Images
Il faut museler le moi. Le renoncement produit de grands effets.
Éric-Emmanuel Schmitt
Qu'est-ce que la vérité ? Il y a la tienne, la mienne et celle de tous les autres. Toute vérité n'est que la vérité de celui qui l'a dite. Il y a autant de vérité que d'individus.
La vérité au singulier, c'est une victoire, c'est la défaite des autres, au mieux un armistice. Mais la vérité n'est jamais une ; c'est pour cela qu'elle n'existe pas.
Je ne sais pas où l'on va mais ce qu'il y a de sûr, c'est qu'on y va !
La mort n'est que la mort ; on ne signifie rien par sa mort mais on la subit.
On ne dit jamais rien parce qu'on parle tout le temps.
Heureux ? Quelle drôle d'idée ! Est-ce que le soleil est heureux ?
L'art aide à vivre.
Un peu de mal est parfois plus intolérable que beaucoup de mal.
Dites lui que l'amour d'un père est un amour malaisé puisqu'il ne peut se contenter de spontanéité, il doit se montrer plus réfléchi que n'importe quel amour.
Cependant, qu'est-ce qui est le plus difficile ? Souffrir de faire ce qu'on n'aime pas ou souffrir pour faire ce qu'on aime ?
La mort, nous privant de toute possibilité de souffrance, doit être attendue comme une béatitude.
Tant qu'on ne reconnaîtra pas que le salaud et le criminel sont au fond de nous, on vivra dans un mensonge pieux.
L'artiste sait faire son miel de tout, y compris des chagrins.
Un gouvernement doit faire croire qu'il gouverne, mais ses décisions sont dictées par les équilibres des partis et des circonstances.
La décadence de l'amour ! Les termites ! Ces insectes qui bouffent les poutres et les charpentes. On ne les voit pas, on ne les entend pas, ils grignotent jusqu'à ce qu'un jour la maison s'écroule.
L'enfance est un pays que l'on traverse sans s'en rendre compte. Arrivé aux frontières, si l'on se retourne, on remarque le paysage, mais c'est déjà trop tard. L'enfance ne s'aperçoit qu'une fois quittée.
Répondre à l'agression par l'amour, c'était violenter la violence, lui plaquer sous le nez un miroir qui lui renvoie sa face haineuse, révulsée, laide, inacceptable.
Pourquoi voudriez-vous que le loup change quand les agneaux restent les mêmes ?
L'obligation d'orgasme, n'est-ce pas ce qui empoisonne les relations des hommes et des femmes ? Sous pression, ils se contraignent à y parvenir, transformant un moment gratuit, libre, inutile, en une compétition qu'il faut gagner.
Les questions les plus intéressantes restent des questions. Elles enveloppent un mystère. A chaque réponse, on doit joindre un "peut-être". Il n'y a que les questions sans intérêt qui ont une réponse définitive.
Toute haine est sans doute de l'amour déçu.
Chacun de nous a trois existences. Une existence de chose : nous sommes un corps. Une existence d'esprit : nous sommes une conscience. Et une existence de discours : nous sommes ce dont les autres parlent.
Le fanatisme, c'est une surcompensation du doute. Et le fanatique, c'est celui qui refuse de douter.
Les écrivains ne peignent pas le monde tel qu'il est, mais le monde tel que les hommes pourraient le faire.
La caractéristique des hommes, c'est qu'ils refusent leur destin. Ils préfèrent leur liberté.
Chaque être se révèle unique. Dans le cas contraire, c'est nous qui ne le voyons pas.
L'envieux ne crache que sur celui qui le dépasse.
Les larmes sont des messagères subtiles qui distillent mille informations à la fois.
J'ai l'impression que la musique exprime le monde où on vit, c'est-à-dire la partition sentimentale de l'existence, l'espèce de réalité vitale qui nous lit au monde et aux autres. Je trouve que souvent la musique dit la vérité.
La vérité, c'est juste le mensonge qui nous plaît le plus, non ?
L'autorité gagne à ne pas se justifier.
Un roi n'est roi que parce qu'il a des ennemis, qu'il en triomphe et qu'il s'en fait respecter.
Hitler sourit et, dans ce sourire, il y avait toute la condescendance de la divinité qui redescend au niveau des hommes pour leur signifier avec une tristesse lassée : Non, je ne vous en veux pas de n'être que ce que vous êtes, je vous pardonne.
Je n'avais jamais noté combien l'âge nous rend libres. A vingt ans, nous sommes le produit de notre éducation, mais à quarante ans, enfin, le résultat de nos choix - si nous en avons fait.
Le mal, c'est la promesse qu'on ne tient pas. Qu'est-ce que la mort, sinon la promesse de la vie qui court, là, dans mon sang, sous ma peau, et qui n'est pas tenue ?
Ne pense plus avec ta conscience personnelle, pense avec une autre conscience, celle du monde, pense tel l'arbre qui bourgeonne, telle la pluie qui tombe.
Demain dieu, c'est Noël. J'avais jamais réalisé que c'était ton anniversaire. Fais en sorte que je me réconcilie avec Peggy parce que je ne sais pas si c'est pour ça, mais je suis très triste ce soir et je n'ai pas de courage du tout.
Les femmes, c'est comme les lapins, ça s'attrape par les oreilles.
Les snobs, ce sont des paresseux qui ne savent ni penser ni juger par eux-mêmes. Pour occuper les snobs, on a inventé la mode, le dernier cri, la nouveauté.
La vertu est la seule richesse.
L'amour est une preuve que nous ne percevons la réalité qu'à travers le filtre de nos fantasmes ; pis, il démontre que la réalité n'est pas grand-chose.
Ce qu'il y a de beau dans un mystère, c'est le secret qu'il contient et non la vérité qu'il cache.
Le salaud se regarde tranquillement dans la glace, il s'aime, il s'admire, il se justifie, il a l'impression - tant qu'il n'est pas mis en échec - de triompher des difficultés qui arrêtent les autres ; il n'est pas loin de se prendre pour un héros.
Selon moi, tant d'égards confirmaient mon intuition que j'étais noble. En tous cas, je l'étais aux yeux des miens.
Les arbres sont le contraire des hommes : à mesure qu'ils s'élèvent, ils cherchent le ciel.
L'humanité se pense, se réfléchit, se trouve, s'éprouve au théâtre d'abord.
Le gros en moi, ça y est, je le vois : le gros, ce n'est pas le vainqueur des autres, mais le vainqueur de moi le gros c'est le meilleur de moi qui marche devant moi, qui me guide, m'inspire.
D'ordinaire, la vie est une tueuse d'histoires : certains matins, on sent que quelque chose va commencer, de plein, de pur, d'exclusif, puis le téléphone sonne, c'est fini.
Tel est le cercle vicieux des égocentriques : leur ego demande tant qu'ils finissent par avoir besoin d'autrui. Ce doit être épuisant. Il vaut mieux n'être qu'un simple égoïste.