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Etait-ce pour taire cela que mes mots s'étaient taris ?
Grégoire Delacourt
Ce qu'on a vécu de beau devient-il laid parce que la personne qui embellissait votre vie vous a trahi ?
Il n'y a que dans les livres que l'on peut changer de vie. Que l'on peut tout effacer d'un mot. Faire disparaître le poids des choses. Gommer les vilénies et au bout d'une phrase, se retrouver soudain au bout du monde.
Ce qu'il y a de bien dans le malheur, chantait Léo Ferré, c'est que c'est toujours le malheur des autres.
On doit apprendre à écouter, et non seulement ses mots, mais son corps, sa vitesse, sa force, sa faiblesse et ses silences qui déséquilibrent ; on doit perdre un peu de soi pour se retrouver dans l'autre.
Elle gardait les mots en elle, comme s'ils étaient rares. Nous conjuguions le silence elle et moi : regards, gestes, soupires en lieu et place de sujets, verbes, compléments.
Il n'a pas été enlevé, il m'a enlevée de lui, il m'a extraite, amputée, effacée de lui, c'est tout.
Les failles finissent toujours par s'agrandir.
Et si la désobéissance était le début de la paix ? Désobéir, décider, au risque de mettre sa vie en danger, et si c'était le danger, justement, que se trouvait le salut ? La dignité de soi. Les retrouvailles de soi.
L'amour filiale est terrifiant : son but est la séparation.
La convoitise brûle tout sur son passage.
Plus les mensonges sont gros, moins on les voit venir.
On se précipite toujours trop tard quand quelqu'un meurt. Comme par hasard.
Dans la vraie vie les princes n'emportent pas le coeur des filles. Ils les arrachent et les jettent.
Le sucre fait grossir et fondre la douleur.
Les chagrins d'amour sont aussi une forme d'amour.
Nous nous aimions entre les mots et entre les lignes, dans les silences et les regards, dans les gestes les plus simples.
Le silence aussi possède la violence des mots.
Nous devenions muets. Ce qui est un comble pour une famille qui comptait son propre écrivain.
Moi les mots, j'aime bien. J'aime bien les phrases longues, les soupirs qui s'éternisent. J'aime bien quand les mots cachent parfois ce qu'ils disent ; ou le disent d'une manière nouvelle.
Je pense que tout ce qui vient du passé n'est pas dépassé.
On tombe amoureuse, puis on tombe enceinte, puis on tombe de haut.
Vous voyez, on se ment toujours. Parce que l'amour ne résisterait pas à la vérité.
Toutes les femmes sont belles ici. Leurs yeux brillent. D'un morceau de tissu elles imaginent déjà une robe, un coussin, une poupée. Elles fabriquent des rêves elle ont la beauté du monde au bout de leurs doigts.
Quand il racontait quelque chose, il parlait au passé simple et la musique de sa conjugaison m'envoûtait.
La jeune fille hurla. Aujourd'hui encore son je ne veux pas mourir, s'il vous plaît me réveille la nuit.
On devrait être vu comme on se voit : dans la bienveillance de l'estime de soi.
Même les mamans mentent. Parce qu'elles aussi, elles ont peur.
J'ai vu ces années sur son visage, j'ai vu le temps qui nous éloigne de nos rêves et nous rapproche du silence.
Les fleurs et les rêves des hommes repoussent toujours.