, rien sinon ma connaissance du grec et l'année que j'ai passée en leur compagnie. Et si l'amour est quelque chose qu'on a en commun, je suppose que nous l'avions en commun, mais j'imagine que cela peut paraître bizarre au vu de l'histoire que je vais vous raconter.
Tout acte, dans la plénitude du temps, sombre dans le néant.
L'amour ne vainc pas tout. Qui croit cela est un imbécile.
Entre la réalité d'un côté et le point où l'esprit la heurte de l'autre, il y a une zone intermédiaire, un liseré irisé où la beauté vient au mondé où deux surfaces très différentes se mêlent en une masse indistincte pour offrir ce sue n'offre pas la vie, et c'est l'espace où tout l'art existe, et toute la magie..
Que fait-on quand est la victime d'un coeur périlleux ?
Je ne possède pas le don de la concision, puisque je mets dix ans pour donner vie à un gros roman.
La véritable beauté est toujours très inquiétante.
La jeunesse m'interpelle, car tout semble flottant et changeant pendant ce passage. Il est possible de faire des erreurs qui ruineront le reste de notre existence. Un jeune n'a pas la maturité de comprendre les ramifications qu'engendrent ses décisions.
Toute ma vie d'adulte, j'avais été nourri en privé par cette grande joie cachée et sauvage : la conviction que ma vie entière tenait en équilibre sur un secret qui pouvait la faire exploser à n'importe quel moment.
L'esprit est son propre lieu et peut faire en lui-même un Paradis de l'Enfer
Il est impossible d'être romancier au XXIe siècle sans être influencé par les médias et par les films ; nous sommes des créatures avec d'énormes cortex visuels.
Le peintre te transmet un message secret. Il te révèle que les choses vivantes ne durent pas, que tout est temporaire. La mort au coeur de la vie.
La beauté modifie le grain de la réalité.