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Le monde moderne se croyait soustrait à l'influence des forces mystiques. Jamais pourtant l'humanité n'y fut plus asservie. Ce sont elles qui mirent l'Europe en feu.
Gustave Le Bon
La richesse d'un pays ne réside pas dans des billets sans garantie qu'il peut émettre à volonté, mais dans son industrie et son agriculture.
Les causes de certains événements historiques, les origines de la grande guerre notamment, demeurent incompréhensibles quand on ignore les différences qui séparent la volonté consciente de la volonté inconsciente.
Les principes directeurs capables de guider un peuple n'ont pas besoin d'être nombreux, il suffit qu'ils soient forts et universellement respectés.
La force a toujours gouverné le monde, mais ce ne furent pas les mêmes forces qui prédominèrent aux divers âges de l'histoire. Les forces économiques tendent à devenir aussi souveraines du monde actuel que les forces religieuses le furent jadis.
Le droit sans force est comparable aux décors de forteresses peints sur les toiles d'un théâtre. Incapables de résister au moindre choc, ils ne conservent leur aspect redoutable que si l'on n'y touche pas.
Nous avons été semer la guerre et la discorde chez ces nations lointaines, et troubler leur repos séculaire. C'est à leur tour maintenant de troubler le nôtre.
La plupart des hommes sont incapables de se former une opinion personnelle mais le groupe social auquel ils appartiennent leur en fournit de toutes faites.
En détruisant les plantes, en déboisant les forêts, nous réduisons fatalement la quantité de vie dont pourront disposer les animaux peuplant la surface du globe.
L'arsenal psychologique contient des armes qui, bien maniées, peuvent dépasser le pouvoir des canons. Ce maniement, que n'enseignent pas les livres, exige une longue expérience.
L'unanimité de nombreux témoins est une des plus mauvaises preuves que l'on puisse invoquer pour établir un fait.
La mentalité grégaire des foules permettra toujours aux meneurs d'imposer une doctrine quelconque. Les plus absurdes croyances ne manquèrent jamais d'adeptes.
L'avenir étant toujours chargé de passé pour prévoir, c'est-à-dire voir en avant, il faut d'abord regarder en arrière.
On ne peut rien attendre des hommes politiques pour lesquels le monde est un miroir reflétant seulement leurs désirs, leurs rêves et leurs craintes.
La force du caractère, et non l'instruction, donne à l'homme une armature intérieure résistante. Privé de cette armature, il devient le jouet de toutes les circonstances.
Une des vérités les mieux démontrées par les faits est qu'un pays ne gagne rien à vouloir s'annexer des territoires étrangers contre la volonté des peuples.
L'amitié représente un sentiment faible, mais durable ; l'amour, un sentiment fort, mais peu durable. L'envie, dont le rôle social devient si prépondérant, constitue un des rares sentiments possédant à la fois force et durée.
La vertu ne reposant que sur la crainte de l'enfer et l'espoir du Paradis, est entièrement dépourvue de mérite.
La morale s'apprend seulement par la pratique. Elle fait partie, comme les arts, de ces connaissances que ne sauraient enseigner les livres.
On ne gagne pas beaucoup à trop réfléchir sur la destinée. La vraie philosophie consiste peut-être à traverser la vie avec la sérénité tranquille de l'animal broutant l'herbe du sentier qui le mène à l'abattoir.
En politique internationale, les coups d'épingle répétés finissent par engendrer des coups de canon.
Le véritable capital, c'est l'intelligence. Et de ce capital, on ne peut en dépouiller personne.
L'absence de clairvoyance et l'irrésolution constituent les plus habituels défauts des hommes politiques. Ne sachant pas diriger les événements, ils se laissent dominer par eux, et subissent tous les hasards.
Beaucoup d'effets visibles restent incompréhensibles parce qu'ils constituent l'extériorisation de causes invisibles, inaccessibles.
Incalculables sont les personnes n'ayant jamais eu d'autres opinions que celles de leur journal.
Le caractère et l'intelligence étant rarement réunis, il faut se résigner à choisir ses amis pour leur caractère et ses relations pour leur intelligence.
La chance n'est pas, comme le disaient les anciens à propos de la fortune, une déesse aveugle. Elle accorde volontiers à l'optimiste les faveurs refusées au pessimiste.
En politique, une vérité indiscutée n'est souvent qu'une erreur suffisamment répétée.
En imposant à tous les élèves une instruction identique, on obtient un minimum de rendement avec un maximum d'effort.
Si la jalousie, l'envie et la haine pouvaient être éliminées de l'univers, le socialisme disparaîtrait le même jour.
Pas de progrès sans concurrence, et par conséquent sans luttes industrielles.
Parmi les milliers d'hommes aspirant à établir le règne du droit et de la justice, combien en est-il capables de définir le droit et de comprendre la justice ?
Une vérité trop claire cesse bientôt d'être une vérité féconde.
Dans les foules, c'est la bêtise et non l'esprit, qui s'accumule.
La leçon des faits n'instruit pas l'homme prisonnier d'une croyance ou d'une formule.
On ne rencontre guère d'exemple dans l'histoire de révolutions n'ayant pas finalement engendré des résultats absolument contraires à ceux que poursuivaient leurs auteurs.
La vérité, pour la grande majorité des hommes, étant ce qu'ils croient, c'est surtout avec leurs croyances qu'on doit gouverner les peuples.
La morale servant de guide dans la vie a de tout autres sources que celle enseignée par les livres.
Le premier acte de la guerre mondiale, la lutte militaire, est aujourd'hui terminé. Le second acte, la guerre économique, commence. Le troisième acte, lutte de la race jaune contre la race blanche pour l'hégémonie de l'asie, semble prochain.
D'après tous les enseignements de l'histoire des révolutions, l'extrémisme en politique a comme terminaison nécessaire soit la destruction de la civilisation où il sévit, soit l'anarchie et la dictature.
Le nombre des soldats victimes de la grande guerre est connu. Celui des idées et des croyances détruites par elle reste encore ignoré.
La peur du jugement des autres est un des plus sûrs soutiens de la morale.
Un gouvernement révolutionnaire ne subsiste qu'à la condition de tomber sous le despotisme de quelques meneurs.
En politique et en religion, le rêve des convaincus fut toujours de pouvoir massacrer sans pitié les hommes qui ne pensent pas comme eux.
Nos vertus resteraient parfois bien incertaines si, à défaut de l'espoir d'une récompense, elles n'avaient la vanité pour soutien.
Se nourrir, se reproduire et s'entre-détruire, furent les principales occupations des peuples depuis les origines de l'histoire. Rien n'indique encore que leur existence puisse être différemment orientée.
Le véritable historien est celui qui, comprenant le passé, renonce à le juger avec les idées du présent.
Jean de Saulx, vicomte de Chavanne, disait déjà sous Charles IX que la France, invincible quand elle reste unie, est le pays où l'on sait toujours pourvoir aux affaires alors qu'elles semblent désespérées.
Le pauvre diable, qui poussé par la faim, vous prend votre montre au coin du bois, n'est-il pas infiniment moins coupable que ces forbans de la finance ?
Évanouissement de la personnalité consciente, prédominance de la personnalité inconsciente, orientation par voie de suggestion et de contagion des sentiments et des idées dans un même sens, tendance à transformer immédiatement en actes les idées suggérées, tels sont les principaux caractères de l'individu en foule. Il n'est plus lui-même, il est devenu un automate que sa volonté ne guide plus