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Un homme bon, un homme sain, un homme raisonnable ne doit pas saluer les drapeaux.
Henri Barbusse
On ne meurt pas puisqu'on est seul ; ce sont les autres qui meurent. Et cette phrase qui se répand en tremblant à mes lèvres, à la fois sinistre et radieuse, annonce que la mort est un faux dieu.
Ne plus s'aimer, c'est pire que de se haïr, car, on a beau dire, la mort est pire que la souffrance.
Faire les cent pas sur place pour échapper à l'ankylose et au froid.
Cela explose par rafales de six, en file : pan, pan, pan, pan, pan, pan. C'est du 77.
On ne peut pas plus regarder face à face la destinée que le soleil et pourtant elle est grise.
Sur les vingt-cinq kilomètres de largeur qui forment le front de l'armée, il faut compter mille kilomètres de lignes creuses, tranchées, boyaux, sapes.
Deux armées qui se battent, c'est une grande armée qui se suicide.
L'avenir est dans les mains des esclaves, et on voit bien que le vieux monde sera changé par l'alliance que bâtiront un jour entre eux ceux dont le nombre et la misère sont infinis.
Chaque être est toute la vérité.
Si on nous enlevait tout ce qui nous fait mal, que resterait-il ?
Ce sont de simples hommes qu'on a simplifiés encore, et dont, par la force des choses, les seuls instincts primordiaux s'accentuent : instinct de la conservation, égoïsme, espoir tenace de survivre toujours, joie de manger, de boire et de dormir.
Malheur à ceux qui pensent à ce qu'ils n'ont pas. Ils ont raison, mais ils ont trop de raison, et ils sont pour là hors nature. Les simples, les faibles, les humbles passent inconscients à côté de ce qui n'est pas pour eux.
Voui, dit Tirette, mais vous d'venez empoisonnants avec vos histoires d'embusqués.
Même la vérité, ils la déforment. A la vérité éternelle, ils substituent chacun leur vérité nationale. Autant de peuples, autant de vérités, qui ne s'admettent pas l'une l'autre et faussent et tordent la vérité.
Ce serait un crime de montrer les beaux côtés de la guerre, même s'il y en avait !
Nous jouissons de cette oisiveté vague dont on éprouve la bonté quand on est vraiment las.
Les jeux des enfants sont de graves occupations. Il n'y a que les grandes personnes qui jouent.
Bonsoir, mes enfants, chevrote la vieille. De près on la voit en détail. Elle est ratatinée, pliée et repliée dans ses vieux os, et elle a la figure toute blanche d'un cadran d'horloge.
La rombière leur carre dans son buffet leur vaisselle, leurs boîtes de conserves et tout le bordel pour le bec.
La liberté et la fraternité sont des mots, tandis que l'égalité est une chose.
Où est donc Dieu ?
A l'ulcère du monde, il y a une grande cause générale. Vous l'avez nommée : c'est l'asservissement au passé, le préjugé séculaire, qui empêche de tout refaire proprement, selon la raison et la morale. L'esprit de tradition infecte l'humanité.
On se précipite sans parler, à travers le dédale du boyau extraordinairement vide.
C'est elle qui excitait c'vieux noeud contre nous : sans elle, il était plus bête que méchant, mais du coup qu'elle était là, i' d'venait plus méchant qu'bête. Alors, tu parles si ça bardait...
De tous côtés on se cogne, on frotte, on est empoigné par l'étroitesse du passage, on est arrêté, coincé.
Chacun est trop pour être seul.
Combien de crimes dont ils font fait des vertus, en les appelant nationales !
Comment être heureux dans un calme parfait et une clarté pure, abstraite comme une formule. Nous sommes faits de trop de besoins et d'un coeur trop déréglé. Si on nous enlevait tout ce qui nous fait mal, que resterait-il ?
Faut tuer la guerre dans le ventre de tous les pays.
Il est fou et loufoque, déclare Marthereau, qui a coutume de renforcer l'expression de sa pensée par l'emploi simultané de deux synonymes.
Nous ne sommes pas libres, nous sommes attachés au passé. Nous écoutons ce qui a été fait toujours, nous le refaisons et c'est la guerre et l'injustice.
Alors quoi ! fait Pépin, toujours mauvaise tête, j'm'en ressens pas pour encore becter des clarinettes ; j'vais ouvrir une boîte de singe en moins de deux.
Le réel et le surnaturel, c'est la même chose.