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Hölderlin m'a toujours fasciné. Une fois il a dit que l'homme est un dieu quand il rêve et à peine un mendiant quand il pense. Et c'est vrai, le rêve de n'importe quel homme est l'œuvre d'un grand poète, et ce qu'il pense au réveil est bien souvent une ânerie. Cette phrase de Hölderlin définit sa position vis-à-vis de l'art, qui correspond plus à la nuit qu'au jour.
Ernesto Sábato
Quoi qu'il en soit, l'homme qui rêve est un grand poète et quand il se réveille il redevient un pauvre type. Généralement, tout au moins.
Je crois que la vérité est parfaite pour les mathématiques, la chimie, la philosophie, mais pas pour la vie. Dans la vie, l'illusion, l'imagination, le désir, l'espoir comptent plus.
Nous sommes faits de telle sorte que nous ne pouvons entrevoir l'éternité que par la chair faible et périssable.
... on peut détester avec le plus de raison ce qu'on connaît à fond.
La vérité ne peut presque jamais se dire quand il s'agit d'êtres humains, car elle ne peut engendrer que douleur, tristesse et destruction.
L'espérance ne serait-elle pas la preuve d'un sens occulte de l'Existence, une chose qui mérite qu'on lutte pour elle ?
Nous savons qu'on ne peut faire du grand art que dans un climat de liberté absolue. L'inverse est soumission, art conventionnel, donc faux. Et par conséquent il n'est pas utile à l'homme. Les rêves sont utiles parce qu'ils sont libres.
Mais pourquoi cette manie de vouloir trouver des explications à tous les actes de la vie ?
Etre original, c'est, en un sens, mettre en valeur la médiocrité des autres, ce qui me paraît d'un goût très douteux.
Je concentrais toutes mes forces, observant cette ombre qu'est la réalité ambiante ; ombre de quelque édifice ou de quelque mur qu'il ne nous est pas loisible de contempler.
La vérité est parfaite pour les mathématiques, la chimie, la philosophie, mais pas pour la vie.
Un génie est... quelqu'un qui découvre que la pierre qui tombe et la lune qui ne tombe pas représentent un seul et même phénomène.
L'échec de beaucoup de personnes nous sauve un peu.
... c'est incroyable à quel point la cupidité, l'envie, la prétention, la grossièreté, l'avidité et, en général, tout cet ensemble d'attributs qui forment la condition humaine, transparaissent sur un visage, dans une démarche, dans un regard.
Il arrive à chacun de se croire un surhomme tant qu'il ne s'est pas aperçu qu'il est en même temps mesquin, impur et perfide.
Le tango : une pensée triste qui se danse.
Le sexe est une des formes primaires du pouvoir.
Toute notre vie ne serait-elle qu'une suite de cris anonymes dans un désert d'astres indifférents ?
Quelque part, dans sa correspondance, Flaubert dit qu'il s'est promené dans un bois par un beau jour d'automne, en sentant qu'il était l'homme et son amante, et les feuilles qu'il foulait, le vent et les mots qu'échangeaient les amoureux.
L'homme est un être duel et malheureux, qui se déplace et vit entre la terre des animaux et le ciel de ses dieux, qui a perdu le paradis terrestre de l'innocence, sans avoir pour autant gagner le paradis céleste de la rédemption.
... vivre consiste à se faire de futurs souvenirs.