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Si l'on n'est pas saisi dans sa jeunesse par un espoir, fût-il illusoire, que reste-t-il ? Rien.
George Steiner
La mort d'une langue, fut elle chuchotée par une infime poignée sur quelque parcelle de territoire condamné, est la mort d'un monde. Chaque jour qui passe s'amenuise le nombre de manières de dire espoir.
Aucun homme, aucune femme ne doit justifier son anthologie personnelle, ses choix canoniques. L'amour ne se justifie pas par l'argumentation.
Pour les juifs, le Mot est la seule patrie.
Apprendre par coeur, c'est entrer dans l'oeuvre même : Tu vas vivre en moi et je vais vivre avec toi. Les textes marchent à côté de nous ; se promener avec un poème de Baudelaire, c'est être en très bonne compagnie.
Nous sommes ceux qui viennent après. Nous savons désormais qu'un homme peut lire Goethe ou Rilke, jouer des passages de Bach ou de Schubert, et le lendemain matin vaquer à son travail quotidien, à Auschwitz.
Penser veut dire aussi rêver.
Le langage essentiel du poème, du morceau de musique, du tableau et de la sculpture est le langage de la survie.
Une férocité primordiale est tapie à proximité du désir et même de l'amour.
Un bon professeur est toujours malade d'espoir. Un bon lecteur aussi.
Le Reich a engendré Israël.
Très lentement, et souvent trop tard, l'homme commence à reconnaître dans l'animal son témoin, son altérité irremplaçable.
Il est reconnu qu'il y a une poésie de la jeunesse et une prose de la maturité.
L'inventaire de l'inhumain est sans fin.
Les hautes mathématiques sont l'autre musique de la pensée.
Aucune période ne peut se targuer d'avoir innové ou dépassé les autres en matière d'inhumanité.
L'art est la meilleure lecture de l'art.
La littérature contemporaine se rétrécit : elle recule devant la grande métaphore de l'avenir, cette alliance incroyable entre la poésie et les mathématiques.
Les guerres, dans l'Ancien Testament, sont sanglantes et cruelles, mais non pas tragiques : elles sont justes ou injustes.