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Nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage.
Henri Bergson
Le dieu est une personne. Il a ses qualités, ses défauts, son caractère. Il porte un nom. Il entretient des relations définies avec d'autres dieux. Il exerce des fonctions importantes, et surtout il est seul à les exercer.
Plus un art est contestable, plus ceux qui s'y livrent tendent à se croire investis d'un sacerdoce et à exiger qu'on s'incline devant ses mystères.
On trouve des sociétés qui n'ont ni science, ni art, ni philosophie. Mais il n'y a jamais eu de sociétés sans religion.
Combien de plaisirs présents se réduiraient pourtant, si nous les examinions de près, à n'être que des souvenirs de plaisirs passés !
L'intelligence dans ce qu'elle a d'inné est la connaissance d'une forme, l'instinct implique celle d'une matière.
La route que nous parcourons dans le temps est jonché des débris de tout ce que nous commencions d'être, de tout ce que nous aurions pu devenir.
La conscience est un trait d'union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l'avenir.
Il est faux de réduire la matière à la représentation que nous en avons, faux aussi d'en faire une chose qui produirait en nous des représentations mais qui serait d'une autre nature qu'elles.
La perception dispose de l'espace dans l'exacte proportion où l'action dispose du temps.
La conscience éclaire donc de sa lueur, à tout moment, cette partie immédiate du passé, qui, penchée sur l'avenir, travaille à le réaliser et à se l'adjoindre.
La spéculation est un luxe, tandis que l'action est une nécessité.
La vie exige que nous appréhendions les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins.
Dès que notre attention se portera sur le geste et non pas sur l'acte, nous serons dans la comédie.
Il n'y a pas de loi historique inéluctable.
Le rôle de la vie est d'introduire de l'indétermination dans la matière.
L'art vise à imprimer en nous des sentiments plutôt qu'à les exprimer.
La matière est dans l'espace, l'esprit est hors de l'espace ; il n'y a pas de transition possible entre eux.
Vivre consiste à agir. Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées : les autres impressions doivent s'obscurcir ou ne nous arriver que confusément.
La sincérité est communicative.
Au lieu de manier ses idées comme des symboles indifférents, l'homme d'esprit les voit, les entend, et surtout les fait dialoguer entre elles comme des personnes. Il les met en scène, et lui-même, un peu, se met en scène aussi.
... la fonction essentielle de l'univers, qui est une machine à faire des dieux.
Toute action est un empiétement sur l'avenir.
La vie sociale nous apparaît comme un système d'habitudes plus ou moins fortement enracinées qui répondent aux besoins de la communauté.
L'humanité entière, dans l'espace et dans le temps, est une immense armée qui galope à côté de chacun de nous, en avant et en arrière de nous...
Le mot, qui ne note de la chose que sa fonction la plus commune et son aspect banal, s'insinue entre elle et nous, et en masquerait la forme à nos yeux si cette forme ne se dissimulait déjà derrière les besoins qui ont créé le mot lui-même.
Nous ne percevons, pratiquement, que par le passé, le présent pur étant l'insaisissable progrès du passé rongeant l'avenir.
La comédie est bien plus près de la vie réelle que le drame.
Une expression comique du visage est celle qui ne promet rien de plus que ce qu'elle donne. C'est une grimace unique et définitive.
Le sex-appeal est la clef de voûte de notre civilisation.
Le mécanisme de notre connaissance usuelle est de nature cinématographique.
L'idée est un arrêt de la pensée.
Notre représentation de la matière est la mesure de notre action possible sur les corps ; elle résulte de l'élimination de ce qui n'intéresse pas nos besoins et plus généralement nos fonctions.
L'humanité gémit, à demi écrasée sous le poids des progrès qu'elle a faits. Elle ne sait pas assez que son avenir dépend d'elle.
Assistez à la vie en spectateur indifférent ; bien des drames tourneront à la comédie.
Notre intelligence, telle qu'elle sort des mains de la nature, a pour objet principal le solide inorganisé.
Si les sons musicaux agissent plus puissamment en nous que ceux de la nature, c'est que la nature se borne à exprimer des sentiments, au lieu que la musique nous les suggère.
Il n'y a absence que pour un être capable de souvenir et d'attente.
Les raisonnements dont nous rions sont ceux que nous savons faux, mais que nous pourrions tenir pour vrais si nous les entendions en rêve. Ils contrefont le raisonnement vrai tout juste assez pour tromper un esprit qui s'endort.
Le cerveau ne détermine pas la pensée, comme le cadre ne détermine pas le tableau.
Ce que j'appelle "mon présent", empiète tout à la fois sur mon passé et sur mon avenir.
Le pur intérêt personnel est devenu à peu près indéfinissable, tant il y entre d'intérêt général, tant il est difficile de les isoler l'un de l'autre.
Notre esprit a une irrésistible tendance à considérer comme plus claire l'idée qui lui sert le plus souvent.
Vivre pour l'esprit, c'est essentiellement se concentrer sur l'acte à accomplir.
L'idée de l'avenir est plus féconde que l'avenir lui-même.
Là où la matière réussit à épaissir extérieurement la vie de l'âme, à en figer le mouvement, à en contrarier enfin la grâce, elle obtient du corps un effet comique.
Agir librement, c'est reprendre possession de soi, c'est se replacer dans la pure durée.
Imaginer n'est pas se souvenir.
C'est du présent que part l'appel auquel le souvenir répond, et c'est aux éléments sensori-moteurs de l'action présente que le souvenir emprunte la chaleur qui donne la vie.
Demandons-nous donc, mes amis, en quoi consiste la politesse vraie : s'apprend-elle comme une leçon ou bien, chez un esprit nourri aux fortes études, ne viendrait-elle pas d'elle-même, se surajouter à tout le reste, comme le parfum à la fleur éclose ?