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La souffrance est un joker dans le jeu de la discussion, elle couche tous les autres arguments sur son passage.
Gaël Faye
Les soûlards, au cabaret, ils causent, s'écoutent, décapsulent des bières et des pensées.
L'enfance m'a laissé des marques dont je ne sais que faire. Dans les bons jours, je me dis que c'est là que je puise ma force et ma sensibilité. Quand je suis au fond de ma bouteille vide, j'y vois la cause de mon inadaptation au monde.
La poésie n'est pas de l'information. Pourtant, c'est la seule chose qu'un être humain retiendra de son passage sur terre.
Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie.
La guerre, sans qu'on lui demande, se charge toujours de nous trouver un ennemi.
Je n'habite plus nulle part. Habiter signifie se fondre charnellement dans la topographie d'un lieu, l'anfractuosité de l'environnement. Ici, rien de tout ça. Je ne fais que passer. Je loge. Je crèche. Je squatte. Ma cité est dortoir et fonctionnelle.
Plus tard, quand je serai grand, je veux être mécanicien pour ne jamais être en panne dans la vie. Il faut savoir réparer les choses quand elles ne fonctionnent plus.
Le bonheur ne se voit que dans le rétroviseur. Le jour d'après ? Regarde-le. Il est là. A massacrer les espoirs, à rendre l'horizon vain, à froisser les rêves.
Nous vivons sur le lieu de la Tragédie. L'Afrique a la forme d'un revolver. Rien à faire contre cette évidence. Tirons-nous. Dessus ou ailleurs, mais tirons-nous !
Grâce à mes lectures, j'avais aboli les limites de l'impasse, je respirais à nouveau, le monde s'étendait plus loin, au-delà des clôtures qui nous recroquevillaient sur nous-mêmes et sur nos peurs.
Dans mon lit, au fond de mes histoires, je cherchais d'autres réels plus supportables, et les livres, mes amis, repeignaient mes journées de lumière.
Je pensais être exilé de mon pays. En revenant sur les traces de mon passé, j'ai compris que je l'étais de mon enfance. Ce qui me paraît bien plus cruel encore.