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Le plus grand outrage que l'on puisse faire à un gourmand, c'est de l'interrompre dans l'exercice de ses mâchoires.
Grimod de La Reynière
La Révolution, en ruinant tous ces anciens propriétaires, a mis les bons cuisiniers sur le pavé. Dès lors, pour utiliser leurs talents, ils se sont fait marchands de bonne-chère sous le nom de restaurateurs.
Treize à table n'est à craindre qu'autant qu'il n'y aurait à manger que pour douze.
Le vin est le meilleur ami de l'homme, lorsqu'on en use avec modération, et son plus grand ennemi si on le prend avec excès.
Il n'y a que les mauvais coeurs qui médisent à table, car rien ne rend plus indulgent que la bonne chère.
Il faut s'emparer des vins à leur descente de cuve, comme l'on s'emparait autrefois d'une jeune fille à la sortie d'un couvent, lorsqu'on voulait être sûr d'avoir une épouse sans tache.
Vin, fille, faveur et poirier sont difficiles à conserver. Le vin du cru, un dîner d'amis et la musique d'amateur, sont trois choses également à craindre.
Les plaisirs que procure la bonne chère sont ceux qu'on connaît le plus tôt, qu'on quitte le plus tard et que l'on peut goûter le plus souvent.
En province et surtout dans les bonnes villes du midi, où l'on fait excellente chère, un grand dîner est une affaire d'Etat. On en parle trois mois d'avance et la digestion en dure six semaines.
Le grand point, c'est de manger chaud, proprement et beaucoup.