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Passons passons puisque tout passe Je me retournerai souvent Les souvenirs sont cors de chasse Dont meurt le bruit parmi le vent.
Guillaume Apollinaire
L'univers tout entier concentré dans ce vin.
Je compris qu'il ne se vantait point, et qu'érudit et sanguinaire, l'homme à qui j'avais affaire était un maniaque du meurtre.
Mais en vérité je l'attends Avec mon coeur avec mon âme Et sur le pont des Reviens-t'en Si jamais revient cette femme Je lui idrai Je suis content.
Puis les pâles amants joignant leurs mains démentes L'entrelacs de leurs doigts fut leur seul laps d'amour.
Avec ses quatre dromadaires Don Pedro d'Alfaroubeira Courut le monde et l'admira. Il fit ce que je voudrais faire Si j'avais quatre dromadaires.
Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure.
Nous nous sommes rencontrés dans un caveau maudit Au temps de notre jeunesse.
Les femmes mentent, mentent, mentent.
Sapins médecins divagants Ils vont offrant leurs bons onguents Quand la montagne accouche De temps en temps sous l'ouragan Un vieux sapin geint et se couche.
Et dans ce jour d'août 1915 le plus chaud de l'année Bien abrité dans l'hypogée que j'ai creusé moi-même C'est à toi que je songe Italie mère de mes pensées...
Pe passais au bord de la Seine Un livre ancien sous le bras Le fleuve est pareil à ma peine Il s'écoule et ne tarit pas Quand donc finira la semaine.
Sur le chemin du bord du fleuve lentement Un ours un singe un chien menés par des tziganes Suivaient une roulotte traînée par un âne.
Un ange a exterminé pendant que je dormais Les agneaux les pasteurs des tristes bergeries De faux centurions emportaient le vinaigre Et les gueux mal blessés par l'épurge dansaient.
Si je mourais là-bas sur le front de l'armée, Tu pleurerais un jour, ô Lou, ma bien-aimée, Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt Un obus éclatant sur le front de l'armée.
J'aime l'art d'aujourd'hui parce que j'aime avant tout la lumière et tous les hommes aiment avant tout la lumière, ils ont inventé le feu.
Au soleil parce que tu l'aimes Je t'ai menée souviens-t'en bien Ténébreuse épouse que j'aime Tu es à moi en n'étant rien O mon ombre en deuil de moi-même.
Et je l'embrassai sur sa jolie bouche, rouge comme une cerise et ouverte sur de belles dents saines et appétissantes.
A l'annulaire de la jeune morte Voici le gage de mon amour De nos fiançailles Ni le temps ni l'absence Ne nous feront oublier nos promesses.
Passeur passe jusqu'au trépas Les bacs toujours s'en vont et viennent... D'ahan les passeurs les déchaînent Il faut passer il faut passer...
Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant.
Que lentement passent les heures Comme passe un enterrement.
Mon amour c'est seulement ton bonheur Et ton bonheur c'est seulement ma volonté.
Un jour je m'attendais moi-même Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes Et d'un lyrique pas s'avançaient ceux que j'aime Parmi lesquels je n'étais pas.
Ah Dieu ! que la guerre est jolie. Avec ses chants, ses longs loisirs.
Moi qui sais des lais pour les reines - Les complaintes de mes années - Des hymnes d'esclave aux murènes - La romance du mal-aimé - Et des chansons pour les sirènes.
Ma bouche aura des ardeurs de géhenne - Ma bouche te sera un enfer de douceur...
Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine
O ma jeunesse abandonnée - Comme une guirlande fanée - Voici que s'en vient la saison - Des regrets et de la raison.
Mon cul s'éveille au souvenir - D'une inoubliable caresse - Que m'enseigna une négresse - Dans un hôtel rue d'Aboukir.
Et qui oserait dire que, pour ceux qui sont dignes de la joie, ce qui est nouveau ne soit pas beau ? Les autres se chargeront vite d'avilir cette nouveauté sublime, après quoi elle pourra entrer dans le domaine de la raison.
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin...
Où sont-ils Braque et Max Jacob Derain aux yeux gris comme l'aube Où sont Raynal Billy Dalize Dont les noms se mélancolisent.
Il y a longtemps que l'on discute le point de savoir de quel côté se trouve la raison, du côté de la minorité ou de celui de la majorité.
L'on peut prévoir le jour où, le phonographe et le cinéma étant devenus les seules formes d'impression en usage, les poètes auront une liberté inconnue jusqu'à présent.
Nous sommes l'Arc-en-terre Signe plus pur que l'Arc-en-ciel.
Le cubisme est l'art de peindre des ensembles nouveaux avec des éléments empruntés non à la réalité de vision, mais à la réalité de conception.
Bergère ô Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin.
Les mauvaises herbes même sont de celles que l'on pourrait rendre bonnes en en usant congrûment.
Puis les marmitons apportèrent les viandes Des rôtis de pensées mortes dans mon cerveau Mes beaux rêves mort-nés en tranches bien saignantes Et mes souvenirs faisandés en godiveaux.
Quand l'homme a voulu imiter la marche, il a créé la roue qui ne ressemble pas à une jambe. Il a fait ainsi du surréalisme sans le savoir.
As-tu sué du sang Christ dans Gethsémani Crucifié réponds Dis non Moi je le nie Car j'ai trop espéré en vain l'hématidrose.
Les obus miaulaient un amour à mourir Un amour qui se meurt est plus doux que les autres Ton souffle nage au fleuve où le sang va tarir Les obus miaulaient. Entends chanter les nôtres Pourpre amour salué par ceux qui vont périr.
Je connais un autre connin Que tout vivant je voudrais prendre. Sa garenne est parmi le thym Des vallons du pays de Tendre.
Avec ses chants ses longs loisirs.
Les vers luisants brillent cette nuit autour de moi Comme si la prairie était le miroir du ciel Etoilé.
Voici que vient l'été la saison violente - Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps - O soleil c'est le temps de la raison ardente.
L'homme est à la recherche d'un nouveau langage auquel la grammaire d'aucune langue n'aura rien à dire.
Je me souviens d'une autre année C'était l'aube d'un jour d'avril J'ai chanté ma joie bien-aimée Chanté l'amour à voix virile Au moment d'amour de l'année.