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Elever un enfant c'est lui apprendre à se passer de nous.
Ernest Legouvé
J'aime l'escrime, d'abord à titre de Français, parce que c'est un art national, un fruit du pays comme la conversation. Qu'est-ce que faire des armes ? c'est causer ! Car qu'est-ce que causer ? n'est-ce pas parer, riposter, attaquer, toucher surtout, si l'on peut, et Dieu sait qu'à ce jeu-là, la langue vaut bien le fleuret.
Mme Nacker de Sausure, dans un ingénieux chapitre de l'éducation progressive, a merveilleusement décrit l'aptitude des enfants à transformer une chaise en un carrosse, une poupée sans tête en une petite fille, et le sable du jardin en mille objets variés ; leur vie ressemble à une fiction.
Le plus dur des esclavages est l'esclavage de la pensée ; s'y soumettre volontaire· ment dans un intérêt de crainte ou d'ambition, s'appliquer soi-même un sceau sur les lèvres pour empêcher une vérité utile de s'en échapper, c'est une manière de se vendre !
La conscience ressemble aux facultés de l'esprit, elle a besoin d'éducation. En l'exerçant, on lui apprend à Voir plus juste, et par conséquent à se faire mieux obéir. Souvent, dans la vie, on ne fait le mal que parce qu'on n'aperçoit pas clairement le bien, ou qu'on parvient à se le cacher sous quelque sophisme.
Je n'appelle idées fausses que celles qui détruisent la vérité dans l'esprit en altérant le jugement. Toutes les choses non vraies ne sont pas fausses ; fiction et fausseté ne sont pas synonymes ; une idée fausse est une idée qui trompe.
Il n'y a plus de fiançailles, il y a des accords. Il n'y a plus de fiancé, il y a des futurs.
La tendresse, bien réglée, bien ordonnée, affermit l'autorité en la moralisant. On ne peut pas porter une vraie affection à ses enfants sans garder la part de pouvoir nécessaire au développement de cette affection. L'autorité, au contraire, n'exclut pas sans doute l'affection, mais elle ne l'engendre pas, elle n'en est pas la source, souvent même elle en est l'obstacle.
On ne sait pas assez combien la liberté est un sentiment éducateur et favorable à la raison ; la contrainte exalte notre confiance en nos propres forces ; mais dès qu'un être jeune et droit se sent chargé de lui-même, cette responsabilité le remplit d'une salutaire terreur, et dans ce silence de toute voix étrangère, il interroge, il écoute, il juge la voix intérieure qui s'élève.
La coquetterie qui veut inspirer des sentiments qu'elle n'éprouve pas est un vice affreux et détestable ; mais vouloir plaire innocemment, c'est une manière d'aimer son prochain.
Rien de si utile pour élever un enfant que de bien définir son caractère, et rien de si difficile que de distinguer dans ces natures mobiles et ondoyantes les points fixes, les qualités fondamentales sur lesquelles on peut prendre appui.
Qui n'apprend pas à voir ne voit pas.
Il y a chez tous les enfants, même les meilleurs, un fonds de malignité étrange. Qu'ils se montrent souvent égoïstes, qu'ils aient peine et parfois même se refusent obstinément à donner ce qui leur appartient, je ne m'en étonne pas, c'est l'histoire de l'âme humaine, et nous, hommes, nous ne différons souvent des enfants qu'en ce que nous cachons nos sentiments et qu'ils laissent voir les leurs.
Malheur donc aux parents qui usent de leur irrésistible ; ascendant moral pour imposer à leur fille un mari qui lui déplaît ; sur eux retombe la responsabilité de ses fautes !
L'homme n'arrive à faire tout ce qu'il peut qu'en aspirant même à ce qu'il ne peut pas, et l'idéal est une image placée devant nous par la providence pour que nous la poursuivions toujours, que nous ne l'atteignions jamais, et que la poursuite de la perfection nous entraîne dans les champs sans limites de la perfectibilité.
Je marie ma fille, tel est le mot de presque tous les parents, et le mot dit la chose. Alléguant toujours la jeunesse des fiancées, comme si cette jeunesse n'était pas le premier abus à réformer, ils substituent trop souvent leur goût ou les intérêts de leur vanité à l'intérêt de leurs enfants.
Que dirons-nous donc de nos usages ? Il n'y a plus de fiançailles, il y a des accords. Il n'y a plus de fiancé, il y a des futurs. A peine l'engagement est-il pris qu'on se précipite vers la réalisation, comme si tous ces gens n'étaient travaillés que d'une crainte, celle de se connaître !
L'un des traits distinctifs des ouvrages vraiment supérieurs, c'est d'être tout à la fois de leur époque et en avance sur leur époque ; d'exprimer tout haut ce que tout le monde sent tout bas confusément, de dire ce que tout le monde a besoin d'entendre et ce que personne ne dit.
Les femmes ont dans ces questions de sentiment, une perspicacité, une finesse, une force de logique, qui l'emporte de beaucoup sur notre méthodique et lourde raison masculine.
Si vous frappez un enfant par colère, vous perdez tout empire sur lui, on ne règne sur les âmes que par le calme.
La chasse endurcit les muscles, elle n'endurcit pas le coeur. Les chasseurs ne sont ni moins affectueux, ni moins sensibles que les autres hommes.
Le self-government me paraît le but principal de l'éducation ; élever un enfant, c'est lui apprendre à se passer de nous, et tout selon moi doit tendre à remettre au plus tôt, et le plus souvent possible, à l'élève les rênes de lui-même ; help on yourself, compte sur toi.