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En tant de choses de nos vies persiste un élément imprécis, inexplicable, qui nous fait douter de leur réalité.
Gabrielle Roy
Les gens qui sourient ou se parlent tout seuls nous paraissent toujours avoir des pensées que nous aimerions partager.
La douleur est la monnaie de toute félicité.
C'est à l'usage que la justice s'apprend.
C'est là ce qu'on appelle l'âge mûr de l'homme : vivre des provisions amassées en route.
Il ne faut jamais dire que l'espoir est mort. Ça ne meurt pas, l'espoir.
Peut-être les lucioles ne vivent-elles que le temps de briller un instant d'un vif éclat. Comme nous tous d'ailleurs !
La joie de l'homme doit être inépuisable, aucune vie ne serait jamais assez longue pour dire ce qu'à elle seule elle en peut contenir.
C'est presque toujours, dans une famille, le rêveur qui l'emporte.
Tout homme est rare et inimitable par ce que la vie a fait de lui ou lui d'elle ; sait-on comment tout cela se juxtapose, se mêle et se pénètre ?
Plus il est nourri de joies, plus le coeur est insatiable.
Il ne faut pas vouloir dévorer la vie.
On est puni par où on a désiré, toujours.
La mort du présent n'est rien ; c'est la perte de l'avenir en soi qui est déchirante.
Qu'est-ce qui est le pire : mourir trop jeune, ou vivre trop vieux ?
Pour le meilleur des hommes, l'argent n'est-il pas une pierre d'achoppement, un danger pour l'âme, une source de dureté souvent !
Il est difficile de définir les choses vraies.
On tue les autres, tous, un petit peu. Sur terre, c'est ce qu'on fait ; on tue le coeur des autres...
Presque tous les humains, au fond, sont nos amis, pourvu qu'on leur laisse la chance, qu'on se remette entre leurs mains et qu'on leur laisse voir le moindre signe d'amitié.
La mort n'est-elle pas cela justement, un sommeil sans obligation et sans peine.
De tous les biens que nous recevons, aucun ne nous fait plus de mal malgré tout que les amis, avec leur confiance en nous, leur espoir... leur attente.
Et si c'est cela la vie : retrouver son enfance, alors, à ce moment-là, lorsque la vieillesse l'a rejointe un beau jour, la petite ronde doit être presque finie, la fête terminée.
Ce bruit de soupir, d'inquiétudes, que fait le temps qui passe.
Après tout, qu'y a-t-il dans l'existence de plus vrai qu'un miracle...
Si la maison du voisin brûlait, vous iriezben y porter secours. - Beau dommage que j'irais.
La servitude : C'est ça le téléphone. Il sonne : tu accours. Ou bien tu n'accours pas, mais tu te ronges les sangs de regrets ou de curiosité insatisfaite.
On n'est pas uniquement en ce monde pour y accomplir ses tâches quotidiennes, mais aussi pour accorder de la place aux rêveries de l'âme qui l'élèvent et la reposent.
Tant que l'on n'a pas été contenu en un regard, a-t-on la vie ? A-t-on la vie si personne encore ne nous a aimé ?
Le talent que l'on a profusion ne console pas de celui que l'on préférerait.
Avoir un don, c'est un peu comme une malchance qui éloigne des autres, qui nous sépare de presque tous.
Le matin : une heure de décision, d'élan, d'enthousiasme, une heure qui rend à l'homme la fraîcheur de sa volonté ; un départ ; un début de voyage !
Un écrivain n'a vraiment besoin que d'une chambre tranquille, de papier et de soi-même...
Quand on aime la vie, c'est alors qu'elle même nous aime le plus, comme par un prodige d'entente.
Pourquoi Dieu écoute-t-il quand on lui demande des choses qui plus tard ne feront plus notre affaire ?
Sans doute l'oeuvre naît-elle du tourment d'être homme ; mais encore faut-il à ce tourment l'illusion du moins de la durée...
Se haïr... Il ne fallait pas être le plus grand savant pour connaître que c'est la pire souffrance de l'homme.
Pour s'entendre entre mari et femme, entre collègues, entre amis, avec n'importe qui, entre les peuples, aux conférences de paix, il ne devrait y avoir que ce moyen : le silence.
L'amour trouve difficile justement de pardonner le moindre manquement à l'amour.
Rien n'est comparable à la réalité.
Il n'y a rien comme d'être mal portant pour apprécier la vie ! Il faut souffrir pour comprendre ; et comprendre, n'est-ce pas la plus grande richesse ?
Ce n'est pas toujours souhaitable d'être celui à qui Dieu parle.
Il y a quelque chose d'humiliant à être homme et à ne pas lutter contre le malheur.
Parce que meurt un peu tous les jours ce qui fait notre joie de vivre, on ne doit pas en détacher d'avance son coeur.
Etre une grande personne, c'est avoir trop d'explications à donner...
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