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Et s'écrie en versant des larmes - Baquet plein de vin parfumé - Viennent aujourd'hui les gendarmes - Nous aurons bu le vin de mai - Allons Julia la mam'zelle - Bois avec nous ce clair bouillon - D'herbes et de vin de Moselle.
Guillaume Apollinaire
Les feuilles Qu'on foule Un train Qui roule La vie S'écoule.
Les enfants de l'école viennent avec fracas Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica.
L'arlequine s'est mise nue Et dans l'étang mire son corps.
Et toi qui me suis en rampant Dieu de mes dieux morts en automne Tu mesures combien d'empans J'ai droit que la terre me donne O mon ombre ô mon vieux serpent.
Dans la forêt avec sa bande Schinderhannes s'est désarmé Le brigand près de sa brigande Hennit d'amour au joli mai.
Mon verre s'est brisé comme un éclair de rire.
Je regrette chacun des baisers que je donne.
Je veux vivre inhumain, puissant et orgueilleux Puisque je fus créé à l'image de Dieu.
Mars et Vénus sont revenus Ils s'embrassent à bouches folles Devant des sites ingénus...
Mon Automne éternelle ô ma saison mentale - Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol - Une épouse me suit c'est mon ombre fatale - Les colombes ce soir prennent leur dernier vol.
L'amour est libre il n'est jamais soumis au sort O Lou le mien est plus fort encor que la mort Un coeur le mien te suit dans ton voyage au Nord.
A Bacharach il y avait une sorcière blonde Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde.
Sur les tréteaux l'arlequin blême Salue d'abord les spectateurs Des sorciers venus de Bohême Quelques fées et les enchanteurs.
Je donne à mon espoir mon coeur en ex-voto. Je donne à mon espoir tout l'avenir qui tremble comme une petite lueur au loin dans la forêt.
Le pré est vénéneux mais joli en automne Les vaches y paissant Lentement s'empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là.
Voie lactée ô soeur lumineuse - Des blancs ruisseaux de Chanaan - Et des corps blancs des amoureuses...
Puis les temps sont venus les tombes se sont ouvertes Les fantômes des Esclaves toujours frémissants Se sont dressés en criant SUS AUX TUDESQUES Nous l'armée invisible aux cris éblouissants.
Douce poésie ! Le plus beau des arts ! Toi qui, suscitant en nous le pouvoir créateur, nous mets tout proches de la divinité.
Tous les hommes sont à la fois pécheurs et saints quand ils ne sont pas criminels et martyrs.
Puits Arbres creux qui abritent les Câpresses vagabondes.
Il me semble te voir déjà quand nous irons plus loin sur l'échelle de l'amour et que toutes les folies ouvriront leurs écluses pour nous entraîner au courant de la passion.
Automne malade et adoré Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé dans les vergers Pauvre automne ! Meures en blancheur Et en richesse de neige et fruits mûrs.
Avant tout, les artistes sont des hommes qui veulent devenir inhumains.
Connais-tu cette joie de voir des choses neuves ?
Comme les hommes aiment avant tout la lumière, ils ont inventé le feu.
Elle était si belle Que tu n'aurais pas osé l'aimer.
Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme.
Je chante la joie d'errer et le plaisir d'en mourir.
L'amour a remué ma vie comme on remue la terre dans la zone des armées.
On ne se lassait point de l'interroger Il y eut des questions si extravagantes Et des réponses tellement pleines d'à-propos Que c'était à mourir de rire.
Un Picasso étudie un objet comme un chirurgien dissèque un cadavre.
Et l'unique cordeau des trompettes marines.
Dans la plaine des baladins S'éloignent au long des jardins... Ils ont des poids ronds ou carrés. Des tambours des cerceaux dorés.
Le printemps clair l'avril léger.
Les sirènes laissant les périlleux détroits Arrivent en chantant bellement toutes trois.
Ils se savent prédestinés A briller plus que des planètes A briller doucement changés En étoiles et enneigés Aux Noëls bienheureuses Fêtes des sapins ensongés Aux longues branches langoureuses.
Tu es si à moi et si en moi que tu devines tout de moi.
Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu'on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille.
Soirs de Paris ivres du gin Flambant de l'électricité.
Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers Sur le quai d'où je voyais l'onde couler et dormir les bélandres.
L'amour s'en va Comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente.
Vous parlerez d'amour quand il aura mangé.
L'amour est mort j'en suis tremblant J'adore de belles idoles Les souvenirs lui ressemblant Comme la femme de Mausole Je reste fidèle et dolent.
Et ceux-là qui sauront blanchir nos ossements Les bons vers immortels qui s'ennuient patiemment.
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne.
Mon coeur devient si doux c'est mon amant qui vient Elle se penche alors et tombe dans le Rhin Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil.
Les enfants des morts vont jouer Dans le cimetière Martin Gertrude Hans et Henri Nul coq n'a chanté aujourd'hui Kikiriki.
En poésie nous avons des droits sur les paroles qui forment et défont l'Univers.
Mais, Madame, écoutez-moi donc Vous perdez quelque chose - C'est mon coeur, pas grand-chose Ramassez-le donc.