Images
Les seuls édifices qui tiennent sont intérieurs. Les citadelles de l'esprit restent debout plus longtemps que les murailles de pierre.
Hélie de Saint Marc
La guerre m'avait déjà appris l'énigme du destin ; une fraction de seconde nous sépare de la mort. On ne crée pas sa vie : on la reçoit et on la donne.
Les paysages nous attirent dans la mesure où ils sont le miroir de notre perception intérieure.
La déportation m'a appris ce que pouvait être le sens d'une vie humaine : combattre pour sauvegarder ce filet d'esprit que nous recevons en naissant et que nous rendons en mourant.
Un homme doit garder la capacité de résister, de s'opposer, de dire non. Ensuite, il n'a pas à s'excuser. Trop d'hommes agissent selon la direction du vent. Leurs actes disjoints, morcelés, n'ont plus aucun sens.
En raisonnant à la vitesse de la lumière, nos enfants gagnent une souplesse d'esprit remarquable. Mais ils perdent en même temps le sens de l'épaisseur des choses.
L'injustice du monde doit beaucoup à l'incertitude de ces êtres flottants, qui agissent comme des bouchons de liège au gré des courants.
Lorsqu'ils meurent à vingt ans, les hommes poursuivent leur course sans changer de visage. Ils sont comme des astres morts, dont la lumière nous éclaire encore, alors que le coeur s'est éteint.
Je me répétais : Si on doit un jour ne plus comprendre comment un homme a pu donner sa vie pour quelque chose qui le dépasse, ce sera fini de tout un monde, peut-être de toute une civilisation.
Il n'y a pas d'actes isolés. Tout se tient.
La justification et la grandeur du soldat sont d'accepter de payer la guerre et une éventuelle victoire du prix fort, celui de la peur et de la mort.
Faire partie des vaincus a au moins un avantage. On n'y trouve pas ses accommodations et ces intrigants qui foisonnent dans les parages des vainqueurs, et rarement cette fièvre de paraître qui est une maladie mortelle pour l'être humain.
Il arrive toujours un moment où l'on s'aperçoit que les menteurs et les tricheurs sont largement majoritaires dans l'existence, tant la fièvre de paraître finit par tuer l'être intime.
La guerre n'a jamais de fin pour ceux qui se sont battus a écrit Malaparte. Il faut une autre forme de courage pour vivre en ses murs invisibles.
Le français ne scande pas, comme le grec ancien ni même comme le latin. Impossible d'obtenir de tels effets. Mais, si l'on y met la musique, alors nous pourrions obtenir un résultat tout à fait nouveau.
Ma mémoire est une page blanche où quelques caractères seulement, comme des clous enfoncés dans le bois, disent mes sentiments.