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Une volonté forte est beaucoup plus utile dans la vie qu'une instruction forte superposée à une volonté faible.
Gustave Le Bon
L'individu en foule acquiert, par le fait seul du nombre, un sentiment de puissance invincible qui lui permet de céder à des instincts que, seul, il eût forcément refrénés. Il sera d'autant moins porté à les refréner que, la foule étant anonyme, et par conséquent irresponsable, le sentiment de la responsabilité, qui retient toujours les individus, disparaît entièrement.
La vieillesse représente souvent une forme peu atténuée de la servitude.
Les grands courants sociaux ne se remontant pas, la sagesse consiste à tâcher de les dévier lentement.
Une armée qui n'est plus le soutien d'une société en devient vite le danger.
On rencontre beaucoup d'hommes parlant de libertés, mais on en voit très peu dont la vie n'ait pas été principalement consacrée à se forger des chaînes.
En matière de sentiment, l'illusion crée vite la certitude.
La valeur de l'homme ne se mesure pas au niveau de son instruction, mais à celui de son caractère.
La nourriture intellectuelle donnée par l'instruction est comparable à la nourriture matérielle. Ce n'est pas ce qu'on mange qui nourrit, mais seulement ce qu'on digère.
S'ignorer vaut mieux parfois que se connaître.
La compétence sans autorité est aussi impuissante que l'autorité sans compétence.
Dans les assemblées politiques, le prestige du verbe domine généralement la compétence.
On ne gouverne pas à coups de lois et de décrets. La loi doit se borner à codifier et à entériner les coutumes et les moeurs. La coutume résulte des nécessités sociales, industrielles et économiques. La jurisprudence les fixe. La loi la sanctionne.
Quand la haine remplace chez l'inférieur le respect du supérieur, une révolution est proche.
L'aptitude à réfléchir implique toujours l'aptitude à l'attention. Capacité d'attention faible comporte faculté de réflexion médiocre.
Une course trop rapide au bonheur n'est souvent qu'une course au malheur.
L'humanitarisme et la peur constituent les plus puissants facteurs de dissociation des peuples. Ces sentiments sont sans excuse pour qui prétend gouverner.
Un pays est voué aux révolutions dès que les partis ayant intérêt à défendre l'ordre établi deviennent moins énergiques que ceux qui aspirent à le détruire.
On domine plus facilement les peuples en excitant leurs passions qu'en s'occupant de leurs intérêts.
Il est aussi difficile de vivre avec les hommes ne changeant jamais d'idées qu'avec ceux qui en changent constamment.
Le vice aussi bien que la vertu se propage par contagion mentale.
Les gouvernants doivent savoir discerner les sentiments qui font mouvoir les hommes, sans se préoccuper beaucoup des influences rationnelles qui devraient les faire agir.
L'amour devenu clairvoyant est bien près de finir.
Vivre c'est changer. Le changement est l'âme des choses.
Tout être porte en lui des possibilités latentes de caractère léguées par ses divers aïeux, que les événements font surgir.
Une des sources les plus fréquentes d'erreur est de prétendre expliquer avec la raison des actes dictés par des influences affectives ou mystiques.
L'injustice dont on profite devient vite de la justice.
Déguiser sous des mots bien choisis les théories les plus absurdes, suffit souvent à les faire accepter.
L'hypothèse est une croyance souvent prise pour une connaissance.
Il faut parfois longtemps pour qu'une vérité démontrée devienne une vérité acceptée.
La puissance et le charme de l'espérance est de contenir toutes les possibilités de plaisir. - Elle constitue une sorte de baguette magique transformant toute chose. Les réformateurs ne firent jamais que substituer une espérance à une autre.
Les oeuvres importantes résultent plus rarement d'un grand effort que d'une accumulation de petits efforts.
Les événements seraient interprétés de façon bien différente si, pour les juger, l'esprit et le coeur utilisaient la même mesure.
Les gouvernants doivent savoir ce qu'ils veulent et ce qu'ils peuvent, mais aussi ce que veulent et peuvent leurs adversaires.
Si la publicité des journaux constitue un moyen de persuasion très efficace, c'est que peu d'esprits se trouvent assez forts pour résister au pouvoir de la répétition. Chez la plupart des hommes elle crée bientôt la certitude.
On ne gouverne pas un peuple, en tenant seulement compte de ses besoins matériels, mais surtout de ses rêves.
Nos actes ne sont éphémères qu'en apparence. Leurs répercussions se prolongent parfois pendant des siècles. La vie du présent tisse celle de l'avenir.
L'homme supérieur sait utiliser la fatalité, comme le marin utilise le vent, quelle que soit sa direction.
Une civilisation avancée contient des résidus de toutes les étapes successivement franchies. L'homme des cavernes et les barbares du temps d'Attila y ont des représentants.
Le matérialisme a prétendu se substituer aux religions, mais aujourd'hui la matière est devenue aussi mystérieuse que les dieux qu'elle devait remplacer.
On ne discute pas plus avec les croyances des foules qu'avec les cyclones.
Depuis les origines de l'histoire, les relations entre peuples faibles et peuples forts furent exactement celles du gibier avec le chasseur.
La grande force des décisions collectives réside dans le pouvoir mystique que le nombre exerce sur l'âme des multitudes. C'est pour cette raison que les chefs d'Etat sont obligés de paraître s'appuyer sur l'opinion populaire.
Le présent résultant du passé qui l'a précédé, on peut dire que le présent se compose surtout de passé.
L'impossibilité de découvrir la nature intime de la vie de la matière et de la force montre que l'esprit humain reste encore confiné dans la connaissance des effets sans pouvoir remonter à leurs causes.
Le fondement principal de la grandeur d'un peuple ne réside ni dans le chiffre de ses habitants, ni dans l'étendue de son territoire, ni dans le nombre de ses canons, mais dans la force de son caractère.
La raison sert beaucoup plus à justifier la conduite qu'à la diriger.
La civilisation crée forcément plus d'entraves à la liberté que l'état sauvage, mais il faut supporter ces entraves pour s'élever de la barbarie à la civilisation.
Les révolutionnaires russes ont oublié de méditer ce mot de Napoléon : L'anarchie ramène toujours au pouvoir absolu.
Le plaisir étant éphémère, et le désir durable, les hommes sont plus facilement menés par le désir que par le plaisir.