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Tout éveil de l'esprit n'est qu'un retour à l'âge divin.
François Hertel
Nous ne sommes jamais très exactement que nous voudrions êtres.
La pauvreté, c'est beau ; mais il y a des limites. Saint Thomas dit qu'il faut une certaine aisance pour servir Dieu.
Etre habile, c'est déjà mépriser un peu.
L'être humain est ainsi fait qu'il se veut surtout autonome. La personne cherche l'autre qui la complétera, mais si l'autre lui apparaît comme une menace à son autonomie, elle se détournera. C'est pourquoi les forts sont condamnés aux faibles.
Nous ne devrions, toute notre vie, que prendre du champ pour bien sauter dans l'éternité.
L'amour est une triste histoire, toujours fatale pour quelqu'un.
Qu'est-ce que l'humour ? C'est la faculté de rire des nigauds dans un pays où le nigaud est légion.
Vivre, n'est-ce pas réfléchir, se posséder.
Dieu ne s'offre que dans l'anéantissement de l'esprit. La nuit intérieure est préalable à toute contemplation de Dieu.
Au fond ceux qui se croient laborieux ne sont peut-être que des paresseux qui s'ignorent.
Dès qu'un homme découvre du mystère dans une femme, il est bien menacé d'en être amoureux.
La nature, miroir de soi où l'on se retrouve tout entier.
Juger la vie n'est pas la refuser, c'est au contraire l'accepter en plénitude.
Le meilleur moyen de se guérir, c'est encore d'agir comme si on était guéri.
Il ne faut pas trop forcer le destin. L'avenir est moins facile à manoeuvrer que le passé. Il faut attendre tel qu'il est prévu.
La difficulté à vaincre est l'affliction par excellence de l'homme moyen.
Causer, n'est-ce pas produire ? Peut-être que la gratuité du créateur est plus pure quand il sait que ce qu'il crée ne sera que la flambée d'un moment.
Un fait certain c'est que si l'amour meurt, on ne meurt point d'amour.
Aucun héritage n'est beau Mais n'est-ce pas survivre un peu ? Non, c'est mourir davantage.
C'est bon écrire. On regarde filer sa main, qui trace de curieuses arabesques ; et la pensée précède ou accompagne la grimace de l'encre qui s'écoule et des signes qui s'inscrivent.
Il ne faut pleinement révéler à eux-mêmes que ceux qui sont assez forts pour supporter le fardeau.
Nous sommes ainsi faits que nous ne possédons d'autres facteurs de continuité et de cohérence que les instincts de notre personnalité.
L'art de vivre pleinement ne consiste pas tant à compliquer les choses simples qu'à simplifier celles qui ne le sont pas.
Le grand espace éloigne les êtres. On ne vit une intimité complète que dans le cercle restreint d'un lieu aimé.
Créer, n'est-ce pas singer l'oeuvre de Dieu ?
Ce qu'il y a de tragique dans bien des philosophies, c'est qu'on n'admet pas de finir.
Il n'y a qu'une bonne mort pour donner le sens de la vie !
L'absence finit par vaincre l'amour le plus fort et la présence occasionnelle est encore plus terrible pour l'amoureux sans espoir que la complète séparation.
On cherche en ce monde à se dépasser pour se réaliser. Or, on ne se dépasse jamais sans un grand amour.
Ecrire, n'est-ce pas se libérer toujours ?
La religion, comme l'art, est par-dessus tout un culte désintéressé.
Les livres enseignent tout. Excepté la vie. Celle-ci ne s'apprend qu'en vivant.
Il n'y a nul héroïsme à exécuter ce qu'on ne peut refuser. Surtout si c'est une tâche facile.
On essaie en vain de rattraper sa vie. Le passé, présence hallucinante qui fut quand on veut la rejoindre.
Le sport est une évasion complète de la vie.
La rudesse du combat contre les choses pousse l'homme vers lui-même.
Quand on a de l'imagination, on jouit bien plus en esprit qu'en réalité.
Notre richesse, ce sont nos souvenirs.
Ce qu'on est peu de choses quand on n'est qu'un homme. Les orgueilleux sont surtout des sots.
La volonté de ne point douter empêche le doute.
Entrer en pleine solitude, c'est un peu se tenir soi-même dans sa main et s'offrir au néant.
Nulle jouissance n'égale peut-être celle de se posséder dans la sagesse.
Ce n'est ni le spleen, ni le marasme, ni le malheur. C'est quelque chose de plus âcre. C'est le désespoir.
Comme l'idée de devoir s'obnubile et se perd, quand on fouille sa conscience et qu'on découvre avec horreur que l'être humain ramène toujours tout à soi et ne cherche en somme qu'à se béatifier.
Les artistes créateurs ne peuvent vraiment pas être aimés. Ils sont trop hauts, trop inaccessibles. Ils sont condamnés à la solitude.
Rien de plus terrible, quand on a été un enfant de talent, de n'être plus qu'un adolescent qui se cherche.