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Ne se sentir heureux que par comparaison, c'est se condamner à n'être jamais vraiment heureux, car il faut toujours se démener pour rejoindre ou pour dépasser quelqu'un.
Gustave Thibon
Chaque journée, chaque année est comme un jardin dont la culture nous est confiée : ne pouvant en élargir la surface, notre tâche est de choisir les bonnes semences et de sarcler les herbes parasites.
On n'échappe pas à l'obéissance à Dieu que pour choir dans la servitude.
Il faut se méfier des penseurs qui ont réponse à tout. Le souci d'être irréfutable éloigne de la vérité.
Le péché contre l'Esprit réside dans l'abus et la prostitution de la lumière.
Parenté entre la débauche et l'ascétisme : l'esprit, dans les deux cas, s'épuise en performances charnelles.
La souffrance est rédemptrice, elle ne détruit pas l'homme, mais le conduit à sa perfection. Tout ce qui en toi refuse de mourir est indigne de vivre.
L'étoile divine est intérieure et invisible ; elle éclaire l'âme du voyageur et non le chemin où il marche ; elle nous donne assez de foi pour aller au-delà de tout, mais elle ne dispense de rien.
N'oublions pas que ce n'est pas le nombre et la longueur de ses branches, mais la profondeur et la santé de ses racines qui font la vigueur d'un arbre.
L'âme, à la différence du corps, se nourrit de sa faim.
L'étoile se donne aux regards, non aux ailes. Et quand l'oeil est pur, quel que soit l'objet qu'il regarde, il voit Dieu.
Il est difficile de ne pas idéaliser le passé quand l'être aimé est mort. Il est encore plus difficile de ne pas calomnier le passé quand l'être aimé a trahi.
Mal savoir ne vaut pas mieux que tout ignorer...
Il est amer d'être seul. Mais il est plus amer encore quand on est deux, de ne pas faire qu'un seul. La pire des solitudes gît dans la communion ratée.
La difficulté de trouver l'aliment grandit en fonction de la pureté de la faim.
Et les hommes ne demandent qu'à croire - à condition qu'on leur mente. Ils croient celui qui affirme et non celui qui sait. Car, précisément, celui qui sait n'ose rien affirmer...
Il faut que l'arbre soit à demi arraché pour que ses racines - plongées habituellement dans la nuit - deviennent conscientes et sensibles.
L'amour commence par l'éblouissement d'une âme qui n'attendait rien et se clôt sur la déception d'un moi qui exige tout.
Sois dissimulé, tu paraîtras mystérieux, et ton prestige croîtra en fonction de ta réserve, car les hommes imaginent des merveilles derrière toutes les portes fermées. Tout vide voilé leur fait l'effet d'un trésor caché.
Il ne prie pas vraiment, celui qui demande à la prière ce que les athées attendent de l'action.
L'homme ne sait pas ce qu'il veut, mais il sait très bien qu'il ne veut pas ce qu'il a.
La pléthore de l'avoir a pour rançon l'anémie de l'être.
A droite, on dort A gauche, on rêve.
Les saints sont ceux qui vivent, éveillés, la beauté et l'amour que les autres n'entrevoient qu'en songe...
D'un être aimé nous disons : je le porte dans mon coeur. Ainsi il ne pèse pas. Mais de celui que nous n'aimons pas et dont la présence nous pèse, nous disons : je l'ai sur le dos.
Tu es plus que ma vie, tu es ce qui la fait déborder au-delà d'elle-même. Toi par qui j'ai honte de n'être que moi...
C'est toujours un grand mal que de juger dépassé ce qui est irremplaçable.
La vérité en amour c'est le mensonge qu'on attend et dont on a désespérément besoin. Quelque chose d'analogue aux boniments du médecin devant la maladie incurable.
Faire d'un homme un automate, c'est accomplir ce qui ne devrait jamais être. La pire menace du néant ne vient pas du côté de la mort.
Présente, tu tiens dans tes limites, tu n'es que toi-même et le reste de l'univers me distrait de toi. Absente, tu es partout comme Dieu ; rien ne te contient et tout t'évoque. Cela m'aide à comprendre l'absence omniprésente de Dieu.
Etre dans le vent : une ambition de feuille morte...
Nous voyons poindre l'aurore douteuse et bâtarde d'une civilisation où le souci stérilisant d'échapper à la mort conduira les hommes à l'oubli de la vie.
Il n'est pas de plus folle et de plus vorace idole que la déesse Raison.
Il vaut mieux ne pas voir que de voir sans aimer.
Il faut beaucoup de bon sens pour discerner les circonstances où il convient de le perdre.
Constater une analogie n'est pas établir une identité. Saint Paul serait-il matérialiste quand il parle du Corpus Christi mysticum ? En d'autres termes, je voudrais que l'esprit humain fût relié à l'univers spirituel des essences et des raisons.
Il faut que chaque génération croie voguer sur une terre vierge aux promesses fabuleuses. Qui donc aurait le courage d'appareiller s'il voyait sur la mer les traces du naufrage des vaisseaux qui l'ont précédé ?
Il faut avoir pour règle de vie de penser et d'agir comme si ce qui est le plus beau était aussi le plus vrai.
L'esprit philosophique consiste à préférer aux mensonges qui font vivre les vérités qui font mourir.
Les nations ont besoin de héros et de saints comme la pâte a besoin de levain.
Tout bonheur qui n'enfante pas un devoir amoindrit ou corrompt.
J'ai peur que nous ne marchions vers une espèce de paradis à ras de terre où, nos pieds ne rencontrant plus d'obstacles, nos ailes n'auront plus d'emploi.
La fameuse loi d'Auguste Comte - à savoir que l'énergie des mobiles est inversement proportionnelle à leur qualité - ...
Dans l'ordre économique, les affamés cherchent la nourriture ; dans l'ordre spirituel, c'est la nourriture, étalée à profusion, qui s'offre en vain aux affamés.
On revient toujours à la grande parole de Chesterton, si tragiquement vérifiée dans le monde réel : Otez le surnaturel, il ne reste plus que ce qui n'est pas naturel.
Toute connaissance profonde est aussi un privilège. Et tout privilège est par essence difficilement communicable : on ne peut le conférer efficacement qu'à ceux qui sont nés et mûrs pour le posséder.
Tu travailles sans cesse à couper l'arbre de tes mauvaises passions. Sois circonspect avant de couper la plante que tu n'as pas la force d'arracher.
La foi consiste à ne jamais renier dans les ténèbres ce qu'on a entrevu dans la lumière.
La naissance est à la mort ce qu'est la promesse des fiançailles à la nuit de noce : c'est la mort qui consomme (dans les deux sens du mot : parfaire et détruire) le mariage entre l'âme et le temps.
Rien n'est plus vide qu'une âme encombrée.