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Prendre la rue du plus tard, c'est arriver à la place du jamais.
Frédérique Deghelt
Parfois, l'humour permet de danser sur le fil des pensées sans y rencontrer la fatale mélancolie.
La mer quand on la rencontre tardivement, nous souffle l'idée que sans elle vous étiez orphelin.
Dans la vie on ne dit pas tout ce qu'on pense, on ne pense pas tout ce qu'on dit et l'on ne fait pas non plus tout ce qu'on croit.
On cherche maintenant à gommer le temps qui précède la mort. On voudrait pour cela soustraire les vieux vivants que nous sommes, de peur qu'ils n'encombrent le regard de ceux qui veulent oublier que toute destinée a une fin.
Jouer, c'est remonter le courant de la peur, aller à la recherche de la partie de soi qu'on ne connaît pas.
L'aventure, ça se vole, le destin ça se fabrique, l'avenir, il faut l'attraper au lasso et tenir sur la selle du cheval sauvage qu'est la vie non désirée.
Pourquoi faut-il en venir à réclamer la permission d'exister à ses enfants ? Comme s'il ne suffisait pas déjà d'être griffée par le temps.
Je crois moi que si les femmes lisent tant c'est parce qu'elles peuvent entendre ce qui n'est pas dit et qu'elles n'ont jamais peur que les sentiments laissent sur elles ces traces qui existent déjà dans leur coeur.
On dit toujours que ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts, mais on devrait ajouter que ce qui nous mine quotidiennement finit par nous tuer !
Ce n'était pas la jeunesse qui passait avec le temps. C'était une certaine façon de la considérer.
La vraie liberté, c'est d'accorder à l'autre l'envol de ses désirs et le charme de taire ce qu'il en fait.
Les miroirs n'ont aucune importance quand on vit depuis très longtemps dans le regard amoureux d'un être que l'on connaît par coeur.
Mon corps est un champ de bataille, un désordre oublié dans ta présence. Mon tout-petit je t'étreins dans une larme. Ta naissance est une montagne, un gouffre.
La part de rêve qui m'offre la lecture me révèle une réalité, la mienne.
Donner de soi dans une page devrait toujours s'apparenter à une envolée, même si personne ne lit.
On le voit bien chaque jour dans nos pauvres petites existences. On oublie si facilement que tout peut s'arrêter d'un moment à l'autre.
Je suis éblouie de le découvrir si tard : on ne souffre plus si l'on sait que notre amour pour l'autre ne peut être détruit.
On ne risque rien à devenir ce que l'on est déjà. On connaît la valeur de la vie et ce que ça peut apporter d'être au monde. Il ne faut mettre de l'énergie qu'à être soi-même. Se trouver reste la clé.
Il ne peut y avoir de décisions innocentes quand les enfants deviennent les parents de leurs parents.
J'ai peur de ton regard qui scrute et qui m'observe, j'ai peur de ta présence, j'ai peur de ta beauté, j'ai peur de tes mains et j'ai peur de t'aimer.
Ne jamais s'endormir sans penser que demain tout ira mieux.
Quand on peut se dire sur un simple regard, sans toi je suis sans vie, alors on sait que quelque chose est train d'arriver qui au mieux va nous illuminer, au pire nous changer. Etre à ce point enchanté, c'est à la fois merveilleux et terrible.
Capter l'image d'un instant, ça ne veut pas obligatoirement dire savoir le photographier.
L'amour, ce n'est pas juger, c'est donner à l'autre le confort de se récupérer quand il s'est perdu.
Peut-être dans un cri d'amour faut-il être deux à crier, et quand l'autre se tait, où en est-on ?
L'école de Jules Ferry m'avait appris à lire, celle de la lecture allait m'apprendre à vivre.
Bonnes ou mauvaises, les conséquences de nos actes sont toujours des mystères.
Croire qu'on est appelé par un destin qui nous ressemble, c'est déjà un bout de chemin.
Aucun être normal, si ce n'est une femme, ne peut s'engloutir ainsi dans l'amour sans y perdre la raison. Une femme qui aime, c'est une Amazonie à elle toute seule.
A quel moment avons-nous oublié que l'amour est un feu qu'il faut nourrir ?
Nous, les vieux, avons encore dans nos mémoires des choses racontables afin qu'ils tiennent d'une main la confiance en l'avenir et de l'autre une trace du passé.
J'ai de trop beaux souvenirs pour être triste de les accumuler.
Un couple, c'est une association de malfaiteurs. Au bout de quarante-cinq ans, on ne sait toujours pas lequel des deux aime le plus, lequel souffre le plus, lequel s'en contente.
Notre vie est bâtie comme une série de pays reliés par des ponts.
Tu as touché à la seule chose qu'il ne fallait pas toucher, la seule chose pour laquelle je ne peux pas pardonner. Tu as touché à mon amour.
Tout plutôt que le non-être, le non-recevoir, le non-dit, le non. Tout plutôt que l'anonymat soudain de deux personnes qui se côtoient et ne savent plus rien de l'autre que ses soucis quotidiens, ses rythmes intestinaux.
Le chagrin est une blessure qui demande à saigner pour pouvoir guérir.
Aimer, c'est toujours donner.
Le droit à l'érudition appartient aux riches. Pour les pauvres, avoir appris à lire c'est savoir ânonner plus ou moins bien nager dans l'univers des lettres, celles de l'alphabet et non celles de la littérature !
On ne meurt pas des coups durs, on meurt quand on oublie qu'ils existent et qu'ils vous frôlent à chaque instant.
Aller chaque jour à la rencontre de l'autre, c'est se forcer à savoir ce qu'il reste de soi-même.
En amour plus qu'ailleurs, le silence est préférable aux mots dits. Je goûte l'instant, je jouis du silence pour conjurer le temps.
Ce qu'on écoute entre les sons, ce sont les silences qui servent à entendre les pensées. C'est la raison pour laquelle, dans la vie courante, nous avons peur du silence et nous le comblons sans cesse.
Le monde appartient à ceux qui veulent le prendre à bras-le-corps, le parcourir, l'embrasser, même si quelquefois, ça tourne mal.
Quand je lis le roman d'un écrivain, je suis toujours frappée de ce regard singulier : cette façon de saisir la banalité et d'en rendre compte sous un angle insolite, cet art de tisser un lien entre des choses qui n'ont pas l'air d'en avoir.
Peu importe la façon dont on libère les idées. Si quelque chose s'écrit dans nos coeurs, même en secret, la résonance de cette parole s'en va dans le réservoir des mots, là où puisent les créateurs.
J'ai toujours horreur des salles à manger ou chambres où, immanquablement, sur une des tables, trône l'évidence arrêtée d'un couple souriant dans la blancheur immaculée de son union. L'horreur conjugale encadrée.
Les gens qui ne pleurent jamais sont pleins de larmes. Mais les gens qui ne rient jamais ne sont pas pleins de rires, ça se saurait !
Je n'oublierai jamais, qu'aimer c'est toujours donner.