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D'un côté le temps de la jeunesse, d'un autre les jardins fleuris. Les roses semblent donner cette bonne nouvelle au rossignol mélodieux.
Hafez
Celui à qui l'amour a donné la vie ne mourra jamais. C'est pourquoi l'éternité de notre existence est inscrite sur les feuillets de l'univers.
Veux-tu jouir de la présence divine, ô Hafiz ? Ne t'absente pas un instant de celle de ta bien-aimée. Dès que tes regards la rencontrent, renonce au monde, abandonne-le pour la suivre.
Mon amour, comme le vent, quand tu passes sur ma tombe, - Dans ma fosse, de désir, je déchire mon linceul.
Le bec de la plume peigne la chevelure du langage.
N'essaie pas de retenir le vent, même s'il souffle au gré de ton désir.
A l'heure de l'adieu, en partant loin de toi, mes yeux se sont vidés tout d'un coup de lumière et je suis resté aveugle à force de pleurer.
Voici le printemps qui revient avec le charme des roses. Regarde leurs joues fraîches, et la plante amère de la tristesse sera déracinée de ton coeur.
La flamme de la séparation cruelle me consume tout entier. O vent du soir, rafraîchis-moi de ton haleine, mais que cette haleine soit embaumée de son parfum.
L'oiseau qui réunit les amants était enfin pris au filet de mon coeur, mais tu dénouas ta chevelure et il s'est envolé derechef.
Veux-tu posséder l'alchimie du bonheur ? Vis à l'écart des mauvais compagnons.
Prends la vie comme tu prends cette coupe, le sourire aux lèvres, même si ton coeur saigne. Ne gémis pas comme un luth et cache tes blessures !
Souviens-toi que le livre sacré n'est exalté par-dessus tous les livres que parce qu'il a subi lui-même l'épreuve du temps.
Et je me suis écrié : "O Fortune, le soleil est levé et tu dors encore !" Et la fortune m'a répondu : "Malgré tout, ne désespère pas !"
Viens à la joie et chante ! Rejette ton habit austère et danse ; sinon, va t'asseoir dans ton coin, caché sous des voiles hypocrites.
Le découragement est beaucoup plus douloureux que la patience.
Ta bien-aimée, Hâfiz, sur ta tombe scellée - Peut-être passera comme passe le vent : - Tu frémiras alors dans ta prison étroite, - Et tu déchireras ton suaire en lambeaux.
La rose avait la beauté de l'aimé, le rossignol l'aimait ; - Il ne pouvait n'aimer d'autre et elle ne disait mot.
Ah ! j'étendrais mon coeur ainsi qu'un tapis sous tes pas, - Mais je crains pour tes pieds les épines dont tu le perces.
Voici que, de nouveau, le vin me ravit à moi-même ! - De nouveau, le vin m'a conquis par ses caresses. - Soit béni mille fois le vin rouge qui donne à mon visage les couleurs de la joie !
Si, comme Alexandre, tu prétends à la vie éternelle, charche-la sur les lèvres roses de cette ravissante beauté.
A qui demanderai-je un souvenir de celle qui est partie ? Ce qu'a murmuré la brise, avec la brise s'est enfui.
Des amis, un flacon de vin, du loisir, un livre, un coin parmi les fleurs... Je n'échangerai pas cette joie pour un monde, présent ou à venir.
Bois, Hâfiz, et sois gai : ne fais pas comme l'hypocrite - Qui croit masquer sa ruse en citant bien haut le Koran.
Les mots d'amour ne sont point de ceux que l'on peut prononcer.
Que m'importent les tulipes et les roses, puisque par la pitié du Ciel, j'ai, pour moi seul, tout le jardin.
Donne au vent un bouquet cueilli sur ton visage en fleurs, - Et je respirerai l'odeur des sentiers que tu foules.
Tu m'avais dit : "Abandonne dans mes mains ta vie et tu auras la paix." J'ai donné ma vie sans regret, mais la paix n'est pas venue.
Comment trouver le chemin qui mène au pays où vit ton désir ? En renonçant à tes désirs. La couronne d'excellence, c'est le renoncement.
En pleine angoisse, ne perds jamais l'espoir, car la moelle la plus exquise est dans l'os le plus dur.
Lumière de mes yeux, tu es mon regard même : - Pourtant mes yeux sont noirs des larmes de la nuit.
Mieux vaut souffrir en silence d'une passion cachée que de se confier à un compagnon. Il est de tels secrets qu'on ne dépose pas en des coeurs pleins de malice.
Puisqu'aujourd'hui, Seigneur, je suis en ton pouvoir, aie pitié de moi. Demain, quand je ne serai plus qu'un peu d'argile, où trouverai-je, pour t'attendrir, les larmes du pénitent ?
J'ai bien peur que les saints qu'on voit se moquer des ivrognes - N'aillent porter un jour leurs prières au cabaret.