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L'éducation ne procède pas moins par des silences que par des avertissements feutrés.
Georges Bataille
Ce qui est en jeu, dans l'érotisme, c'est toujours une dissolution des formes constituées.
Nous n'avons d'autre possibilité que l'impossible.
Les êtres sont inachevés l'un par rapport à l'autre, l'animal par rapport à l'homme, ce dernier par rapport à Dieu, qui n'est inachevé que pour être imaginaire.
Le coeur est humain dans la mesure où il se révolte.
Personne, décidément, ne voit de face : le soleil, l'oeil humain le fuit...
Le génie abaisse davantage qu'il n'élève ; l'idée du génie empêche d'être simple, engage à montrer l'essentiel, à dissimuler ce qui décevrait : il n'est pas de génie concevable sans art.
Il y a une communication plus intense dans l'échange immédiat à base de générosité que dans la jouissance immédiate.
Le rire est le saut du possible dans l'impossible.
La poésie est une flèche tirée : si j'ai bien visé, ce qui compte - que je veux - n'est ni la flèche ni le but mais le moment où la flèche se perd, se dissout dans l'air de la nuit : jusqu'à la mémoire de la flèche est perdue.
L'aveu est la tentation du coupable.
Nous n'aurions plus rien d'humain si le langage en nous était en entier servile.
Ce qui m'oblige d'écrire, j'imagine, est la crainte de devenir fou.
C'est de la nudité que, du fait d'un glissement, parle la Genèse, liant au passage de l'animal à l'homme la naissance de la pudeur, qui n'est, en d'autres mots, que le sentiment de l'obscénité.
Toujours associée à l'érotisme, la sexualité physique est à l'érotisme ce qu'est à la pensée le cerveau : de la même façon, la physiologie demeure le fondement objectif de la pensée.
(La poésie, ...) le sacrifice où les mots sont victimes.
L'apparente immobilité d'un livre nous leurre : chaque livre est aussi la somme des malentendus dont il est l'occasion.
Comment nous attarder à des livres auxquels, sensiblement, l'auteur n'a pas été contraint ?
La tendresse atténue la violence des délices nocturnes, où il est plus commun que l'on imagine de se déchirer sadiquement.
Le désir demeure en nous comme un défi au monde même qui lui dérobe infiniment son objet.
L'apparent relâchement de la rigueur peut n'exprimer qu'une rigueur plus grande à laquelle il fallait répondre en premier lieu.
De deux choses l'une : ou la parole vient à bout de l'érotisme, ou l'érotisme viendra à bout de la parole.
La chance étant ce qui n'est pas, réduit l'être à la déchéance de la chance (une chance qui, retirée du jeu, cherche la substance).
L'orgie ne s'oriente pas vers la religion faste.
Nous étions perdus dans une nuit de vent devant la mer.
Un dictionnaire commencerait à partir du moment où il ne donnerait plus de sens mais les besognes des mots.
L'enfer est l'idée faible que Dieu nous donne volontairement de lui-même !
Dans l'orgie, la fusion et le déchaînement de la fusion annihilaient la honte. La honte se retrouvait dans la consommation du mariage, mais elle disparaissait dans les limites de l'habitude.
La volupté excessive agrandit le coeur, le dévaste et l'oblige à la dureté.
L'être aimé dans ce monde dissous est devenu la seule puissance qui ait gardé la vertu de rendre à la chaleur de la vie.
Dans la vie des croyants et des religieux, dont les déséquilibres ne sont pas rares, la séduction n'a pas souvent le génital pour objet, mais l'érotique.
Ce que l'art est tout d'abord, et ce qu'il demeure avant tout, est un jeu.
J'enseigne l'art de tourner l'angoisse en délice.
L'orgueil est la même chose que l'humilité : c'est toujours le mensonge.
La littérature, je l'ai, lentement, voulu montrer, c'est l'enfance enfin retrouvée.
L'excessive jouissance du licencieux répondit à l'horreur du fidèle. Pour le fidèle, la licence condamnait le licencieux, elle en démontrait la corruption.
L'espoir est le désir mais ouvert à la peur.
Du savoir extrême à la connaissance vulgaire, la différence est nulle.
Ce qui n'est pas servile est inavouable.
Il n'est pas de sentiment qui jette dans l'exubérance avec plus de force que celui du néant.
La source et l'essence de notre richesse sont données dans le rayonnement du soleil, qui dispense l'énergie - la richesse - sans contrepartie. Le soleil donne sans jamais recevoir...
La malédiction est le chemin de la bénédiction la moins illusoire.
La méconnaissance ne change rien à l'issue dernière. Nous pouvons l'ignorer, l'oublier : le sol où nous vivons n'est quoi qu'il en soit qu'un champ de destructions multipliées.
Après coup, je puis savoir ce qu'est l'angoisse dont je parle. L'angoisse suppose le désir de communiquer, c'est-à-dire de me perdre, mais non la résolution entière : l'angoisse témoigne de ma peur de communiquer, de me perdre.
Chaque livre est aussi la somme des malentendus dont il est l'occasion.
L'humour seul répond toutes les fois qu'est posée la question dernière sur la vie humaine.