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Il y aurait ici une importante distinction à faire entre le spirituel et le comique. Peut-être trouverait-on qu'un mot est dit comique quand il nous fait rire de celui qui le prononce, et spirituel quand il nous fait rire d'un tiers ou rire de nous.
Henri Bergson
L'avenir est là ; il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui : cette traction ininterrompue, qui nous fait avancer sur la route du temps, est cause aussi que nous agissons continuellement.
Le corps, toujours orienté vers l'action, a pour fonction essentielle de limiter, en vue de l'action, la vie de l'esprit.
L'art du caricaturiste est de saisir ce mouvement parfois imperceptible, et de le rendre visible à tous les yeux en l'agrandissant.
C'est ainsi que des vagues luttent sans trêve à la surface de la mer, tandis que les couches inférieures observent une paix profonde.
Pour un être conscient, exister consiste à changer, changer à se mûrir, se mûrir à se créer indéfiniment soi-même.
Partout où quelque chose vit, il y a, ouvert quelque part, un registre où le temps s'inscrit.
Nous tendons instinctivement à solidifier nos impressions, pour les exprimer par le langage.
L'esprit qui s'obstine finira par plier les choses à son idée, au lieu de régler sa pensée sur les choses.
Si l'on envisage dans l'instinct et l'intelligence ce qu'ils renferment de connaissance innée porte dans le premier cas sur des choses et dans le second sur des rapports...
L'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication.
Tout progrès effectif, dans le domaine de la connaissance comme dans celui de l'action, a exigé l'effort persévérant d'un ou de plusieurs hommes supérieurs.
Avant de spéculer, il faut vivre, et la vie exige que nous tirions parti de la matière, soit avec nos organes, qui sont des outils naturels, soit avec les outils proprement dits, qui sont des organes artificiels.
La mémoire a donc bien ses degrés successifs et distincts de tension ou de vitalité, malaisés à définir, sans doute, mais que le peintre de l'âme ne peut pas brouiller entre eux impunément.
Certaines ont défini l'homme comme "un animal qui rit". Ils pourraient aussi le définir justement comme un animal dont on rit.
Le jeu de mots trahit donc une distraction momentanée du langage.
Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d'action.
On ne goûterait pas le comique si l'on se sentait isolé. Il semble que le rire ait besoin d'un écho.
Spinoza disait que les modes de la pensée et les modes de l'étendue se correspondent, mais sans jamais s'influencer : ils développeraient, dans deux langues différentes, la même éternelle vérité.
Le hasard est donc le mécanisme se comportant comme s'il avait une intention.
Le temps est une invention, ou il n'est rien du tout.
Le passé tend à reconquérir son influence perdue en s'actualisant.
L'art n'a d'autre objet que d'écarter les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionellement et socialement acceptées, enfin tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à face avec la réalité même.
Il n'y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain.
Rien n'est moins que le moment présent, si vous entendez par là cette limite indivisible qui sépare le passé de l'avenir.
Pour celui qui contemple l'univers avec des yeux d'artiste, c'est la grâce qui se lit à travers la beauté, et c'est la bonté qui transparaît sous la grâce.
Il faut bien reconnaître, à l'honneur de l'humanité, que l'idéal social et l'idéal moral ne diffèrent pas essentiellement.
L'origine de la guerre est la propriété, individuelle ou collective, et comme l'humanité est prédestinée à la propriété par sa structure, la guerre est inévitable.
Notre durée est irréversible. Nous ne saurions en revivre une parcelle, car il faudrait commencer par effacer le souvenir de tout ce qui a suivi.
Ainsi, jusque dans notre propre individu, l'individualité nous échappe. Nous vivons dans une zone mitoyenne entre les choses et nous, extérieurement aux choses, extérieurement aussi à nous-mêmes.
Cette électrisation de l'âme qui est la passion.
L'Homme devrait mettre autant d'ardeur à simplifier sa vie qu'il en met à la compliquer.
Le comique exige donc ... quelque chose comme une anesthésie momentanée du coeur. Il s'adresse à l'intelligence pure.
La cohésion sociale est due en grande partie à la nécessité pour une société de se défendre contre d'autres.
Toujours un peu humiliant pour celui qui en est l'objet, le rire est véritablement une espèce de brimade sociale.
Pour répéter, pour imiter, pour se fier, il suffit de se laisser aller ; c'est la critique qui exige un effort.
Ou la métaphysique n'est que ce jeu d'idées, ou bien, si c'est une occupation sérieuse de l'esprit, il faut qu'elle transcende les concepts pour arriver à l'intuition.
L'art du caricaturiste qui a quelque chose de diabolique, relève le démon qu'avait terrassé l'ange.
La morale de l'Evangile est essentiellement celle de l'âme ouverte.
L'invention, c'est le progrès d'une pensée qui change au fur et à mesure qu'elle prend corps. C'est un processus vital, quelque chose comme la maturation d'une idée.
Originellement nous ne pensons que pour agir. C'est dans le moule de l'action que notre intelligence a été coulée. La spéculation est un luxe, tandis que l'action est une nécessité.
Toutes les opérations de notre intelligence tendent à la géométrie, comme au terme où elles trouvent leur parfait achèvement.
La conscience nous apparaît comme une force qui s'inscrirait dans la matière pour s'emparer d'elle et la tourner à son profit.
Le rire châtie certains défauts à peu près comme la maladie châtie certains excès, frappant des innocents, épargnant des coupables.
Que sommes-nous, en effet, qu'est ce que notre caractère, sinon la condensation de l'histoire que nous avons vécue depuis notre naissance.
Là où il y a division du travail, il y a association et il y a aussi convergence d'effort.
Toutes nos analyses nous montrent dans la vie un effort pour remonter la pente que la matière descend.
L'avenir de l'humanité reste indéterminé, parce qu'il dépend d'elle.
Les attitudes, gestes et mouvements du corps humain sont risibles dans l'exacte mesure où ce corps nous fait penser à une simple mécanique.
Remarquons que le mécanisme le plus radical est celui qui fait de la conscience un épiphénomène, capable de venir s'ajouter, dans des circonstances données, à certains mouvements moléculaires.