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Hugues songeait : quel pouvoir indéfinissable que celui de la ressemblance ! Elle correspond aux deux besoins contradictoires de la nature humaine : l'habitude et la nouveauté.
Georges Rodenbach
C'était Bruges-la-Morte, elle-même mise au tombeau de ses quais de pierre, avec les artères froidies de ses canaux, quand avait cessé d'y battre la grande pulsation de la mer.
Vivre comme en exil, vivre sans voir personne Dans l'immense abandon d'une ville qui meurt, Où jamais on n'entend que la vague rumeur D'un orgue qui sanglote ou du Beffroi qui sonne.
Douceur du soir ! Douceur de la chambre sans lampe ! - Le crépuscule est doux comme une bonne mort - Et l'ombre lentement qui s'insinue et rampe - Se déroule en pensée au plafond. Tout s'endort.
Certes elle avait toujours les mêmes yeux. Mais, si les yeux sont les fenêtres de l'âme, il est certain qu'une autre âme y émergeait aujourd'hui que dans ceux, toujours présents, de la morte.
Les yeux sont les fenêtres de l'âme.
Toute cité est un état d'âme.
Quel orgueil d'être seul, les mains contre son front, À noter des vers doux comme un accord de lyre Et songeant à la mort prochaine, de se dire : Peut-être que j'écris des choses qui vivront !
Nous sommes tous les deux la tristesse d'un port Toi, ville ! toi ma soeur douloureuse qui n'as Que du silence et le regret des anciens mâts ; Moi, dont la vie aussi n'est qu'un grand canal mort !
Les rêves sont les clés pour sortir de nous-mêmes.
Alors tout s'avivant sous les lueurs décrues - Du couchant dont s'éteint peu à peu la rougeur, - Un charme se révèle aux yeux las du songeur : - Le charme des vieux murs au fond des vieilles rues.
Je fus de ces songeurs douloureux et timides. Ils ont tout dépensé sans avoir rien reçu, Mais leur mal glorieux personne ne l'a su : Le mal des coeurs naïfs et des âmes candides.
Dans le deuil, dans le noir et le vide des rues - La pluie ; elle s'égoutte à travers nos remords - Comme les pleurs muets des choses disparues, - Comme les pleurs tombant de l'oeil fermé des morts, - Dans le deuil, dans le noir et le vide des rues !
O Seigneur, donnez-moi mon Rêve quotidien !