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C'est très souvent du côté de la foule que se montrent l'esprit politique, le patriotisme, le sentiment de la défense des intérêts sociaux.
Gustave Le Bon
Des hommes d'intelligence supérieure ont parfois, au point de vue sentimental, une mentalité voisine de celle d'un sauvage.
Les disciplines purement rationnelles qu'on prétend généraliser aujourd'hui resteront toujours impuissantes à dominer les impulsions instinctives.
L'idée finit quelquefois par dominer le canon, mais privée de la protection du canon elle reste sans force.
La race est la pierre angulaire sur laquelle repose l'équilibre des nations. Elle représente ce qu'il y a de plus stable dans la vie d'un peuple.
L'âge moderne représente le triomphe de la médiocrité collective.
Les concessions n'empêchent pas les batailles devenues nécessaires. En les retardant, elles les rendent simplement plus coûteuses et plus dures.
L'intuition est souvent supérieure à la raison. Elle fait deviner à des femmes raisonnant mal des choses incomprises d'hommes raisonnant très bien.
On ne fait pas le droit, il se fait. Cette brève formule contient toute son histoire.
L'homme vraiment moral n'a pas besoin de discuter sa morale avant d'agir. Une morale débattue demeure généralement sans force.
A aucune époque, la soif de titres honorifiques et de décorations ne fut aussi répandue qu'aujourd'hui.
Pour beaucoup d'êtres la vie serait parfois bien lourde si la nature ne leur avait donné la faculté de parler sans réfléchir et d'émettre des opinions dépourvues de tout fondement.
L'homme politique qui dépense son activité en paroles la dépense rarement en actions.
Le patriotisme est la plus puissante manifestation de l'âme d'une race. Il représente un instinct de conservation collectif qui, en cas de péril national, se substitue immédiatement à l'instinct de conservation individuelle.
La femme est inférieure ou supérieure à l'homme ; elle est rarement son égale.
C'est s'illusionner sur les hommes d'Etat que s'imaginer qu'ils apporteront dans leurs actes l'énergie manifestée dans leurs discours.
La vanité est pour les imbéciles une puissante source de satisfaction. Elle leur permet de substituer aux qualités qu'ils n'acquerront jamais la conviction de les avoir toujours possédées.
Les extrémistes de toutes opinions possèdent, malgré la divergence des buts poursuivis, des caractères identiques. L'extrémiste sincère est mystique, violent et borné.
La pensée sans action est un vain mirage, l'action sans pensée un vain effort.
Peu d'êtres savent voir les choses comme elles sont. Les uns aperçoivent seulement ce qu'ils veulent voir, les autres ce qu'on leur fait voir.
Quand le parti de l'ordre faiblit pendant que celui de l'anarchie grandit, c'est l'anarchie qui finit par triompher.
La vie inconsciente est à la vie consciente ce qu'est une montagne à un grain de sable, la mer profonde aux vagues qui la recouvrent. Son étude éclaire déjà d'une lumière toute nouvelle les mobiles de la conduite.
Se révolter ou s'adapter, il n'y a guère d'autre choix dans la vie.
La fondamentale importance de la discipline apparaît quand on constate que les peuples n'arrivent à la civilisation qu'après l'avoir acquise et retournent à la barbarie dès qu'ils l'ont perdue.
Aux époques agitées, les grands problèmes qui surgissent chaque jour ne comportent guère de solutions simples et immédiates. Suivre alors l'opinion simpliste des foules conduit vite à des catastrophes.
L'abondance de pardons inutiles est un symptôme certain d'infériorité mentale.
L'anarchie est partout quand la responsabilité n'est nulle part.
Les hommes se passent facilement de vérités. Ils n'ont jamais vécu sans certitudes.
Dès qu'elles atteignent un certain degré, les croyances mystiques, religieuses ou politiques, deviennent fatalement destructives.
Dès qu'on entrevoit la nécessité de céder, il ne faut pas attendre le moment où il sera impossible de ne pas céder.
Détruire l'idéal d'un individu, d'une classe, d'un peuple, c'est lui ôter son principal motif d'agir.
Ce ne sont donc pas les faits en eux-mêmes qui frappent l'imagination populaire, mais bien la façon dont ils sont répartis et présentés. Il faut que par leur condensation, si je puis m'exprimer ainsi, ils produisent une image saisissante qui remplisse et obsède l'esprit. Qui connaît l'art d'impressionner l'imagination des foules connaît aussi l'art de les gouverner
C'est en créant des freins sociaux puissants que les peuples sortent de la barbarie, c'est en les brisant qu'ils y retournent.
Les raisons que nous attribuons à nos actes constituent rarement leurs vrais mobiles. Elles servent surtout à justifier les impulsions sentimentales et mystiques qui nous font agir.
Mais que peuvent des écrits sur les impressions mobiles des foules ? Elles n'écoutent guère que les démagogues flattant servilement leurs instincts.
Il y a des vérités absolues dans le temps mais non dans l'éternité.
Trois ordres de vérités nous guident : les vérités affectives, les vérités mystiques, les vérités rationnelles. Issues de logiques.
Ni les changements de milieu ni les conquêtes ne suffisent à modifier l'âme d'un peuple. Sa transformation n'est possible qu'au moyen de croisements répétés. Le sol, les institutions, la religion même ne changent pas l'âme d'une race.
Loin d'être une preuve de caractère, la violence constitue souvent une manifestation de faiblesse. L'homme faible se montre parfois violent pour cacher sa faiblesse.
Les vérités scientifiques sont des vérités universelles. Les croyances politiques, tenues pour des vérités, représentent habituellement des convictions transitoires, issues de passions et de sentiments que la raison ne gouverne pas.
Ce sera seulement sans doute avec les derniers hommes que disparaîtront les derniers dieux.
Le droit ne commence à dater que du moment où l'on détient la force nécessaire pour le faire respecter.
On ne saurait juger des sentiments d'un être d'après sa conduite dans un cas déterminé. L'homme d'une circonstance n'est pas celui de toutes les circonstances.
Aimez-vous les uns les autres, conseillent inutilement les religions ; supportez-vous, exigent simplement les codes. Aidez-vous deviendra la maxime de l'avenir quand les peuples auront découvert l'interdépendance qui les lie.
Les foules comprennent rarement quelque chose aux évènements qu'elles accomplissent.
Achille est célèbre depuis trois mille ans pour des exploits qui, de nos jours, ne lui vaudraient pas la croix de guerre.
Ce ne sont pas les hommes qui font les évènements, mais les évènements qui font au contraire les hommes.
En matière de prévision, le jugement est supérieur à l'intelligence. L'intelligence montre toutes les possibilités pouvant se produire. Le jugement discerne parmi ces possibilités celles qui ont le plus de chance de se réaliser.
Les créateurs des dieux ont donné à l'homme la précieuse espérance, mais en échange ils l'enfermèrent pendant des siècles dans une prison d'ignorance et d'erreurs.
Les canons restent des armes vaines quand ils ne sont pas soutenus par la force morale des combattants.