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L'existence végétative du midi de l'Allemagne a quelques rapports avec l'existence contemplative du nord : il y a du repos, de la paresse et de la réflexion dans l'une et l'autre.
Germaine de Staël
Les jouissances de l'esprit sont faites pour calmer les orages du coeur.
La bêtise et la sottise diffèrent essentiellement en ceci, que les bêtes se soumettent volontiers à la nature, et que les sots se flattent toujours de dominer la société.
Vous êtes une magicienne qui inquiétez et rassurez alternativement ; qui vous montrez sublime, et disparaissez tout à coup de cette région où vous êtes seule, pour vous confondre dans la foule. On ne peut s'empêcher de vous redouter en vous aimant !
On dirait que l'âme des justes donne, comme les fleurs, plus de parfums vers le soir.
La personnalité des femmes est toujours à deux, tandis que celle de l'homme n'a que lui-même pour but.
La conquête est un hasard qui dépend peut-être encore plus des fautes des vaincus que du génie du vainqueur.
Les deux amants, malgré leurs pères, malgré le sort, malgré tout, excepté leurs coeurs, s'aiment, se cherchent et se retrouvent dans la vie et dans la mort.
La gloire elle-même ne saurait être, pour une femme, qu'un deuil éclatant du bonheur.
Il vaut encore mieux, pour maintenir quelque chose de sacré sur la terre, qu'il y ait dans le mariage une esclave que deux esprits forts.
Ce sont les affections qui nous excitent à réfléchir.
Les Français pensent et vivent dans les autres, au moins sous le rapport de l'amour-propre : et l'on sent, dans la plupart de leurs ouvrages, que leur principal but n'est pas l'objet qu'ils traitent, mais l'effet qu'ils produisent.
On a tort de craindre la supériorité de l'esprit et de l'âme ; elle est très morale cette supériorité, car tout comprendre rend très indulgent, et sentir profondément inspire une grande bonté.
L'infini fait autant de peur à notre vue qu'il plaît à notre âme.
Une vie religieuse est une épreuve, et non un hymne.
On ne trouve de bon dans la vie que ce qui la fait oublier.
On a raison d'exclure les femmes des affaires publiques et civiles ; rien n'est plus opposé à leur vocation naturelle que tout ce qui leur donnerait des rapports de rivalités avec les hommes...
Rien n'est moins applicable à la vie qu'un raisonnement mathématique. Une proposition en fait de chiffres, est décidément fausse ou vraie ; sous tous les autres rapports le vrai se mêle avec le faux.
J'ai employé la première un mot nouveau, la vulgarité, trouvant qu'il n'existait pas encore assez de termes pour proscrire à jamais toutes les formes qui supposent peu d'élégance dans les images et peu de délicatesse dans l'expression.
Il n'y a que deux classes d'hommes distinctes sur la terre, celle qui sent l'enthousiasme et celle qui le méprise.
Tout ce qui est naturel est varié.
La bonté ne demande pas, comme l'ambition, un retour à ce qu'elle donne ; mais elle offre cependant aussi une manière d'étendre son existence et d'influer sur le sort de plusieurs.
Quand on aime et qu'on ne se croit pas aimer, on se blesse de tout, et chaque instant de la vie est une douleur, et presque une humiliation.
En apprenant la prosodie d'une langue, on entre plus intimement dans l'esprit de la nation qui la parle que par quelque genre d'étude que ce puisse être.
Il n'y a point de société, point de salon, point de mode, point de petits moyens journaliers de faire effet en détail.
Le Verbe, ou la parole divine, existait avant la création de l'univers ; mais pour les poètes, il faut que la création précède la parole.
Les idées nouvelles déplaisent aux personnes âgées ; elles aiment à se persuader que le monde n'a fait que perdre, au lieu d'acquérir, depuis qu'elles ont cessé d'être jeunes.
Les masses sont, suivant les circonstances, meilleures ou plus mauvaises que les individus qui les composent.
Une fois la passion tournée en ridicule, tout est défait hormis l'argent et le pouvoir.
On appelle, dans la philosophie allemande, idées subjectives celles qui naissent de la nature de notre intelligence et de ses facultés et idées objectives toutes celles qui sont excitées par les sensations.
Il faut dans nos temps modernes, avoir l'esprit européen.
C'est beaucoup pour les hommes d'avoir des phrases à dire en faveur de leur conduite : ils s'en servent d'abord pour tromper les autres, et finissent par se tromper eux-mêmes.
Tout comprendre rend très indulgent.
La gloire est le deuil éclatant du bonheur.
La parfaite vertu est le beau idéal du monde intellectuel.
L'homme se sent tellement passager qu'il a toujours de l'émotion en présence de ce qui est immuable.
Le sentiment patriotique se compose des souvenirs que les grands hommes ont laissés, de l'admiration qu'inspirent les chefs-d'oeuvre du génie national, enfin de l'amour que l'on ressent pour les institutions, la religion et la gloire de son pays.
Les païens ont divinisé la vie, et les chrétiens ont divinisé la mort.
Dans tous les pays où il y aura de la vanité, le goût sera mis au premier rang parce qu'il sépare les classes et qu'il est le signe de ralliement entre tous les individus de la première.
Il y a, dans le sentiment même des regrets, quelque chose de doux et d'harmonieux qu'il faut tâcher de faire connaître à ceux qui n'ont encore éprouvé que les amertumes.
On parle souvent dans les arts du mérite de la difficulté vaincue ; néanmoins, on l'a dit avec raison, ou cette difficulté ne se sent pas, et alors elle est nulle ; ou elle se sent ; et alors elle n'est pas vaincue.
Le don de révéler par la parole ce qu'on ressent au fond du coeur est très rare ; il y a pourtant de la poésie dans tous les êtres capables d'affections vives et profondes ; l'expression manque à ceux qui ne sont pas exercés à la trouver.
Sa physionomie du Français spirituel moins prononcée que celle des Italiens, indique la gaieté, sans rien faire perdre à la dignité du maintien et des manières.
La poésie est le langage naturel de tous les cultes.
Un homme doit savoir braver l'opinion ; une femme s'y soumettre.
L'amour est l'histoire de la vie des femmes, c'est un épisode dans la vie des hommes.
Voyager est un des plus tristes plaisirs de la vie.
Quand on s'est habitué à une vie de distractions, on éprouve toujours une sensation mélancolique en rentrant en soi-même, dût-on s'y trouver bien.
L'innocence dans le génie et l'équité dans le pouvoir sont deux nobles qualités.
Nous ne connaissons l'infini que par la douleur.