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Dès qu'on possède la force, on cesse d'invoquer la justice.
Gustave Le Bon
L'homme qui, suivant le conseil du bouddhisme, tuerait en lui tout désir perdrait toute raison d'agir.
La haine intense des socialistes pour le capitalisme ne traduit souvent qu'une forme aiguë du désir de richesse. Les pays comme les Etats-Unis, où l'accès à la fortune est relativement facile, comptent peu de socialistes.
Napoléon disait, à Sainte-Hélène, que la destinée d'un pays dépend parfois d'un seul jour. L'Histoire justifie cette assertion, mais montre aussi qu'il faut généralement beaucoup d'années pour préparer ce jour.
La valeur d'une idée politique ne doit pas être jugée d'après son degré de vérité, mais d'après l'action qu'elle exerce.
Un gouvernement quelconque est toujours entouré de forces hostiles. L'habileté consiste à les orienter pour n'avoir pas à les combattre.
Dans toutes les affaires humaines il faut risquer pour réussir. C'est de la juste évaluation des chances de gain et de perte que dépendent les grands succès.
Excuser le mal, c'est le multiplier.
Dans le domaine de la science, les choses ont une valeur réelle indépendante des opinions. Dans celui des croyances, elles n'ont guère d'autre valeur que l'idée qu'on s'en fait.
Les civilisations n'ont été créées et guidées jusqu'ici que par une petite aristocratie intellectuelle, jamais par les foules. Les foules n'ont de puissance que pour détruire. Leur domination représente toujours une phase de barbarie.
Dans un gouvernement démocratique dont les ministres changent rapidement, le pouvoir réel appartient aux administrations. Chaque ministre croit gouverner, il est en réalité gouverner par elles.
Le temps aide les gouvernements forts, mais rarement les gouvernements faibles.
La mort n'est qu'un déplacement d'individualités. L'hérédité fait circuler les mêmes âmes à travers la suite des générations d'une même race.
Une éducation capable d'accroître le jugement et la volonté est parfaite, quelles que soient les choses enseignées. Avec ces seules qualités, l'homme sait orienter sa destinée. Mieux vaut comprendre qu'apprendre.
Les législateurs voteraient bien peu de lois, s'ils pouvaient embrasser d'un coup d'oeil leurs lointaines conséquences.
Il est utile de penser quelquefois. Pour rester heureux, on ne doit pas trop penser.
L'ère des grands progrès scientifiques qui transformèrent les civilisations naquit seulement lorsque l'homme réussit à distinguer la vérité de la certitude.
L'esprit nouveau se révèle surtout comme un état de mécontentement général accompagné d'un besoin de changements.
Il faut beaucoup d'années à un peuple pour acquérir un équilibre durable et peu de temps pour le perdre.
Nous sommes maîtres de notre vie intellectuelle, non de notre vie affective. Sympathie et antipathie se refrènent mais ne se commandent pas.
Une croyance politique n'est, souvent, qu'un acte de foi dépourvu de support rationnel. Elle a pour origine le mécontentement chez les illettrés, l'envie et l'ambition chez les hommes instruits.
La liberté n'est, le plus souvent, pour l'homme que la faculté de choisir sa servitude.
Les idées n'étant accessibles aux foules qu'après avoir revêtu une forme très simple, doivent, pour devenir populaires, subir souvent les plus complètes transformations. C'est surtout quand il s'agit d'idées philosophiques ou scientifiques un peu élevées, qu'on peut constater la profondeur des modifications qui leur sont nécessaires pour descendre de couche en couche jusqu'au niveau des foules.
Les causes sont les logarithmes des effets.
L'homme, confiné par la nature dans l'éphémère, rêve d'éternité. En élevant des temples et des statues, il se donne l'illusion de créer des choses que le temps n'altèrera pas.
Le grand talent des historiens doués de prestige est de rendre vraisemblables les invraisemblances de l'histoire.
Une des graves difficultés de la politique est l'obligation de gouverner avec des idées tenues pour vraies par les multitudes alors que ces idées sont erronées.
L'homme d'Etat qui ne sait pas orienter les événements est bientôt submergé par eux.
Les lois sociales, qui représentent des contraintes artificielles, restent bientôt sans force. Les lois économiques résultant de nécessités naturelles s'imposent au contraire toujours, malgré les efforts tentés pour les violer.
Gouverner c'est pactiser, pactiser n'est pas céder.
L'enfant venant à la lumière est déjà très vieux, puisqu'il représente la synthèse d'un immense passé. Son âme individuelle se trouve constituée par une accumulation de résidus d'âmes ancestrales.
Les gouvernements périssent beaucoup plus par leurs fautes que par les attaques de leurs ennemis.
Savoir sans vouloir ne crée pas de pouvoir.
L'amitié est plus souvent une porte de sortie qu'une porte d'entrée de l'amour.
Alors que la solidarité des peuples devrait être la loi des temps modernes, une haine intense plane sur l'univers. Haine entre nations, entre classes diverses d'une même nation, haine entre partis politiques de chaque classe.
La valeur pratique d'une vérité se mesure au degré de croyance qu'elle inspire.
Les volontés précaires se traduisent par des discours, les volontés fortes par des actes.
Une société est un équilibre de forces contraires qu'il faut toujours maintenir. Le jour où l'équilibre est rompu, l'anarchie commence.
On n'est pas toujours digne de l'amour qu'on provoque, on l'est généralement des amitiés qu'on inspire.
On peut séparer la religion de la morale, mais la morale et la politique sont inséparables.
Beaucoup d'hommes ont raison d'affirmer l'invariabilité de leurs opinions, mais tort de s'en vanter. C'est montrer qu'ils n'ont rien appris depuis le jour où elles se sont formées. Une preuve aussi évidente d'ignorance ou d'imbécilité ne s'affiche pas.
L'amour craint le doute, cependant il grandit par le doute et périt souvent de la certitude.
Les divergenges intellectuelles se supportent et une raison faible s'incline facilement devant une raison forte. Les divergences sentimentales, au contraire, ne se tolèrent pas. La violence seule les fait céder.
Pour agir sur les êtres qui nous entourent, la connaissance de leurs défauts est parfois plus utile que celle de leurs qualités.
L'homme ne possède que deux certitudes absolues : le plaisir et la douleur. Elles orientent toute sa vie individuelle et sociale.
Un gouvernement faible a pour terminaison nécessaire un gouvernement anarchique, auquel succède bientôt un gouvernement despotique.
Un gouvernement n'est pas le créateur d'une époque, mais sa création.
Un gouvernement qui pactise sans cesse avec l'émeute périt par l'émeute.
Les foules ne respectent que les gouvernements forts. Le mépris du faible a toujours été leur loi.
Il y a bien des choses merveilleuses en ce monde mais nulle n'est plus merveilleuse que l'homme.