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Venise, c'est une jeune fille tuberculeuse, poitrinaire comme on disait autre fois, moite dans sa robe de brocart, fardée par la fièvre, du sang bleu dans les veines, le col fléchi sous le poids de ses perles en forme de palais rongés par sa sueur.
Françoise Giroud
Pour ce qui est du corps, on ne s'emploie jamais assez à le rendre heureux.
Agir, c'est se protéger.
Toujours, j'ai eu le sentiment violent d'être provisoire et de m'inscrire, ..., point fugitif et infinitésimal dans la tapisserie sans fin de la vie universelle.
La politique, c'est cela : avoir une vision et agir pour qu'elle se réalise.
Au vrai, presse et pouvoir sont inséparables comme des siamois condamnés à une coexistence hargneuse. Du moins en pays démocratique.
Si le sida ne s'attrapait qu'à travers des seringues, il n'intéresserait personne.
Qui a dit : Je veux bien mourir pour le peuple, mais je ne veux pas vivre avec ? Quelqu'un dans mon genre. C'est si facile de mourir, c'est si joli un héros. Et une héroïne donc !
Vivre sans téléphone portable, vous imaginez le supplice ?
J'ai toujours pensé que les salaires devaient s'établir en raison inverse de l'intérêt que l'on prend à son travail.
Je crois que les arbres souffrent quand on leur scie le tronc et que mes plantes vertes flétrissent quand je néglige de leur parler, qu'elles ont quelque chose comme un système nerveux qui les avertit de ma sollicitude.
La féminité n'est pas une incompétence. Elle n'est pas non plus une compétence.
Les premières étreintes sont toujours un peu ratées. On se jette l'un sur l'autre, à l'aveuglette ; poussé par trop de hâte on ne prend pas le temps de faire connaissance avec une peau, une odeur, un sexe étrangers.
Je ne crois pas que la justice règne jamais parce que l'injustice n'est pas dans les lois, elle est en chacun de nous.
Je veux bien que l'on suffoque dans la raison, mais que l'on s'y tienne !
Le chômage est comme une marée noire qui recouvre l'herbe verte, là où elle a poussé.
Les raisons du commerce sont toujours les plus fortes.
Etre belle n'est pas mon métier, mais c'est une politesse quand on s'exhibe. J'ai le sentiment bizarre d'être impolie...
Il ne s'agit plus d'apprendre à confectionner des bombes et à les jeter mais de mettre le feu dans les esprits : là est le secret du progrès social.
Comment peut-on être satisfait de soi à la télévision, sauf à être malade de fatuité ? A quel diable obéit-on en s'exposant ainsi ?
A travailler on s'ennuie moins qu'à s'amuser.
Et je crois que la foi est une espérance tragique.
Je ne sais pas ce qu'est l'ordre des choses, à part le rythme des saisons et cette façon qu'a la terre de tourner sur ses gonds.
Il ne faut jamais oublier que la majorité, en France, est à droite, aujourd'hui comme hier.
Dans la mesure où je suis libre - mais je ne sais pas ce qu'est au juste la liberté -, je préfère ma soif de sens à la sécurité de ceux qui, croyant l'avoir trouvée, prétendent m'imposer leur vérité.
Les révoltes qui se manifestent par les armes, on peut les mater. Celles qui naissent et se propagent par l'esprit sont insaisissables.
Pourquoi certains arrivent-ils toujours en avance ? Parce qu'ils pensent : "On ne m'aime pas assez pour m'attendre." Pourquoi d'autres arrivent-ils toujours en retard ? Parce qu'ils pensent : "On doit m'aimer assez pour m'attendre."
Combien de fois faut-il que le bonheur vous ait glissé entre les doigts pour apprendre qu'il reviendra si on lui laisse la porte ouverte ?
La jeunesse est courte. C'est la vie qui est longue.
Il faut se garder d'étiqueter les hommes pour toujours. une situation crée une relation. Une situation nouvelle crée une relation nouvelle. L'amitié, c'est ce qui résiste à une modification de la situation où l'on est devenus amis.
La télévision n'est pas le reflet de ceux qui la font, mais de ceux qui la regardent.
Ecrire, j'y arrive encore. Vivre, cela me paraît de plus en plus superflu.
C'est un drôle de pays, la France, où les négociations ont toujours lieu après le déclenchement des grèves et non avant.
Ignorait-il qu'une femme qui a cessé d'aimer efface purement et simplement de sa mémoire celui qui fut l'objet de son amour ? Qu'elle l'abolit ? Eh bien, j'allais donc le lui apprendre.
Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il montre le bout de son nez, on dit : C'est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l'expulser.
Demain est une puissance cachée.
Ne pas faire la gémissante. Il y a des gens qui, en rentrant chez eux, ne trouvent que la facture d'EDF.
La situation la plus insupportable n'est pas le malheur subi, c'est le malheur imaginé.
Souvent, ceux qui sont au pouvoir se croient invulnérables.
On est toujours amoureux à cause, mais on aime malgré.