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Rien n'est plus doux aussi que de s'en revenir Comme après de longs ans d'absence, Que de s'en revenir Par le chemin du souvenir Fleuri de lys d'innocence Au jardin de l'Enfance.
Emile Nelligan
Elle a les yeux couleur de ma vague chimère, O toute poésie, ô toute extase, ô Mère ! A l'autel de ses pieds je l'honore en pleurant, Je suis toujours petit pour elle, quoique grand.
Qu'il est doux de mourir quand notre âme s'afflige, Quand nous pèse le temps tel qu'un cuisant remords.
Les cloches ont chanté ; le vent du soir odore... - Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots, - Je suis gai, si gai, dans mon rire sonore, - Oh ! si gai, que j'ai peur d'éclater en sanglots !
Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ? - Qu'est devenu mon coeur, navire déserté ? - Hélas ! Il a sombré dans l'abîme du Rêve !
Pleurez, oiseaux de février, - Au sinistre frisson des choses, - Pleurez, oiseaux de février, - Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses, - Aux branches du genévrier.
Comme des larmes d'or qui de mon coeur s'égouttent, - Dans mes vingt ans déserts vous tombez toutes, toutes.
Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte - O le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en choeur, - Ainsi que les espoirs naguère à mon coeur, - Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.
Je suis gai ! je suis gai ! Dans le cristal qui chante, - Verse, verse le vin ! verse encore et toujours, - Que je puisse oublier la tristesse des jours, - Dans le dédain que j'ai de la foule méchante !