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Une origine est toujours la fille d'une origine plus ancienne.
Erik Orsenna
Je pense aux ingénieurs qui voient le monde comme une planche à dessin. Je pense aux paysans qui depuis tant d'années se sont acharnés à faire en sorte que le monde coïncide avec le dessin de la planche.
L'obsession que j'ai de toi s'est enfoncée sur ma tête comme un chapeau trop grand. Je suis coiffé de toi. Je ne vois plus que toi.
La pluie engendre-t-elle la tristesse ? Ou la tristesse, se sentant trop seule, appelle-t-elle la pluie pour l'avoir comme compagne ?
Très peu de choses sont urgentes, même en politique.
L'amour est une conversation... L'amour c'est lorsqu'on ne parle qu'à l'autre. Et lorsque l'autre ne parle qu'à toi.
Le plus étrange, c'est que le mot Mot, si je puis dire, vient du latin -muttum- dont on a tiré Mutisme, l'absence de parole. Drôle de destin pour le mot Mot, qui sert à parler.
Une histoire qu'on n'arrive pas à raconter ressemble à un amour qu'on n'ose pas s'avouer.
Le coeur net... quelle drôle d'expression ! Je ne crois pas que j'aimerais me... nettoyer le coeur !
Après tout, une phrase, pour un mot, c'est une prison.
Lire ressemble à regarder l'horizon. D'abord on ne voit qu'une ligne noire. Puis on imagine des mondes.
Tous les mots sont des outils. Ni plus ni moins. Des outils de communication. Comme les voitures. Des outils techniques, des outils utiles. Quelle idée de les adorer comme des dieux !
Il ne faut pas confondre amitié et besoin de confidences.
Si l'on n'a pas une bonne démocratie, il y a une mauvaise légitimité des décisions et quand la croissance diminue, les risques de remise en cause de la solidarité sont considérables.
J'aspire à ce que toutes les langues et les manières d'écrire se multiplient. Ainsi pourront naître d'innombrables sens. Que serait l'amour d'aujourd'hui sans le SMS ?
D'où vient l'imaginaire, sinon de pays que nous ne connaissons pas encore ?
Les citations sont les pilotis de l'écrivain fantôme : sans elles, il s'enfoncerait doucement dans le néant.
Le savoir est l'arme la plus efficace contre les tyrans. La preuve : ils brûlent toujours tous les livres.
Un écrivain a pour métier la vérité. Laquelle a pour meilleure amie la liberté. L'animal par nature étant plus libre que l'humain, nul ne prête plus attention à ses propos que l'écrivain.
Les Puissants, qui ont tout dans cette vie, n'attendent plus qu'une chose : l'immortalité. Faisons-leur confiance pour mettre autant d'habileté et d'acharnement à la construire qu'ils en ont déployé pour atteindre au pouvoir.
La seule vérité de la vie, tu m'entends... La seule, c'est la préférence... Oser la préférence. Tu aimes la musique ? Sois musicien.
Notre bonheur doit être notre secret le plus défendu.
J'envisage d'ailleurs d'aller vivre en Bretagne quatre jours par semaine. La vie est la seule carrière qui m'intéresse.
Méfiez-vous ! Les mots ne sont pas ce qu'on croit : de petits animaux doux et dociles, auxquels il n'arrive jamais rien. Les mots aiment l'amour. Mais aussi la bataille. Ils se trouvent ainsi mêlés à toutes sortes d'aventures, sentimentales et dangereuses.
D'après ce que je vois, nous souffrons, vous et moi, de la même maladie grave : la curiosité. Vous savez que le mot curieux vient du latin cura : le soin ? Soyons fiers de notre défaut : être curieux, c'est prendre soin.
Toute agitation n'est pas action.
Souvent, toucher, effleurer même, vaut mieux que parler.
Chaque livre invente sa route. Il va aussi libre, parmi toutes les histoires possibles, que chaque bateau sur la mer entre toutes les destinations.
Souvent les filles ont moins besoin de sommeil. Peut-être parce qu'elles songent beaucoup durant la journée : elles n'ont pas besoin de la nuit pour rêver.
Les grammairiens se passionnent pour la structure de la langue, son ossature. Alors forcément, chez eux, le squelette est plus visible. Je sais, je sais, il y a des grammairiens gros. Mais la grammaire n'est-elle pas le royaume des exceptions ?
Bénissez la chance, mes enfants, d'avoir vu le jour dans l'une des plus belles langues de la Terre. Le français est votre pays. Apprenez-le, inventez-le. Ce sera toute votre vie votre ami le plus intime.
Quand on ne dispose pas de bateau - ou plutôt d'eau pour les y faire naviguer -, la seule façon de fuir, c'est lire.
Réclamer le possible, tout le possible, c'est critiquer le monde tel qu'il est.
La vie râpe. Il faut tout faire pour l'adoucir.
Le jardin est la prolongation naturelle d'une conception de la vie.
Pour moi, une journée idéale, c'est écrire, faire le marché, la cuisine, puis partir en mer.
La vie est une. Qui la découpe en petits morceaux n'en peut saisir le visage.
Un maître mot : jouer sur les mots, les temps, les lieux et les hommes.
Tentative de définition du paradis : seul endroit de la terre d'où l'on fuit au péril de sa vie.
Le sel de l'amitié, c'est le mutisme partagé, cette vie souterraine qui double la vie apparente.
Il est dans la nature des rumeurs d'enfler telle la pâte à pain soulevée par la levure.
Nous sommes fait d'eau. Et, comme elle, nous suivons notre plus grande pente.
Le bonheur d'une femme est un rempart. Tout chagrin est une porte.
D'ordinaire on ne retient des voyages que leur destination, alors qu'ils sont d'abord, des sources.
Il suffit à un point d'en ajouter deux autres pour que le final devienne suspensif. Et que l'espoir renaisse.
Paris a tissé, Paris a grandi, s'est grandi, Paris a accueilli, Paris a créé et s'est créé. Alors, ce qui me frappe dans une ville, c'est évidemment cet apprentissage permanent toujours remis en cause et toujours renouvelé de la diversité.
Moi d'habitude si peureuse, moi, cette fois, je souriais. Car j'avais ma réponse à la petite voix aiguë. Qu'est-ce que l'amour sinon du doute, de l'attente, du désir, de l'espérance ?
Les politiques français n'ont jamais connu la modestie.
Tout jardin est, d'abord l'apprentissage du temps, du temps qu'il fait, la pluie, le vent, le soleil, et le temps qui passe, le cycle des saisons.
Il se contenta de poser sa main droite sur son épaule. Une main légère comme un oiseau. Souvent, toucher, effleurer même, vaut mieux que parler.